Les problématiques sociales et leur reconnaissance collective

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I) La notion de précarité

A) Définition

La précarité, selon Joseph Wresinski, consiste en l’absence d’une ou plusieurs des sécurités permettant aux personnes et familles d’assumer leurs responsabilités élémentaires et de jouir de leurs droits fondamentaux. L’insécurité qui en résulte peut être plus ou moins grave et définitive […].

B) Des situations de précarité aux ruptures

Les situations de précarité peuvent être causées par des domaines de la vie courante constituant habituellement des sécurités pour l’individu. Lorsque ces domaines se trouvent fragilisés, qui plus est lorsque ces fragilités s’additionnent et/ou s’enchaînent, elles peuvent générer une situation de précarité qui est souvent un premier maillon contrariant l’équilibre social de l’individu.

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L’emploi constitue le premier de ces domaines. Il est protecteur lorsqu’il garantit un statut durable à l’individu (CDI, statut de fonctionnaire) ainsi qu’une rémunération décente. Il est considéré comme fragilisant lorsqu’il consiste en un CDD, un travail en intérim, une situation de sous-emploi voire un emploi illégal et/ou peu rémunérateur.

Le logement est protecteur lorsqu’il permet à des individus de vivre dignement, dans des conditions matérielles respectables, selon des conditions de salubrité garanties, à un coût raisonnable en fonction de leurs revenus. Le logement est fragilisant lorsqu’il consiste en habitats, souvent en location, inadaptés aux besoins et au nombre de personnes voire insalubre ou au coût non adapté.

La famille enfin peut être domaine de protection lorsqu’elle garantit à l’individu équilibre familial et rapports harmonieux. Elle est en revanche fragilisante lorsqu’elle est source de mésententes, de ruptures, de situations d’isolement.

Attention

Les situations de précarité doivent être repérées avant qu’elles ne se transforment en situations de pauvreté (ce qui n’est pas systématique), voire qu’elles donnent lieu à une rupture grave des liens sociaux pouvant aller jusqu’à l’exclusion.

II) La notion de pauvreté

A) Définitions

Selon le Conseil européen de 1984, sont considérées comme pauvres les personnes dont les ressources matérielles, culturelles et sociales sont si faibles qu’elles sont exclues des modes de vie minimaux acceptables dans la société. C’est-à-dire que leurs ressources ne leur permettent plus de satisfaire à leurs besoins les plus élémentaires. Les situations de pauvreté sont diverses : économique, sociale, éducative, sanitaire, environnementale. Les définitions de la pauvreté sont donc multiples et peuvent prendre différentes formes.

La pauvreté monétaire désigne la condition d’une personne qui manque de ressources et de moyens matériels lui permettent de mener une existence décente.

La nouvelle pauvreté, forme de pauvreté propre aux sociétés modernes, riches et industrialisées, est caractérisée par une fragilisation de la situation des personnes liée aux mutations économiques, sociales et sociétales et aux crises qui les caractérisent.

B) Les seuils de pauvreté

Il s’agit de niveaux de revenus en dessous desquels un individu ou un ménage est considéré comme pauvre. Le revenu pris en compte est le revenu dit disponible, c’est-à-dire après prélèvement des impôts et versement des prestations sociales, selon l’Observatoire des inégalités.

Eurostat utilise pour la mesure de cette situation le seuil de pauvreté à 60 % c’est-à-dire correspondant à 60 % du niveau médian de vie des populations, soit en 2019 à 1 026 euros mensuels pour une personne seule. Ce seuil fait aujourd’hui référence. Environ 8,8 millions de personnes sont aujourd’hui concernées par cette situation en France.

III) Le processus d'exclusion sociale

A) Définition

L’exclusion sociale consiste en une non-réalisation des droits sociaux de base garantis par la loi selon le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. L’exclusion sociale concerne des personnes placées hors de la sphère économique de la société dans laquelle ils évoluaient habituellement.

Définition

Les droits sociaux consistent en un ensemble de règles nouvelles dont bénéficie la population, impliquant une action de la part de l’État, en fonction de l’évolution des mœurs et des besoins des individus.

B) L’exclusion : à la fois spirale et réalisation d’un processus

L’exclusion peut être la conséquence de la pauvreté voire de la précarité, mais ce n’est pas toujours le cas. Parfois la personne bascule soudainement dans cette situation sans avoir auparavant connu ces évènements.

La spirale de l’exclusion, lorsque l’individu s’y engage, est un processus qui l’entraîne progressivement à l’écart du groupe parmi lequel il évoluait jusqu’alors. 3 dimensions cumulées peuvent engendrer l’exclusion sociale :

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IV) Des inégalités sociales menacent la cohésion

Les inégalités sociales peuvent se définir, pour les individus, comme des écarts de situation en termes de conditions et de trajectoires sociales. Assimilées à des différences entre les professions et les catégories sociales, elles sont également fonction du sexe des individus, de l’âge ainsi que de l’appartenance ethnique.

Définition

La trajectoire sociale consiste en un cheminement de l’individu et de ses positions successives en termes de statuts sociaux tout au long de sa vie sociale.

Les inégalités sont à la fois le reflet et un facteur d’un certain nombre de déséquilibres inter-individus et inter-groupes. Elles peuvent être génératrices de tensions entre des individus ou des groupes sociaux, voire même menacer le vivre-ensemble et la cohésion sociale due au plus grand nombre. Les inégalités induisent des écarts de situations mal perçues par les personnes.

V) La reconnaissance des problèmes sociaux par la collectivité

Afin de permettre un vivre ensemble harmonieux, et ainsi atteindre la cohésion visée, les pouvoirs publics doivent être en mesure de lutter efficacement contre les situations d’exclusion et agir sur les environnements qui génèrent ces situations, en mettant en œuvre des réponses adaptées.

Pour ce faire, les pouvoirs publics font appel aux :

médias : télévision, radio, presse, qui ont une place importante dans la connaissance des problèmes sociaux, en sensibilisant et informant les citoyens et les pouvoirs publics ;

réseaux sociaux : Twitter, Facebook, etc. qui relayent l’information et mobilisent également les populations ;

groupes sociaux représentatifs : mouvements citoyens, syndicaux, associatifs (parfois représentés par des personnalités) qui s’emparent des problèmes sociaux et incitent citoyens et politiques à (ré)agir ;

pouvoirs publics eux-mêmes, garants de la cohésion sociale nationale, que les populations incitent et exhortent à prendre ou améliorer les mesures prises en faveur des plus vulnérables.