Le cyberespace, entre réseaux et territoires

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Espace virtuel de la connaissance, le cyberespace est aussi un territoire dont les frontières et les limites de souveraineté sont difficiles à définir.

I. Un espace virtuel aux enjeux ­territoriaux

1)  Un espace difficile à définir

Le cyberespace est un espace d’information constitué du réseau maillé des infrastructures des technologies de l’information (dont Internet) et de télécommunication, généré par l’interconnexion globale des systèmes informatiques. C’est un espace intangible dans lequel ont lieu des échanges déterritorialisés où la distance est abolie.

Info

Le terme cyberespace est apparu dans un roman de science-fiction de William Gibson, Neuromancer, en 1984. S’il ne désigne pas un territoire au sens premier du terme, il est souvent perçu comme tel.

L’émergence du cyber­espace a fait rêver à un « village global » libre de toute contrainte spatiale, avec un accès à la connaissance illimité. Aujourd’hui, il est perçu par les États comme un territoire à conquérir et à surveiller.

2)  Un réseau complexe constitué de couches superposées

La première couche est l’infrastructure physique : câbles terrestres et sous-­marins, relais, serveurs. Elle est fortement territorialisée et stratégique : tout le fonctionnement d’Internet en dépend.

Les autres couches sont virtuelles : services qui assurent la transmission (routage et adressage), applications qui permettent l’accès (web, mails, réseaux ­sociaux), producteurs et consommateurs de contenus (couche cognitive).

Le réseau a été conçu pour laisser l’information circuler librement et pour contourner les blocages, notamment étatiques. Mais les États ont vite perçu sa vulnérabilité pour assurer leur contrôle : la Chine a ainsi repensé l’architecture du réseau pour imposer la censure, avec un accès très limité pour les citoyens.

II. Un espace géopolitique majeur

1)  Des acteurs multiples

Les réseaux sont pour l’essentiel possédés et administrés par le secteur privé (GAFAM). Les États exercent une forme de gouvernance et de régulation (RGPD dans l’UE) rendue difficile par l’absence de frontières de cet espace.

Le cyberespace bouleverse la hiérarchie entre pouvoir ­traditionnel (gouvernements, institutions, grandes entreprises) et pouvoir distribué (­hacktivistes, hackers, criminels). Sa forte accessibilité privilégie les petits acteurs.

2)  Des enjeux de pouvoir économique et politique

Inventeurs du premier réseau, les États-Unis en ont conçu l’architecture, construit l’infrastructure physique, et gardent une nette avance technologique. Ils entendent garder la maîtrise de la gouvernance et s’opposent à une entente mondiale. Ils appliquent le principe d’extraterritorialité.

Mot clé

Le principe d’extraterritorialité est une situation dans laquelle les compétences d’un État régissent des rapports de droit situés en dehors de son territoire.

L’affaire Snowden (2013) a montré les limites de cette hégémonie et provoqué des revendications de souveraineté nationale (protection des données stratégiques). Mais une moindre coopération ­internationale affaiblirait la lutte contre la cybercriminalité .

Les puissances émergentes (Russie, Chine, Brésil) contestent cette suprématie. L’UE reste en retrait.

3)  L’illusion d’un espace unique, ouvert et sans contrôle

Le cyberespace est multiple, constitué de sous-ensembles linguistiques, culturels ou politiques : le web est différent selon l’endroit où on se connecte.

Les acteurs économiques ont intérêt à maintenir son ouverture et son inter­opérabilité. Ils soutiennent les initiatives qui promeuvent sa liberté.

Les États peinent à concilier les aspirations des utilisateurs à un espace ouvert et libre (open data) et leur volonté de contrôle sur la circulation des données (big data).

 

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Géopolitique de l’Internet : quelle hiérarchie des puissances ?

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