En relançant les persécutions contre les protestants, la révocation de l’édit de Nantes (1685) provoque un mouvement de réaction contre l’absolutisme et le fanatisme religieux. Les écrivains philosophes du XVIIIe siècle œuvrent pour lutter contre l’obscurantisme et faire de la raison la lumière qui guide le peuple.
I. Un contexte culturel propice
Supports essentiels de la diffusion du savoir, les livres voient leur nombre multiplié par trois entre 1700 et 1779. La majorité des ouvrages restent cependant des textes de littérature populaire et religieuse.
La diffusion des idées des Lumières est assurée autant par des écrits que par des lieux où les écrivains se rencontrent : des salons regroupent auteurs, savants et artistes autour de valeurs communes ; les cafés sont le théâtre de vives discussions politiques ou philosophiques ; les académies se multiplient en province.
II. Les idées des Lumières
1) La question religieuse
Au plan religieux, les philosophes des Lumières s’interrogent sur le rapport de l’homme à Dieu et à l’Église.
Certains font le choix du déisme, comme Montesquieu et Voltaire, et affirment la croyance en un dieu créateur du monde tout en refusant de se soumettre à une institution et à ses prescriptions en matière de culte.
D’autres professent un véritable athéisme : Diderot, par exemple, pense que la matière se transforme et s’organise elle-même sans intervention divine.
2) L’organisation politique
Les penseurs du XVIIIe siècle sont unanimes dans leur condamnation de l’absolutisme ; c’est pourquoi leurs écrits préfigurent la Révolution française.
Certains, Montesquieu en tête, se prononcent en faveur de la monarchie tempérée où le pouvoir du roi se trouve limité par celui de la noblesse et des parlements.
Œuvre clé
Œuvre majeure des Lumières, l’Encyclopédie travaille à la destruction des préjugés et des superstitions pour éclairer l’opinion.
D’autres, comme Voltaire et Diderot, soutiennent le principe du despotisme éclairé où la raison seule guide le gouvernement.
Plus minoritaire, un courant défend l’idée de démocratie avec Rousseau.
III. L’apparition de genres argumentatifs nouveaux
Le siècle des Lumières reprend des formes anciennes, comme en témoignent les titres de certaines œuvres : Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes (Rousseau, 1755) ou Lettres philosophiques (Voltaire, 1734). Il en réinvente aussi certains.
1) Le conte philosophique
Sous l’impulsion de Voltaire, le conte philosophique devient une arme essentielle des Lumières. Merveilleux et imagé, il met à portée du plus grand nombre des théories scientifiques et métaphysiques jusque-là réservées aux lettrés.
Sa forme allégorique et ses formules souvent ironiques atténuent les atteintes portées aux institutions et au pouvoir, déjouant ainsi la censure.
2) Les écrits à dimension biographique
Rousseau donne avec Les Confessions le premier exemple d’autobiographie. À travers le récit de sa vie, il entreprend aussi de se justifier aux yeux de ses détracteurs.
En dynamisant les règles du genre, Diderot propose des dialogues qui donnent à voir les multiples facettes du moi (Le Neveu de Rameau, 1891).