Mme de Lafayette, La Princesse de Clèves (ancien programme)

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Le récit peut s’emparer de destins individuels en prise avec la société, pour soulever des questionnements éthiques. La Princesse de Clèves, nouvelle historique centrée sur une crise amoureuse dans un univers mondain, s’est ainsi imposée comme un chef-d’œuvre du récit d’analyse.

I. Connaître l’œuvre

1) L’auteur et le contexte

Au XVIIe siècle, Mme de Lafayette renouvelle le genre du récit à travers l’esthétique de la nouvelle historique, toute classique de retenue et de sobriété.

Mot clé

La préciosité est un courant culturel et artistique du XVIIe siècle, qui régule la séduction et exprime les transports amoureux à travers une langue raffinée et métaphorique.

Mme de Lafayette publie dans l’anonymat. Très appréciées, ses œuvres soulèvent des débats éthiques sur la vertu et la passion, comme La Princesse de Montpensier (1662) et La Princesse de Clèves (1678).

Familière des salons précieux et de la cour, Mme de Lafayette fait des milieux aristocratiques le cadre de ses récits, qui étudient avec finesse la passion amoureuse.

2) Résumé de l’œuvre

À la cour des Valois, au XVIe siècle, l’aristocratie mène une vie fastueuse et divertissante. Mme de Chartres marie sa fille, belle et vertueuse, à M. de Clèves, qui en est éperdument amoureux et se désole de sa retenue. Lors d’un bal, la princesse de Clèves s’éprend cependant du beau et galant duc de Nemours. Consciente du danger de l’interdit, elle cherche à l’éloigner. Le duc de Nemours, très épris, ne laisse guère de doute à la princesse sur ses sentiments.

Tiraillée entre la passion et la vertu, la princesse fuit la cour et avoue à son mari, atterré mais touché par cette franchise, sa passion pour Nemours. M. de Clèves cède cependant à la jalousie, épie sa femme, conçoit de faux soupçons qui précipitent sa mort. Désormais libre, la princesse refuse cependant d’épouser Nemours puis se retire, trouvant son repos loin des vicissitudes de la cour.

II. Comprendre le parcours

1) Un univers mondain et dangereux : la cour

Derrière le raffinement et les divertissements, la cour est un univers dangereux qui impose ses exigences de modération, de galanterie, d’élégance. La façade mondaine cache bien des intrigues et des luttes d’influence. Il s’agit, comme pour le duc de Nemours, de dissimuler ce qui trahit les pensées, et de faire bonne figure.

La princesse de Clèves se démarque par l’éducation qu’elle a reçue et par ses dispositions singulières à la sincérité, à la modestie, à la vérité. La vertu des femmes est mise à l’épreuve ; leurs écarts de conduite sont plus sévèrement punis que ceux des hommes.

Dans la même veine, l’hypocrisie de la bourgeoisie provinciale étouffe ­Thérèse Desqueyroux (Mauriac, 1927), qui pour y échapper empoisonne son mari.

2) Un récit d’analyse

À noter

Au XVIIe siècle, le mariage aristocratique n’est en rien fondé sur les sentiments : c’est une institution qui privilégie les alliances politiques ou patrimoniales.

La Princesse de Clèves donne à voir une intériorité soumise à la pression du regard public. La société mondaine oblige à s’inscrire dans le cadre des convenances : ainsi, la princesse doit dissimuler sa passion. M. de Clèves faute en se laissant aveugler par ses sentiments.

Le récit montre la difficulté des choix moraux dans un milieu qui menace l’individu, exposé aux dangers des passions.

« Les passions peuvent me conduire ; elles ne sauraient m’aveugler. »

La Princesse de Clèves, Quatrième partie

Au fil du récit, la princesse gagne en lucidité et dépasse son tiraillement entre amour incontrôlé et devoir, passion et vertu : elle choisit la quiétude de la retraite. Au contraire, la princesse de Montpensier (1662) cède à sa passion pour le duc de Guise, qui finit pourtant par l’abandonner : elle meurt de chagrin, punie d’avoir transgressé la vertu.