Méthodologie de la dissertation : la technique et la nature

Signaler

La technique nuit-elle nécessairement à la nature ?

Cette leçon t'offre une approche méthodologique pour la rédaction de la dissertation en philosophie : pour ce faire, voici la réalisation d'un sujet de dissertation issu des annales de l'épreuve finale de philosophie du bac 2021 aux Antilles et disponible sur Eduscol.

La réalisation de ce sujet se fait par étapes, celles-ci appuyées par des explications et des conseils.

Légende de la leçon

Vert : définitions

Bleu : notions

Violet : 1re partie

Rouge : sujet, 2e partie

Jaune : 3e partie

I. Analyse le sujet au brouillon

1) Le premier temps de réflexion

Passe le sujet à l’affirmative, tu obtiens ainsi le présupposé du sujet, c’est-à-dire ce qui t’est demandé de discuter. Ici, affirmer que « la technique nuit nécessairement à la nature » pose d’emblée problème.

2) Définis le terme « technique »

Tu peux définir la technique comme un savoir-faire utile et efficace consistant à artificialiser la nature. Ceci signifie que l’espèce humaine, grâce à sa capacité réflexive, la modifie pour en faire le moyen des fins qu’elle se donne : rendre la nature moins hostile, plus habitable, améliorer les conditions de vie ou de travail... Cette transformation de la nature vise donc son amélioration, pas son altération.

Affirmer que « la technique nuit nécessairement à la nature » suppose donc un premier questionnement spontané :

  • Peut-on répondre directement à l’affirmative à cette question, de façon ferme et définitive ? Oui, non, pourquoi ?
  • Répondre positivement, ne serait-ce pas alors renier le sens même de la technique et de sa finalité ?
  • De quelle nature est-il question ici ?
  • Existe-t-il des cas dans lesquels la nature ne souffre pas des conséquences de la technique ? Cette dernière peut-elle servir la nature en la transformant ?
  • Y a-t-il des situations où la nature elle-même est améliorée par la technique (pensons à la médecine) ?
À noter
Si tu as bien suivi et mémorisé tes cours, de premières idées (réponses du sens commun, arguments, références philosophiques, exemples…) émergeront de ces questions. Note-les, tu les approfondiras et les ordonneras dans un plan détaillé une fois le sujet problématisé.

3) Analyse la particularité du sujet et des notions mises en jeu dans la question posée

La « Technique » et la « Nature » sont des notions du programme, leurs définitions doivent être maîtrisées. De nombreux sujets de dissertations pourraient être élaborés à partir de ces deux notions. En effet, leur rapport est essentiel : la technique consiste en la transformation de la nature (définition de la technique) aussi bien environnante, comme ce qui n’a pas été modifié par l’homme avec ses lois propres (définition de la nature) que la nature humaine comme l’ensemble des qualités (des caractéristiques) qui font de notre espèce ce qu’elle est (définition de la nature).

Méthode 
Analyse, d’abord, le rapport des deux notions sur lesquelles tu es interrogé. La question qui t’est posée est celle-là : « La technique nuit-elle nécessairement à la nature ? » Ce n’est pas une interrogation vague sur le lien entre la technique et la nature. Un tel traitement du sujet t’en éloignerait en prenant le risque d’un exposé de connaissances (doxographique) sans rapport direct avec la question qui t’est posée.

4) Définis le verbe et son adverbe

Il s’agit donc, d’abord, de comprendre avec précision ce que veut dire le fait qu’une chose nuise nécessairement à une autre :

- « Nuire » signifie porter préjudice à quelque chose ou à quelqu’un, rendre son état moins bon ou favorable qu’il n’était auparavant.

Tu peux relever trois particularités dans cette définition :

  • La temporalité : il y a un « avant » et un « après » la nuisance, avec une perte pour l’objet auquel on nuit.
  • L’intensité : altérer l’état de l’objet peut aller d’une modification néfaste, assez insignifiante, jusqu’à sa destruction.
  • Le caractère intentionnel : nuire peut être volontaire ou non.

« Nuire » a pour antonymes : « favoriser », « bonifier » (au sens d’un mouvement mélioratif) ou encore « laisser intact » (supposant une certaine neutralité, une absence de conséquence de l’action sur l’objet).

- « Nécessairement » signifie qu’il ne peut pas en être autrement, cela voudrait dire qu’aucune autre possibilité que celle proposée n’est envisageable.

Conséquence
La technique ne pourrait donc pas faire autre chose que nuire à la nature. L’homme l’a pourtant bien inventée pour l’améliorer afin d’être utile à la nature humaine : avoue que cela paraît pour le moins surprenant !

5) Problématise pour formuler un paradoxe clair

La problématique consiste en un paradoxe contenu dans le sujet : deux propositions qui ne paraissent pas pouvoir coexister. Ainsi, ici, la proposition « la technique nuit nécessairement à la nature » entre en contradiction apparente avec la proposition « la technique ne nuit pas nécessairement à la nature ».

Remarque
Le paradoxe surgit assez facilement. Formule-le sous une forme interrogative (ou interrogative indirecte) et présente, de façon très explicite, les deux aspects du sujet qui se donnent, dans un premier temps, comme opposés.

Exemple : La technique ayant précisément pour fin d’améliorer la nature (environnante et humaine), comment pourrait-elle donc ne lui causer que des désagréments voire l’altérer jusqu’à la destruction ?

Force est pourtant de constater que les dégâts de la technique sur la nature sont nombreux. Pour exemple, la pollution de l’atmosphère détériore l’environnement et engendre un nombre croissant d’allergies au sein de l’espèce humaine (cf. article écrit par Laetitia Van Eeckhout, paru dans Le Monde, Comment la pollution de l'air aggrave les allergies au pollen ?).

À noter
Le sujet est classique : il s’agit d’un des principaux axes problématiques des notions de la « Technique » et de la « Nature ».

6) Élabore le plan

Ton plan doit proposer deux premières parties qui correspondent au paradoxe. La troisième partie consistera à montrer que cette contradiction n’était qu’apparente une fois l’analyse approfondie : est-ce la technique elle-même qui nuit à la nature ou est-elle mise en œuvre par l’homme ? Dès lors, comment faire pour que la fin utile et favorable à l’homme soit respectée ? L’être humain, disposant d’une conscience lui permettant d’envisager les conséquences de ses actions techniques (la conscience réflexive), est en mesure de choisir les techniques qui nuiront ou non à la nature. Le dépassement est, ici, d’ordre moral.

Un plan possible pourrait donc être :

I. La technique a pour fin de transformer la nature de façon bénéfique à l’homme, elle ne lui nuit donc pas et encore moins « toujours » (comme l’indique le « nécessairement »)

II. La modification technique de la nature a des conséquences néfastes aussi bien sur l’environnement que sur la nature humaine

III. La technique n’étant pas autonome, elle dépend moralement des intentions humaines, une réflexion préalable doit être menée pour que ses effets ne soient pas nécessairement nuisibles

Méthode
Pour chaque grande partie, deux ou trois arguments, permettant de soutenir l’idée principale de la partie, doivent être identifiés : chacun fera l’objet d’une sous-partie. Reprends ce que tu as noté en amont et approfondis tes idées. Chaque sous-partie contient un argument que tu soutiendras systématiquement grâce à une référence philosophique et/ou un exemple.

7) Plan détaillé

I. La technique a pour fin de transformer la nature de façon bénéfique à l’homme, elle ne lui nuit donc pas et encore moins toujours (comme l’indique le « nécessairement »)

Argument 1 : De prime abord, l’homme naturel apparaît comme soumis à une nature qui lui est défavorable, la technique ne nuit pas à la nature, elle rééquilibre ce rapport. (cf. dans le brouillon « Définis le terme "technique" », la liste de ce que permet la technique).

Référence philosophique : Le mythe de Protagoras, Platon, Protagoras.

Argument 2 : Grâce à sa conscience réflexive, l’homme transforme en effet favorablement la nature pour la rendre plus habitable, non pour lui nuire. (cf. dans le brouillon « Définis le terme « technique »», la liste de ce que permet la technique).

Référence philosophique : Descartes, Discours de la Méthode, « Nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature. », en étudiant ses lois pour les mettre au service de nos fins humaines.

Argument 3 : La nature et la nature humaine se voient ainsi améliorées par la technique. (cf. dans le brouillon « Définis le terme "technique" », la conclusion du premier paragraphe).

Exemple : La préservation des espèces animales grâce à la médecine et la médecine vétérinaire : ces arts permettent d’améliorer la nature. Descartes, dans le texte employé ci-dessus, insiste sur la prépondérance de l’art médical : tu peux le mentionner.

II. La modification technique de la nature a des conséquences néfastes aussi bien sur l’environnement que sur la nature humaine

Argument 1 : La technique nuit à la nature comprise comme environnement. (cf. la conséquence dans « Définis le verbe et son adverbe » et, dans « Problématise pour formuler un paradoxe clair », l’exemple donné).

Exemple : Le réchauffement climatique a eu raison du glacier islandais Okjökull disparu en 2014. L’État islandais lui a rendu hommage en 2019 en apposant une plaque commémorative là où il se situait.

Argument 2 : La technique nuit nécessairement à la nature humaine. (cf. la conséquence dans « Définis le verbe et son adverbe » et, dans « Problématise pour formuler un paradoxe clair », l’exemple donné).

Exemples : Lorsque nous nous habituons à suivre le GPS sans y réfléchir, nous altérons notre capacité à nous repérer et à nous orienter dans l’espace. Barjavel, Ravage, le retrait soudain et inexpliqué de l'électricité sur terre entraîne la décongélation des défunts maintenus artificiellement dans une pièce dédiée chez les habitants : une maladie semblable à la peste se répand alors et décime l’humanité.

Argument 3 : La technique se retourne contre la nature humaine et devient nuisible à la nature humaine. (cf. la conséquence dans « Définis le verbe et son adverbe » et dans « Problématise pour formuler un paradoxe clair »).

Référence philosophique : Descartes, Discours de la Méthode, le « comme » de « comme maîtres et possesseurs de la nature » montre nos limites face à la nature et la technique.

Exemple : Le désamiantage nécessaire après l’usage massif de cette laine de minéral pour isoler les bâtiments fin XIXe, début du XXe siècle. Les particules d’amiante provoquent, en effet, des maladies respiratoires graves voire mortelles.

III. La technique n’étant pas autonome, elle dépend des intentions humaines, une réflexion préalable doit être menée pour que ses effets ne soient pas nécessairement nuisibles, une réflexion morale

Argument 1 : L’apparente autonomie de la nature la rend, en partie, indépendante de la technique : nous devons anticiper les conséquences de notre maîtrise pour la transformer sans lui nuire. (cf. dans le brouillon « Élabore le plan », la fin du premier paragraphe)

Référence philosophique : Luc Ferry, Le Nouvel ordre écologique, 1992. Ce philosophe théorise le fait que la nature, contenant à la fois le pire et le meilleur, n’est ni bonne ni mauvaise. C’est pour cette raison qu’il continue sa réflexion en indiquant que c’est à la fois un pouvoir et un devoir pour l’homme que de la modifier et la protéger.

Exemple : L’épidémie du Coronavirus a rappelé à l’humanité cette évidence avec force.

Argument 2 : Pour transformer la nature sans l’altérer, la responsabilité humaine de la technique face à la nature est engagée. (cf. dans le brouillon « Élabore le plan », la fin du premier paragraphe)

Référence philosophique :Heidegger, « La question de la Technique » in Essais et conférences [1953] (Éd. Gallimard, trad. André Préau, 1958)

« L'agriculture est aujourd'hui une industrie d'alimentation motorisée. L'air est requis pour la fourniture d'azote, le sol pour celle de minerais, le minerai par exemple pour celle d'uranium, celui-ci pour celle d'énergie atomique, laquelle peut être libérée pour des fins de destruction ou pour une utilisation pacifique. [...] »

Argument 3 : L’homme doit faire preuve de moralité face à ses usages techniques afin de ne pas nuire à la nature. (cf. dans le brouillon « Élabore le plan », la fin du premier paragraphe)

Référence philosophique : Hans Jonas, Le Principe de responsabilité, 1979

II. Compose et rédige l’introduction

1) Composition d’une introduction

Méthode
L’introduction ne peut être élaborée qu’une fois le plan détaillé, prêt. Écris-en les grandes lignes (sans nécessairement rédiger) au brouillon pour la rendre la plus efficace possible :
  • Commence par un exemple qui contient les deux propositions qui entrent en apparente contradiction.
  • Sers-toi de cet exemple pour définir les termes du sujet en montrant pourquoi un problème se pose.
  • Énonce le problème avec clarté (la problématique, le paradoxe contenu dans la question posée), puis le plan.

2) Exemple de rédaction d’une introduction

 Les quatre barrages situés en amont du Mékong, initialement construits pour produire de l’énergie hydroélectrique, sont actuellement accusés d’assécher gravement le fleuve : certaines portions ne sont plus navigables et l’eau destinée à l’irrigation et à la consommation humaine vient à manquer. Construire des barrages relève de la technique, savoir-faire dont la mise en œuvre permet d’obtenir volontairement un résultat déterminé, utile et efficace. Constituant la source et la condition de la maîtrise de la nature par l’homme, la technique permet de la rendre plus habitable, c’est-à-dire aux yeux de ce dernier, meilleure. Toutefois, en agissant sur la nature, c’est-à-dire l’ensemble des objets non humanisés et les lois qui les régissent, avec pour intention d’en augmenter la qualité, il semble que les hommes lui portent atteinte, lui nuisent. Ils en épuisent les ressources jusqu’à aller parfois à l’encontre de leurs propres besoins naturels. La technique ayant pour fin d’améliorer la nature (environnante et humaine), comment pourrait-elle donc ne lui causer que des désagréments voire l’altérer jusqu’à la destruction ?

 Nous verrons, tout d’abord, comment l’humanité tire bénéfice des aménagements qu’elle impose à la nature pour survivre dans une nature hostile (I.), avant d’envisager les effets collatéraux nuisibles de ces activités techniques sur celle-ci (II.). Ceci nous conduira enfin à examiner ce qui fonde la finalité technique : ne dépendrait-elle pas des choix éthiques de ses commanditaires ? (III.)

III. Rédige le développement

1) Rédaction des sous-parties

Chaque grande partie est composée de deux ou trois arguments chaque fois accompagnés d’une référence philosophique et/ou un exemple. Chaque argument fait ainsi l’objet d’une sous-partie. (cf. dans le brouillon « Plan détaillé »)

Méthode
N’oublie pas de revenir régulièrement au sujet pour montrer ce que chaque moment de ta réflexion apporte à l'étude du problème qui t’est soumis.

2) Exemple de rédaction des sous-parties avec I. 1)

I. La technique a pour fin de transformer la nature de façon bénéfique à l’homme, elle ne lui nuit donc pas et encore moins toujours (comme l’indique le « nécessairement »)

Argument 1 : De prime abord, l’homme naturel apparaît comme soumis à une nature qui lui est défavorable, la technique ne nuit pas à la nature, elle rééquilibre ce rapport.

Référence philosophique : le mythe de Protagoras, Platon, Protagoras

 L’homme dépourvu de technique apparaît comme un animal faible dans une nature hostile. À moins de le situer dans une nature abondante et sans aucun danger, l’être humain privé des artifices qu’il développe au sein de son environnement est loin de se trouver au sommet du règne animal. Il ne dispose pas de moyens de défense naturels ni contre les éléments (sans vêtement, ni habitat, il subit toutes les intempéries), ni contre les prédateurs. Sans aucune arme, ses ongles, ses dents, sa rapidité de course, de nage… le situent plutôt parmi les animaux de proie que parmi les grands prédateurs. Le mythe raconté par le personnage Protagoras dans l'œuvre éponyme de Platon tente de donner une explication à cette faiblesse naturelle et à la nécessaire apparition de la transformation de la nature par l’homme pour y remédier. En effet, les dieux grecs auraient chargé les frères et titans Epiméthée et Prométhée de distribuer les qualités aux être vivants. L’étourdi Epiméthée, qui fait cette distribution seul, aurait oublié l’homme, ce qui expliquerait son dénuement initial. Prométhée, soucieux de réparer l'erreur de son frère, vola le feu à Héphaïstos et la connaissance des arts (technè, la technique) à Athéna et les donna aux hommes. Malgré la punition qu’il reçut, il leur offrit par là les moyens de survivre en modifiant la nature afin de répondre aux besoins de leur corps si faible naturellement. C’est donc d’abord pour rééquilibrer le caractère nuisible de la nature à son égard que l’homme serait pourvu de technique.

3) L’importance des transitions

Entre les grandes parties, tu dois montrer qu’une difficulté nécessite l’exposition de la partie suivante. D’où l’importance des conclusions-transitions entre le I. et le II. puis entre le II. et le III. Tu dois y ramasser brièvement les idées que tu viens de démontrer. Souligne le problème qui en découle et qui appellera donc la suite de ton raisonnement.

4) Exemple de conclusion-transition du II. vers le III.

 Nous venons de voir combien, malgré la fin utile de la technique, l’usage qu’en fait l’homme peut se révéler destructeur pour la nature. L’homme serait-il donc condamné à détériorer son milieu de vie jusqu’à sa propre disparition ? Une anticipation des conséquences ne permettait-elle pas de limiter ces conséquences néfastes ?

IV. Compose et rédige la conclusion

1) Composition d’une conclusion

La conclusion doit revenir explicitement à :

  • la question qui t’a été posée,
  • au paradoxe que tu y as décelé,
  • au mouvement d’ensemble de ta réflexion.
Remarque
Tu peux proposer une ouverture finale si, et seulement si, tu es certain de ne pas proposer une réflexion que tu aurais dû mener dans ta dissertation, elle-même.

2) Exemple de rédaction d’une conclusion

 Nous demander si la technique nuit nécessairement à la nature nous a conduit à observer comment la technique, ayant pour fin d’améliorer la nature (environnante et humaine), pourrait ne lui causer que des désagréments, voire l’altérer jusqu’à la destruction. Puisque la nature paraît d’abord hostile à l’homme, la maîtrise technique de cette dernière se présente plutôt comme un rééquilibrage qu’une nuisance, une bonification du milieu et une maîtrise de ses lois en vue d’améliorer la nature humaine. Néanmoins, les conséquences de cette transformation peuvent porter atteinte à la nature comme à la nature humaine et donc bien leur nuire. Il s’agira donc de mesurer notre rôle dans nos actions techniques en anticipant au maximum les effets de nos recherches techniques. La possibilité de transformer techniquement la nature humaine elle-même doit, par exemple, être scrupuleusement mesurée. S’il est désormais techniquement possible de choisir les caractéristiques des embryons humains (la couleur des yeux, etc.), devons-nous pour autant le faire ? Un possible eugénisme technologique ne devrait-il pas nous alerter ?