La littérature d’idées aux XVIe et XVIIe siècles

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À la fin du Moyen Âge, l’humanisme voit s’épanouir une littérature d’idées en prise avec son époque. Au XVIIe siècle, l’instauration de l’absolutisme, sous le règne de Louis XIV, accompagne la fondation de nouvelles normes morales et littéraires incarnées par le classicisme.

I. L’humanisme : l’homme au cœur de la littérature d’idées

1) Montaigne : l’invention de l’essai

Les Essais de Montaigne paraissent entre 1580 et 1595. Cette œuvre hybride, mêlant autobiographie et réflexions diverses, et composée de trois livres grossis au fil des ans par des ajouts successifs, fait entendre une voix singulière : celle d’un moi qui se prend comme matière de ses écrits, celle d’une conscience qui s’étudie elle-même, celle d’un humaniste qui voit en chaque individu un représentant de « l’humaine condition ».

L’essayiste met à l’épreuve ses jugements loin de toute certitude. C’est qu’en effet l’optimisme confiant des débuts de l’humanisme, mis à mal par la conquête coloniale et les conflits religieux, a laissé place chez lui au scepticisme.

2) Rabelais : la pensée humaniste en acte

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L’humanisme est un mouvement culturel qui s’épanouit au XVIe siècle et fait de l’homme le centre de ses réflexions.

Gargantua et Pantagruel de Rabelais mettent en scène la vie de deux géants. L’accent est mis sur leur formation, occasion pour le romancier de livrer un exposé aussi comique que polémique sur les principes et valeurs de l’humanisme.

Derrière le rire né du grotesque des personnages et des situations, le lecteur est initié à une forme de sagesse.

3) La naissance d’une littérature engagée

Les guerres de religion qui ravagent le pays voient naître des textes dans lesquels les écrivains s’engagent et prennent parti pour leur camp.

Ronsard, poète de la Pléiade, se fait le champion du parti catholique dans ses Discours. Du côté protestant, Agrippa d’Aubigné livre avec Les Tragiques une peinture pathétique et violente du royaume divisé.

II. Le classicisme : le triomphe des moralistes

1) Les genres mondains

Les mémoires sont écrits par ceux qui ont participé aux affaires du monde. La Rochefoucauld, le cardinal de Retz, Saint-Simon témoignent ainsi de leur expérience du pouvoir.

Le genre du portrait se voit doté d’une grandeur particulière par La Bruyère et ses Caractères : il décrit des types et non des individus, et fait du portrait une peinture des mœurs.

À noter

À côté des formes courtes persistent celles plus développées et continues, héritières de la rhétorique antique, dont le Discours de la Méthode de Descartes est l’illustration.

Nouvelle forme esthétique, le fragment accède à une véritable dignité littéraire. Les Pensées de Pascal ou les Maximes de La Rochefoucauld constituent des séries d’énoncés indépendants et lapidaires.

Les correspondances accomplissent l’ambition classique d’une élégance sans artifice, d’une beauté non fabriquée. Au premier rang, les Lettres de Madame de Sévigné ont rapidement constitué un modèle du genre.

2) Instruire et plaire

Le théâtre comique s’emploie lui aussi indirectement à critiquer les mœurs, comme chez Molière qui épingle les vices et défauts humains de son siècle. Le paratexte des pièces devient une tribune pour le dramaturge.

La Fontaine préfère la fable et le détour par la fiction allégorique : derrière son monde d’animaux et de végétaux, c’est la société humaine et ses égoïsmes qui se voient mis en cause.