Romantique, réaliste ou naturaliste, le XIXe siècle est le siècle du roman.
I. Les grands courants littéraires
1) Le temps du romantisme
Le récit romantique met souvent en scène un héros en conflit avec la société, qui s’en exclut par l’exil, (René, Chateaubriand, 1801) ou par un caractère hors du commun (Corinne, Madame de Staël, 1807).
Le héros romantique est le plus souvent un être passionné chez qui domine une souffrance intime qui s’exprime dans l’affirmation d’un « je » omniprésent.
Le romantisme peut s’inspirer de l’Histoire : les troubles de 1789, les campagnes de Napoléon, le retour de la monarchie et ses épisodes révolutionnaires, fournissent une riche matière. Les Misérables de Victor Hugo lui donnent une dimension sociale.
2) Une réaction : le réalisme
À la subjectivité du « je » romantique, le réalisme oppose la volonté d’observer et représenter le réel avec objectivité. Le récit réaliste scrute en profondeur la société et ses travers.
Dans La Comédie humaine, Balzac dresse un panorama de la société de son temps en créant des personnages représentatifs de tous les milieux. Ceux de Stendhal sont pris dans l’histoire contemporaine (Le Rouge et le Noir est sous-titré Chronique de 1830). Ceux de Flaubert appartiennent à la bourgeoisie provinciale (Madame Bovary) ou parisienne (L’Éducation sentimentale).
Citation
« Un roman est un miroir qui se promène sur une grande route. Tantôt il reflète à vos yeux l’azur des cieux, tantôt la fange des bourbiers… » (Stendhal)
Les romans réalistes sont souvent romans d’apprentissage. Ils retracent des destins individuels de héros dans une société cruelle qui les refuse (Julien Sorel chez Stendhal), dont ils profitent (Bel-Ami chez Maupassant), ou dont ils ne comprennent pas le fonctionnement (Frédéric Moreau chez Flaubert).
3) Une prolongation : le naturalisme
Dans le prolongement du réalisme, le récit naturaliste, qui a pour chef de file Émile Zola, se veut le compte-rendu méthodique et documenté de la réalité sociale de la fin du siècle.
Le romancier pose un œil scientifique sur son personnage qui devient le cobaye d’une expérimentation visant à montrer que l’homme est déterminé par son contexte et son hérédité (Le Roman expérimental, Zola).
II. Des influences transversales
1) Le rôle du progrès
Dès 1836, les journaux, en plein essor, conquièrent un lectorat plus grand grâce à la publication de romans-feuilletons. De nombreux auteurs se prêtent à ce nouveau genre, parmi lesquels Alexandre Dumas, Eugène Sue, Balzac, Zola.
L’industrialisation et les découvertes scientifiques fournissent de la matière aussi bien aux récits d’anticipation de Jules Verne qu’aux romans naturalistes de Zola.
2) L’attrait pour le voyage
Que ce soit pour découvrir un monde premier (Chateaubriand, Atala, 1801), un pays proche (Stendhal, Chroniques italiennes, 1855), ou un ailleurs exotique (Flaubert, Salammbô, 1862), les romans du XIXe siècle font voyager les lecteurs.
Tout au long du siècle, les écrivains publient leurs carnets et récits de voyage : L’Itinéraire de Paris à Jérusalem (Chateaubriand, 1811), Voyage en Orient (Nerval, 1851), Le Désert (Pierre Loti, 1895)…
3) Le goût du fantastique
Le goût du fantastique traverse le siècle : on le trouve aussi bien dans la période romantique (romantisme noir), que dans le réalisme (Balzac, Maupassant, Gautier, Mérimée). Le suspense et l’inquiétude suscités par le fantastique se coulent souvent dans le format bref de la nouvelle.