Les enjeux géopolitiques d’une conquête : la course à l’espace

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La course à l’espace est d’abord le fruit de la rivalité américano-­soviétique pendant la guerre froide. La fin de celle-ci permet l’avènement d’une nouvelle ère, faite de coopération, de l’arrivée de nouvelles puissances spatiales, et même de l’irruption du privé.

I. La conquête spatiale pendant la guerre froide

Les débuts de la conquête spatiale sont dominés par la dimension politique, la conquête de l’espace présentant d’incontestables potentialités militaires. Les ­Soviétiques font la course en tête. En 1957, ils lancent le premier satellite artificiel, Spoutnik, puis mettent en orbite la chienne Laïka ; leurs sondes Luna survolent la Lune et la photographient ; le 12 avril 1961, le premier homme dans l’espace est Youri Gagarine ; en 1965, Alexei Leonov effectue la première sortie en extravéhiculaire.

Les Américains s’efforcent de combler leur retard : en 1958 ils créent la NASA, qui lance le programme de vol habité Mercury. Le programme Gemini leur donne la maîtrise du vol spatial et débouche sur les missions Apollo. Et le 21 juillet 1969, Neil Armstrong et Buzz ­Aldrin gagnent la course à la Lune. De 1969 à 1972, douze Américains foulent le sol lunaire.

Info
La NASA est la National Aeronautics and Space Administration, l’agence spatiale américaine.

Les Soviétiques battus se recentrent alors sur des objectifs moins spectaculaires mais essentiels pour l’avenir. De 1971 à 1986 sont placées en orbite huit stations spatiales, Saliout, Soyouz, Mir de 1986 à 2001, qui permettent d’accumuler de l’expérience en vol et en vie durable dans l’espace. Les Américains font le choix inverse, de navettes spatiales réutilisables, capables de missions fréquentes en orbite terrestre à partir de 1981.

II. Coopérations et nouvelles puissances spatiales

La fin de la guerre froide, en 1991, ouvre une nouvelle ère de coopération spatiale en raison de la baisse drastique des budgets spatiaux. La course à l’espace est également devenue commerciale, car les applications offertes par les satellites – télécommunications, positionnement, météo, climatologie, agriculture, prospection, suivi de catastrophe – sont innombrables : elles représentent aujourd’hui plus de 300 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel.

La coopération russo-américaine s’est traduite par des séjours communs à bord de Mir, puis le lancement de la Station spatiale internationale (ISS ), en partenariat avec les agences spatiales européenne, canadienne et japonaise. En 1975 est créée l’Agence spatiale européenne (ESA) : la première fusée Ariane décolle de Kourou en 1979.

De nouveaux acteurs étatiques sont apparus : la Chine, dont les ambitions sont immenses, et l’Inde, avec des missions à bas coût. Israël, les Corées ou l’Iran se sont également lancés dans la course avec des objectifs militaires évidents (satellites espions, satellites tueurs).

III. Le New Space : l’irruption du privé dans l’espace

Essentiellement américaines, les entreprises d’Elon Musk (SpaceX), de James Cameron (Planetary Resources) ou de Jeff Bezos (Blue Origin) ne sont que les exemples les plus connus d’une nébuleuse d’un millier d’entreprises qui ont investi la course à l’espace.

Leurs objectifs sont commerciaux mais ambitieux : fabriquer des lanceurs réutilisables, ravitailler l’ISS, connecter le monde entier à Internet (projet Starlink), développer le tourisme spatial, exploiter les ressources minières extraterrestres, coloniser la planète Mars (SpaceX)…

Or, le traité de l’espace de 1967, qui interdit l’appropriation de l’espace ou des corps célestes par les États, ne concerne pas le secteur privé. En 2015, le Space Act du président Obama a autorisé les sociétés américaines à extraire les ressources minières des astéroïdes et des planètes.