Sujet d'étude n°1 : la guerre d'Algérie

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I. Aux origines de la guerre d’indépendance

L’Algérie dispose d’une place particulière dans l’Empire colonial français. Conquise à partir de 1830, elle devient dès le dernier tiers du XIXe siècle une colonie de peuplement qui accueille de nombreux Français et des Européens. L’Algérie est considérée comme un prolongement du territoire français. Dès le début du XXe siècle, se développe un nationalisme algérien qui conteste l’ordre colonial en place.

II. Un pays en guerre

De 1954 à 1962, le conflit oppose les autorités françaises de métropole et d’Algérie au FLN. Ce mouvement indépendantiste entame la lutte armée contre l’État français en novembre 1954 et dispose à cet effet de l’ALN. La violence s’empare du pays tout entier dès 1955. En 1956, le contingent (jeunes Français effectuant leur service militaire) fait face à une guérilla urbaine et rurale généralisée. La brutalisation du conflit se traduit dans les deux camps par l’usage généralisé de la torture.

Sigles

ALN : armée de libération nationale.

FLN : front de libération nationale.

Les communautés en présence se divisent. Les Français d’Algérie (pieds-noirs) se heurtent à la volonté de la métropole de conduire l’Algérie vers l’indépendance à partir de 1959. Une minorité de Français se radicalise et fonde l’OAS (Organisation de l’armée secrète) en 1961 pour conserver l’Algérie française. La fidélité d’une partie des Algériens musulmans à la France (les harkis) scinde la population en deux camps. Le FLN recourt à la terreur pour convaincre une partie des Algériens de sortir de leur neutralité et emploie la violence à l’égard des mouvements indépendantistes concurrents comme le Mouvement national algérien de Messali Hadj. La guerre d’indépendance devient donc une guerre civile. Le rapatriement d’environ 900 000 pieds-noirs s’ajoute à la tragédie qui se joue en Algérie.

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La guerre sur le territoire algérien

III. L’impact du conflit

Les répercussions politiques de la guerre d’Algérie sont immenses. L’après-guerre se prépare du côté algérien dès 1958 lorsqu’est créé le GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne). Le FLN se présente comme le principal artisan de la lutte pour l’indépendance et s’apprête à diriger le pays.

En France, les « événements d’Algérie » conduisent à une très grave crise politique qui risque de dégénérer en une guerre civile. L’impuissance de la IVe République à rétablir la paix conduit à une instabilité ministérielle inquiétante. En mai 1958, craignant un coup d’État militaire à Alger en pleine insurrection, le président de la République René Coty fait appel au général de Gaulle. Chargé des pleins pouvoirs, il a la double mission de trouver une solution à la crise algérienne et de proposer une nouvelle Constitution. La guerre d’Algérie met ainsi un terme à la IVe République et aboutit à la naissance de la Ve République en octobre 1958. De Gaulle entame des négociations et se heurte en avril 1961 à un putsch des généraux français d’Alger. Après l’échec de ce dernier, il met un terme au conflit le 18 mars 1962 par les accords d’Évian qui reconnaissent l’indépendance de l’État algérien. Le 5 juillet 1962, l’Algérie célèbre officiellement son indépendance.

IV. Bilan et perspectives

La lourdeur du bilan humain (environ 400 000 Algériens tués et plus de 25 000 Français), la question des harkis et du rapatriement des pieds-noirs, l’embarras provoqué par la question de la torture et la difficulté à revenir sur certaines pages du passé colonial rendent les relations franco-algériennes difficiles depuis 1962. La mémoire de la guerre d’Algérie oppose des souvenirs et des interprétations contradictoires entre les deux rives de la Méditerranée. Malgré cela, les deux pays ont maintenu leurs échanges. La France est devenue le principal pays d’émigration des Algériens. Des accords de coopération ont aidé au développement de l’Algérie qui fournit aujourd’hui à la France son gaz naturel alors que cette dernière est son deuxième fournisseur commercial. Depuis les années 1990-2000, les différents présidents de la République française ont traduit à l’occasion de voyages (Emmanuel Macron à Alger en février 2017) la nécessité à taire les ressentiments et à envisager la réconciliation. L’avenir des relations franco-algériennes reste donc prometteur malgré le poids du passé.

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Chronologie du conflit en Algérie de 1954 à 1962