Un débat historique : les causes de la Première guerre mondiale

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La question des causes de la Première Guerre mondiale a longtemps divisé les historiens. En France, cette question n’est plus d’actualité mais, dans le passé, elle a eu d’importantes implications politiques.

I. Après la guerre : une histoire diplomatique et politique

1)  L’Allemagne accusée et condamnée

Par l’article 231 du traité de Versailles, l’Allemagne est jugée responsable de la Première Guerre mondiale, et contrainte à ce titre de verser de lourdes réparations. Cette question des responsabilités obsède l’historiographie de l’immédiat après-guerre.

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L’historiographie est l’étude des recherches historiques sur un sujet donné.

Dans les années 1920, les écrits historiques sont encore peu nombreux. Chaque État cherche à se disculper en publiant des documents officiels. En France, l’État et l’opinion publique, soutenus par l’historiographie, sont convaincus que ­l’Allemagne est « responsable de tout ».

L’Allemagne dénonce la légitimité du traité de Versailles, vécu comme un « ­diktat » : elle se pense dans un état de défense légitime face à l’encerclement « menaçant » de ses ennemis, effrayés par sa puissance et opposés à son expansion en Europe et en Afrique. La France est vue comme agressive et revancharde.

2)  Un travail historique qui cherche à nuancer les responsabilités

Dès 1925, l’historien français Pierre Renouvin nuance la responsabilité des empires centraux et accuse la Russie de n’avoir pas freiné la Serbie après l’attentat de Sarajevo.

En 1933, Jules Isaac montre que la guerre n’était pas inéluctable et incrimine davantage l’attitude de la France : celle-ci s’était préparée à la guerre en augmentant la durée du service militaire français à trois ans en 1913 et aurait poussé la Russie à mobiliser ses troupes. Cet historien cherche alors à éduquer la jeune génération dans la haine de la guerre alors que le parti nazi arrive au pouvoir en Allemagne.

II. Après 1945, une histoire plus sociale

1 ) L’influence de l’historiographie

Dans les années 1950, la Seconde Guerre mondiale domine les débats historiques. En Allemagne, l’idée que le pays a été « catapulté dans la Grande Guerre » à la suite d’un « engrenage » est soutenue : cette vision ­déterministe de l’histoire permet de présenter le nazisme comme un « incident de parcours » et d’affirmer que le pays n’est pas expansionniste par nature.

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Une vision déterministe défend l’idée que des événements sont déterminés par des précédents, suivant une loi de causes à effets, limitant le rôle joué par les acteurs historiques.

En 1961, l’historien allemand Fritz Fischer publie Les Buts de guerre de ­l’Allemagne impériale (1914-1918). Il y présente son pays comme entièrement responsable, confiant de sa supériorité militaire et poussé par un fort sentiment nationaliste. Il cherche à montrer une continuité dans la politique allemande, de Bismarck à Hitler, une politique expansionniste par nature.

En Allemagne de l’Est (RDA), l’écriture de l’histoire se fonde sur une vision marxiste et ancienne de la guerre : les rivalités coloniales et commerciales ont poussé l’Europe au conflit.

2)  Des débats historiques qui persistent

Le déclenchement du conflit n’est plus un sujet discuté par les historiens français, plus intéressés par une histoire culturelle de la guerre. Mais, en 2013, à l’occasion de la sortie des Somnambules, de l’historien australien Christopher Clark, l’opinion publique allemande redécouvre ce sujet dont la mémoire a longtemps été occultée par celle du nazisme.

Christopher Clark insiste davantage sur le rôle joué par la Serbie dans le ­déclenchement du conflit. L’historien allemand Gerd Krumeich craint que le succès de Clark illustre la volonté des Allemands de se déculpabiliser de ce passé.