La valeur d’une civilisation se reconnaît-elle au développement de sa technique ?

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Les civilisations humaines sont variées. Certaines, comme la civilisation de l’Europe occidentale, ont davantage développé la technique que d’autres. Le développement des techniques est-il la marque du progrès d’une civilisation ?

I. Technique, progrès et puissance

1)  La maîtrise de la nature

Si la technique constitue un critère de valeur d’une civilisation, c’est parce qu’elle permet l’amélioration de la vie humaine par le biais d’une maîtrise efficace de la nature. Pour Francis Bacon, le développement des sciences et des techniques rend envisageable le progrès indéfini de l’esprit humain. Ce progrès tend vers une situation idéale, où seraient comblés tous les désirs des hommes et où leurs conduites seraient enfin moralement bonnes.

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Terme équivoque, le mot civilisation désigne les progrès accomplis par l’humanité dans une nation, un idéal à atteindre, ou encore, de manière neutre, l’ensemble des traits qui caractérisent une société donnée.

Les civilisations qui connaissent une technique fortement développée sont aussi celles où les besoins matériels humains sont les mieux satisfaits. Les travaux y sont facilités par l’usage d’instruments et de machines toujours plus perfectionnés et les rendements (agricoles notamment) y sont accrus.

La technique permet d’offrir aux hommes une vie plus aisée, plus confortable, et de réaliser de grands rêves de l’humanité : voler, conquérir l’espace, marcher sur la Lune et peut-être bientôt sur Mars.

2)  La domination économique et politique

C’est grâce au développement des techniques maritimes, militaires et commerciales que les États européens ont pu bâtir jadis un empire colonial. Aujourd’hui, la possession d’une technique développée signe la puissance d’un État, lequel impose ses règles à d’autres États.

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La puissance est la propriété d’un objet ou d’une personne. Elle ne caractérise pas ici une simple capacité, mais la manifestation concrète d’un pouvoir d’action, d’une force.

Dès lors, il est tentant de hiérarchiser les civilisations en fonction de leurs développements techniques propres. On se représente chacune d’elles comme une étape dans un grand processus évolutif entraînant l’humanité entière vers des formes de civilisations toujours plus technicisées.

II. Le caractère relatif des valeurs

1)  Le risque de l’ethnocentrisme

Pour les membres d’une civilisation fortement développée techniquement, comme le relève Lévi-Strauss, les civilisations qui empruntent une autre voie semblent stationnaires. Cette évaluation exprime, en réalité, une incompréhension : un observateur extérieur à une civilisation projette sur celle-ci un critère qui ne vaut que pour une civilisation singulière.

Ainsi, là où nous croyons déceler l’immobilisme d’une civilisation, nous ne faisons qu’exprimer notre ignorance pour ses intérêts véritables. Autrement dit, les civilisations ont tendance à se mépriser parce qu’elles ne se ressemblent pas. Il s’agit là d’ethnocentrisme : nous faisons du groupe ethnique auquel nous appartenons le modèle de référence.

2 ) D’autres critères de valeur possibles ?

La civilisation occidentale, depuis deux ou trois siècles, s’est consacrée au progrès des techniques, en vue d’offrir à l’homme des moyens mécaniques de plus en plus puissants. L’erreur est d’ériger ce fait en critère universel.

En retenant d’autres critères, on obtiendrait des évaluations bien différentes. Si l’on privilégie, par exemple, le degré d’aptitude à triompher des milieux géographiques les plus hostiles, les civilisations des Esquimaux et des Bédouins remporteraient la palme de la valeur.