Le théâtre aux XXe et XXIe siècles

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En tournant le dos à la tradition, la dramaturgie contemporaine s’interroge sur son propre fonctionnement et s’attache à rendre compte des désordres de l’Histoire.

I. Le théâtre à l’épreuve des deux Guerres mondiales

1) La réécriture des mythes antiques

Les mythes antiques sont revisités par les dramaturges à la lumière des épisodes marquants du siècle : Cocteau avec La Machine infernale (1934), Giraudoux avec Electre (1937) et Anouilh avec Antigone (1944) livrent, sur un mode humoristique et anachronique, une méditation sur la condition humaine.

2) Les dramaturges engagés

Philosophe existentialiste, Jean-Paul Sartre incarne dans ses pièces les concepts clés de sa pensée : le rapport à l’Autre et la responsabilité de chacun vis-à-vis de ses propres actes se trouvent littéralement dramatisés dans Huis clos (1944), par exemple.

Fondateur de la philosophie de l’Absurde, qui procède du sentiment d’une existence injustifiée, Albert Camus réfléchit par la voix de ses personnages au drame de l’individu et leur fait jouer la révolte, seule issue à l’épreuve du non-sens, comme dans Les Justes (1949).

3) Le théâtre de l’Absurde

À noter

L’expression « Nouveau Théâtre » est une référence au mouvement du Nouveau Roman qui proposait de renouveler les codes de l’écriture romanesque en rupture avec le réalisme.

À partir des années 1950, le sentiment de l’absurde gagne non seulement les thèmes du théâtre mais également ses formes. Entérinant une crise majeure des valeurs issues du rationalisme et de l’humanisme, le Nouveau Théâtre met en scène le problème de l’incommunicabilité entre les êtres et de la cruauté des rapports humains.

L’action se réduit alors à la seule expression, soutenue par la mise en scène. Dans Pour un oui ou pour un non de N. Sarraute, l’action se nourrit de tout ce que ne dit pas le dialogue, de tous les sous-entendus de la parole, de toutes les tensions cachées sous les mots.

Le langage des corps se substitue souvent à la parole, qui apparaît comme vaine. Ainsi, dans Rhinocéros de Ionesco, la transformation progressive des personnages en pachydermes manifeste l’échec du discours rationnel.

Le décor, les objets, l’inscription physique des comédiens dans l’espace, et plus largement la scénographie, prennent une place décisive en raison même de la mise en question de la parole et du sens. Chez Beckett, les didascalies prescrivent les moindres gestes, déplacements, mimiques, qui pourraient s’apparenter à des notes de mise en scène.

II. Le théâtre au XXIe siècle

Au XXIe siècle, le théâtre poursuit ses réflexions métaphysiques sur le langage et les rapports humains avec B.-M. Koltès (La Solitude dans les champs de coton) et J.-L. Lagarce (Juste la fin du monde) entre autres, et affirme sa dimension spectaculaire dans la création des pièces comme en témoignent les mises en scène que W. Mouawad a données de son œuvre (Incendies).

Échappant aux dramaturges, le théâtre devient l’affaire des metteurs en scène qui puisent dans le répertoire légué par les siècles passés et le revisitent : Ariane Mnouchkine et sa troupe proposent ainsi depuis plus de quarante ans une nouvelle forme de création dramatique au Théâtre du Soleil, inspirée des formes antiques et nourrie d’influences étrangères.