Paris, entre protection et nouvel urbanisme

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Le patrimoine de Paris témoigne de son histoire ancienne et de son rôle précoce de capitale politique. Il constitue un élément du rayonnement international de la ville mais son poids risque aussi de figer l’évolution de la capitale de la France et de limiter ses fonctions métropolitaines.

I. Un patrimoine ancien, façonné par le pouvoir

1 ) Les traces d’une ville ancienne

Paris n’a pas subi de destruction massive et conserve les traces de son passé antique et médiéval autour de la Seine et de l’île de la Cité (arènes de Lutèce, Notre-Dame, Sainte-Chapelle).

À la fin du XIIe siècle, la ville s’étend de l’île Saint-Louis au Marais qui se couvre d’hôtels particuliers et de places royales (place des Vosges). Ce lien étroit entre pouvoir royal et patrimoine religieux se maintient jusqu’au XVIIIe siècle.

2 ) Paris transformée

Pendant la Révolution française, de nombreuses églises et symboles du pouvoir royal, comme la Bastille, sont détruits. Des espaces urbains deviennent des lieux de mémoire : la place Louis XV devient la place de la Révolution, où Louis XVI est guillotiné, puis la place de la Concorde, pour faire oublier la Terreur.

De 1853 à 1869, Haussmann, préfet de la Seine, modernise Paris : des quartiers entiers sont rasés, la ville est aérée par de grandes avenues et des parcs afin de faire circuler l’air (hygiénisme) Le « Beau Paris » devient la vitrine de la France.

Info

Le « Beau Paris » correspond aux constructions des bords de Seine datant du XIXe siècle : tour Eiffel, Grand Palais, pont Alexandre III, gare d’Orsay devenue le musée d’Orsay.

Au XXe siècle, les grands chantiers présidentiels prouvent que l’architecture contemporaine a sa place dans la capitale : centre Georges Pompidou, opéra Bastille, pyramide du Louvre, musée du Quai Branly, Bibliothèque F. Mitterrand.

II. Patrimonialisation et urbanisme à Paris

1 ) Une patrimonialisation progressive

La Révolution française permet l’élaboration de la notion de patrimoine, sous le nom de « monuments historiques ». Une loi de 1913 étend cette dénomination, et donc la protection, à des biens privés, comme des immeubles ou des hôtels particuliers.

La différenciation entre patrimoine et monument historique s’estompe sous l’impulsion de la loi Malraux de 1962. Pour éviter la disparition de quartiers historiques entiers sont créés des secteurs sauvegardés, comme le Marais. Cette loi cherche à associer « sauvegarde » et « mise en valeur » du patrimoine.

2 ) Une modernisation urbaine qui fait débat

Sous la présidence de Georges Pompidou (1969-1974), le transfert à Rungis du grand marché des Halles, au cœur de Paris, s’accompagne de la disparition des pavillons ­Baltard, provoquant des réactions hostiles. D’autres projets d’urbanisme (tours du Front de Seine, de ­Montparnasse, voie de circulation de la Seine) suscitent des oppositions.

Mot-clé

L’urbanisme est la science de l’aménagement et de l’organisation des villes.

Ces événements attirent l’attention sur le sort des immeubles qui, sans être des monuments historiques, témoignent du passé de la ville. Des architectures industrielles, comme la gare d’Orsay ou le Grand Palais, sont alors sauvegardées.

3)  Les risques du « tout patrimoine » à Paris

Les règles d’urbanisme empêchent toute construction de plus de 25 mètres de haut dans les quartiers centraux et 37 mètres dans les quartiers périphériques pour ne pas dénaturer l’homogénéité du paysage urbain.

À l’inverse d’autres villes mondiales, le centre de Paris ne se dote pas de bâtiments modernes essentiels à ses fonctions de métropole mondiale, bâtiments relégués en périphérie (La Défense, Cité judiciaire).

Avec la pratique du « façadisme », Paris court le risque de devenir un simple décor de luxe destiné au tourisme, d’être muséifié.