Qu’est-ce que la littérature d’idées ?

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La littérature d’idées se définit comme l’ensemble des textes qui ne relèvent ni de la poésie, ni de la fiction narrative ou dramatique. Plus largement, la littérature d’idées désigne tout écrit dans lequel les ressources de la littérature sont au service de l’argumentation.

I. L’argumentation directe

Dans l’argumentation directe, l’auteur défend en son nom un point de vue.

1) Les textes à visée philosophique

L’essai : il se présente comme un texte hybride, sans ordre apparent, embrassant avec subjectivité divers sujets. Ex. : Essais de Montaigne.

Le traité : réflexion sur un sujet circonscrit, il vise l’exhaustivité.

À noter

L’art oratoire, né dans l’Antiquité, impose de distinguer l’invention (recherche des arguments), la disposition (agencement de ces arguments), l’élocution (mise en forme stylistique).

Le discours : mise en forme écrite de la pensée, il traite une question de manière ordonnée, suivant les règles de l’art oratoire. Ex. : Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes de Rousseau.

Le dialogue : hérité de Platon, il permet la confrontation des points de vue sous la forme d’une conversation. Ex. : Le Neveu de Rameau de Diderot.

La maxime : pensée exprimée de manière brève et incisive. Ex. : Maximes et réflexions diverses de La Rochefoucauld.

2) Les textes à dimension polémique

Le pamphlet : sous-genre qui relève du discours épidictique, il verse couramment dans le blâme ou la satire.

Le portrait : lié à l’esthétique de la conversation, il fait l’éloge ou le blâme d’une personne à travers une prose travaillée. Il se déploie aussi dans les oraisons funèbres et les mémoires.

La lettre ouverte : écrit public, elle se prête à l’expression d’un débat et appelle parfois une réponse. Ex. : « J’accuse » de Zola.

3) Les textes à ambition esthétique

Le manifeste littéraire : il constitue une déclaration par laquelle une personne ou un groupe présente ses conceptions esthétiques.

La correspondance d’écrivains : destinée ou non à être publiée, elle offre un témoignage vivant sur la conception de la littérature des épistoliers.

II. L’argumentation indirecte

À noter

Du grec apologos, « récit détaillé », le mot « apologue » désigne un court récit allégorique qui renferme un enseignement, une leçon de morale pratique.

1) L’apologue

La fable : ce court récit de fiction illustre une morale par l’intermédiaire d’animaux ou d’humains.

Le conte : merveilleux ou philosophique, il raconte une histoire qui illustre un précepte de sagesse.

L’utopie : elle décrit une société idéale dont l’organisation est une critique indirecte de la société contemporaine de l’auteur.

2) Dans les genres narratif, dramatique et lyrique

Le roman : « à thèse » ou non, on peut considérer que derrière la fiction qu’il élabore, il est porteur d’idées sur le monde réel. Les paroles rapportées des personnages, leur portrait ou les commentaires du narrateur peuvent avoir une dimension argumentative.

Le théâtre : le dialogue constitue un lieu possible d’affrontements de points de vue ; le monologue, lorsqu’il se fait délibératif, peut offrir l’occasion d’une mise en balance d’arguments.

La poésie : engagée ou lyrique, elle voit le sujet de l’énonciation prendre position, répondre aux attaques, dénoncer les torts.