Dans une économie de marché, tous les biens produits ne peuvent être échangés sur le marché. C’est le cas des biens collectifs et des biens communs, dont les caractéristiques constituent des défaillances du marché.
I. Les biens collectifs
1) Les biens collectifs s’opposent aux biens privés
L’économiste américain Paul Samuelson (1915-2009) distingue les biens selon deux critères : l’exclusion et la rivalité. L’utilisation de ces deux critères, reprise et complétée par d’autres économistes, permet de distinguer les différents types de biens. Ainsi, les biens privés sont excluables et rivaux.
Selon la définition la plus courante, les biens collectifs sont des biens, mais également des services, qui bénéficient à tous. La consommation d’un tel type de bien par un individu n’empêche pas la consommation par un autre individu (non-rivalité), et personne ne peut être exclu de ce bien (non-exclusion). On peut prendre comme exemples la Défense nationale ou l’éclairage public.
2) Les biens collectifs, une défaillance du marché
Mot clé
Le coût marginal est le coût supplémentaire induit par la production d’une unité supplémentaire d’un produit.
Un bien collectif est un bien non divisible : la quantité disponible de ce bien est entièrement consommée par chacun des consommateurs et un consommateur supplémentaire n’implique pas un coût supplémentaire : le coût marginal du bien collectif est nul.
Aucun consommateur d’un bien collectif ne peut être exclu. Ce principe d’indivisibilité d’usage implique qu’il n’y a pas de compétition entre les consommateurs pour utiliser le bien.
L’indivisibilité d’usage d’un bien collectif n’oblige pas les consommateurs à révéler leurs préférences pour offrir un prix. Cette situation incite les consommateurs à adopter un comportement de « passager clandestin » car les agents économiques cherchent à bénéficier du bien collectif sans contribuer à leur financement.
II. Les biens communs
1) Les caractéristiques des biens communs
Un bien commun est rival, contrairement à un bien collectif, mais non excluable, à la différence d’un bien privé. Ainsi, les ressources naturelles telles que les ressources halieutiques (ressources vivantes des milieux aquatiques) sont des biens communs : chacun peut les utiliser (non-exclusion) mais leur consommation exclut d’autres consommateurs potentiels (rivalité).
La notion de « bien commun » dépasse l’analyse économique. En effet, on parle de « commun » lorsqu’on s’intéresse à la façon d’utiliser une ressource et à la manière de la gérer par une communauté. Ainsi, la notion de « commun » est aussi politique qu’économique. C’est le cas de l’habitat participatif.
2) Les biens communs et le marché
En 1968, le biologiste américain Garrett Hardin (1915-2003) publie un article dans lequel il décrit un mécanisme social et écologique qu’il nomme la « tragédie des communs ». Sa conclusion est qu’un bien commun disparaît du fait de sa non excluabilité, sauf s’il est géré par l’État comme un bien collectif ou s’il est privatisé et régulé par le marché.
La politologue Elinor Ostrom (1933-2012, prix Nobel d’économie en 2009) remet en cause les conclusions de Garrett Hardin. En analysant de nombreuses expériences dans le monde, elle montre que la surexploitation des biens communs peut être évitée si les utilisateurs s’organisent pour les gérer.