N’y a-t-il de connaissance que scientifique ?

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Nombreux sont ceux qui prétendent connaître la vérité. Le ­discours scientifique paraît en être le prétendant le plus légitime. Quelle est sa spécificité ? Quelles en sont les caractéristiques ?

I. Le lien entre science et connaissance

On définit la science comme le processus historique par lequel les hommes cherchent à connaître le monde. Que ce soit par curiosité, pour se rassurer devant l’étrangeté du monde ou pour inventer des moyens d’améliorer leur quotidien, les hommes ont voulu comprendre le monde en en décrivant les régularités et en cherchant à en dépasser les apparences.

On oppose en ce sens l’opinion et la connaissance. L’opinion est relative au sujet qui l’énonce. La plupart du temps elle n’est pas réfléchie et témoigne de ce que tout homme est inscrit dans un contexte social qui le détermine. Au contraire, la connaissance vise une forme d’universalité : tous doivent pouvoir se mettre d’accord quant à la vérité. La connaissance se veut objective, c’est-à‑dire indépendante du sujet qui l’énonce.

II. La science et ses concurrents

Pourtant, l’opinion n’est pas nécessairement fausse et peut être aussi efficace que la connaissance. C’est ainsi que Platon montre la valeur de ce qu’il appelle, dans le Ménon, « l’opinion droite ». Quand un voyageur nous demande son chemin, nous pouvons lui indiquer la bonne route soit parce que nous la connaissons, soit par hasard.

De là apparaissent d’autres prétendants à la vérité : la tradition, le discours religieux ou les autorités politiques peuvent être tentés de se substituer à la démarche scientifique, voire de la dénoncer comme inutile ou dangereuse.

III. La spécificité de la connaissance scientifique

1 ) La méthode

Ce qui définit la science, c’est l’idée de méthode. La recherche scientifique suit des règles strictes qui permettent d’exposer clairement les conditions dans lesquelles un résultat est obtenu. Par exemple, un mathématicien expose ses démonstrations, un physicien rend compte des résultats de ses recherches en indiquant le protocole expérimental qu’il a suivi. Cela permet une connaissance objective qui puisse valoir pour tous.

Descartes, dans le Discours de la méthode, présente quatre règles à suivre pour atteindre la vérité. D’abord, il ne faut admettre pour vrai que ce que l’on connaît évidemment être tel. Puis il faut décomposer les difficultés à résoudre en difficultés plus simples et les traiter de la plus simple à la plus complexe. Enfin, il faut vérifier l’ensemble du raisonnement pour être sûr de n’avoir rien oublié.

2)  Théorie et expérience

Dans la démarche scientifique, théorie et expérience sont étroitement ­mêlées. D’une part, il faut décrire correctement les faits à expliquer, mais une telle ­description n’est possible qu’à partir d’une théorie préalablement conçue qui permettra d’organiser ces faits et de les rapporter les uns aux autres.

D’autre part, l’expérimentation permet d’améliorer une théorie, par l’accumulation de nouveaux résultats et par la précision de plus en plus grande des conditions ­expérimentales.

3)  La notion d’obstacle épistémologique

Cet effort de méthode et de vérification témoigne de ce que la science se développe en rupture avec d’autres discours qu’elle critique. Bachelard parle d’obstacles épistémologiques : la connaissance scientifique s’élabore toujours à partir de la critique d’opinions ou de savoirs préalables, que la science cherche à dépasser.

Mot-clé

Le mot épistémologie vient du grec épistémè, qui désigne la science. L’épistémologie est donc l’étude de la science et cherche à comprendre les processus qui permettent l’établissement du savoir scientifique.