Cette œuvre, publiée en 1791, s'inscrit dans le parcours « Écrire et combattre pour l’égalité ».
I. L’auteur et les contextes historique et culturel
1) Éléments de biographie
Olympe de Gouges, Marie Gouze de son vrai nom, est née à Montauban en 1748 dans une famille de la bourgeoisie de province. Elle se marie à 17 ans avec un homme, de trente ans son aîné, qui meurt noyé dans une rivière. Son veuvage lui permet de retrouver sa liberté : elle se rend à Paris avec son amant et son fils et change de nom.
Ayant reçu une éducation rudimentaire, elle ne sait pas écrire correctement et doit donc dicter ses premiers textes à des secrétaires. Elle débute par une vingtaine de pièces de théâtre et de courts essais politiques. En 1793, elle est accusée d’avoir publié des textes contre-révolutionnaires et affronte le tribunal révolutionnaire : elle est condamnée à mort et exécutée le lendemain. Elle est la 2e femme à être exécutée après Marie-Antoinette.
2) Contextes historique et culturel
Olympe de Gouges appartient pleinement au siècle des Lumières dont les figures les plus connues sont Montesquieu, Voltaire et Diderot. Ces philosophes s’engagent dans de nombreux combats en faveur de l’égalité (reconnaissance des droits des personnes noires de peau, condamnation de l’esclavage, lutte contre l’absolutisme royal et les privilèges) et critiquent le fanatisme religieux. Cet engagement mènera à la rédaction de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen en 1789 et à l’abolition de l’esclavage en 1793.
Malgré ces avancées dans le domaine des droits, ceux des femmes restent oubliés : elles sont toujours placées sous l’autorité de leur père puis de leur mari, n’ont aucun droit politique, aucun droit de propriété, n’ont pas le droit de divorcer et leur éducation est sommaire.
II. Le titre
Il parodie le texte de lois de 1789 qui semble ne s’intéresser qu’aux hommes et non à l’Homme en général. Il s’agit donc d’une réécriture afin de souligner les limites et les oubliés (les femmes et les esclaves) de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen originelle.
III. Structure et résumé de l'œuvre
- 1. Lettre comme épître dédicatoire à Marie-Antoinette (hors programme de première),
- 2. Adresse aux hommes avec un argument d’autorité qui sera repris par la suite : l’inégalité entre homme et femme n’existe pas dans la nature (hors programme de première),
- 3. Préambule qui reprend le préambule originel de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen en le féminisant,
- 4. 17 articles de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (qui est le même nombre d’articles que la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen),
- 5. Postambule : exhortation aux femmes de s’emparer de leur propre libération,
- 6. Contrat social entre l’homme et la femme (hors programme de première)
IV. Les thèmes et mots-clés
- La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen : rédigée en 1789, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen est un texte de lois qui signe la fin de l’Ancien Régime et pose les fondements d’un nouvel ordre juridique, politique et social. Elle est l’œuvre de l’Assemblée constituante, créée lors de la réunion des États généraux de 1789, qui rassemble les députés du clergé, de la noblesse et du tiers état. L’article 17 (dernier article) est adopté le 26 août 1789. Le 4 août, l’Assemblée avait voté l’abolition de tous les privilèges féodaux et de tous les privilèges de classe.
- Féminisme : il serait anachronique d’utiliser ce terme qui n’est attesté que depuis 1872. Néanmoins, Olympe de Gouges annonce ce mouvement car elle prend la plume pour défendre les droits des femmes, inexistants à son époque : en effet, celles-ci n’avaient pas le droit, entre autres, de travailler, d’écrire ou encore de publier, sans l’autorisation de leur mari. Olympe lutte aussi pour l’égalité des esclaves des colonies et ne s’intéresse donc pas seulement au sort des femmes mais à celui de tous les opprimés.