Souhaitant dépasser l’opposition classique entre la tragédie et la comédie, les dramaturges ont, dès le XVIIIe siècle, inventé un troisième genre, celui du drame. Dans la première moitié du XIXe siècle, celui-ci devient une des formes d’expression de la révolution romantique.
I. Le siècle des Lumières : un théâtre en transition
1) Entre permanence…
Au XVIIIe siècle, le théâtre s’écrit en référence au classicisme : la tragédie reste l’étalon. Cependant, les auteurs comme Voltaire adaptent ce genre ancien aux combats philosophiques de leur temps.
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La commedia dell’arte désigne un genre de théâtre comique né en Italie au XVIe siècle, où des acteurs improvisent, masqués, à partir de canevas déterminés et de rôles définis.
La comédie, de son côté, creuse le sillon dessiné par Molière : Marivaux, dans La Double inconstance notamment, reprend le personnage du valet rusé et s’inspire de la commedia dell’arte pour affiner le comique moliéresque.
2) … et renouveau
Face à la lassitude des spectateurs, un nouveau modèle dramatique apparaît, sous l’impulsion de Beaumarchais avec Le Mariage de Figaro et Diderot dans Le Fils naturel, qui prend le nom de « comédie sérieuse » ou « drame bourgeois », pièce en prose intermédiaire entre tragédie et comédie.
Dans ce type de pièce, les personnages sont contemporains du public et se définissent avant tout par le statut qu’ils occupent à la fois dans la société et au sein de la famille.
S’éloignant des intrigues historiques et politiques des tragédies, le théâtre entre dans l’intimité familiale et plante ses décors dans des intérieurs bourgeois.
Le registre verse dans le pathétique : l’auteur cherche à susciter la compassion et à enseigner la vertu au spectateur.
II. Le XIXe siècle : révolutions théâtrales
1) Le drame romantique
Le drame romantique remet en question la définition stricte des genres issue du classicisme. En 1830, Hernani, de Victor Hugo, donne ainsi lieu à une véritable bataille entre les partisans du théâtre classique et ceux du théâtre romantique.
Le drame romantique se caractérise par :
- sa liberté de création qui s’affranchit des règles de temps et de lieu ;
- sa volonté de mélanger les genres et les registres en proposant une alliance de « grotesque » et de « sublime », en miroir de la vie humaine ;
- son souci d’ancrer la scène dans la temporalité historique en évoquant des détails caractéristiques d’une « couleur locale » ;
- sa préférence pour des héros passionnés, persévérants en dépit de la fatalité.
2) L’après-romantisme
À la fin du XIXe siècle, le drame symboliste se distingue de ceux, bourgeois ou romantique, qui l’ont précédé : il se fonde sur une certaine indétermination temporelle, privilégie les atmosphères mystérieuses et se rapproche, par son art de la suggestion, de la poésie. En 1892, Pelléas et Mélisande de Maeterlinck en donne une illustration.
Sur la même période, un théâtre « de boulevard » voit le jour sous la plume de Labiche et Feydeau : des comédies satiriques, anciennement appelées vaudevilles, mêlent quiproquos bouffons, situations grivoises et parfois chansons pour le seul plaisir des spectateurs.
L’avant-garde provocatrice incarnée par Alfred Jarry et son Ubu Roi (1896) renverse les codes du théâtre, préfigurant les grands bouleversements du XXe siècle. Ubu Roi raconte en effet, sur un mode outrancier, les tribulations d’un dictateur grotesque qui impose à ses sujets un régime qui s’apparente aux totalitarismes à venir.