La question patrimoniale au Mali

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Le Mali possède quatre biens inscrits au patrimoine de l’Unesco. Ces sites, détruits ou rendus inaccessibles par des conflits, ont été en partie restaurés sous l’action de la communauté internationale. La préservation du patrimoine devient alors un moyen d’instaurer la paix et de favoriser le développement.

I. Un patrimoine exceptionnel

Au cœur du commerce transsaharien, le Mali abrite de nombreux sites exceptionnels qui témoignent de l’activité artistique, intellectuelle et scientifique depuis le Moyen Âge.

Tombouctou et ses 16 mausolées, le tombeau des Askia, les villes anciennes de Djenné, les falaises de Bandiagara regroupent des constructions qui témoignent de l’ancienneté du fait urbain en Afrique.

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Un mausolée est un monument funéraire, souvent de grande dimension.

II. Un patrimoine en péril

1 ) Le Mali : un pays en guerre

Depuis l’indépendance du Mali en 1960, des tensions existent entre le Sud, peuplé de sédentaires, et le Nord où vivent les Touaregs, nomades. Ces derniers revendiquent leur indépendance au sein d’un mouvement nationaliste (MNLA).

Des islamistes algériens, pourchassés, se réfugient au nord du Mali où ils créent en 2007 AQMI (Al-Qaida au Maghreb islamique). Avec Insar Dine, un courant islamiste touareg, ils repoussent le MNLA et occupent le nord du Mali en 2012.

Affirmant que le Coran interdit la vénération de mausolées, les djihadistes détruisent ceux de Tombouctou en juin 2012. En janvier 2013, le sud du pays est menacé : le président malien demande l’intervention militaire de la France.

INFO +

Les sites maliens inscrits au patrimoine mondial de l’humanité

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2)  Les destructions patrimoniales

En janvier 2013, les régions du nord sont libérées lors de l’opération Serval. Quatorze mausolées ont été détruits à Tombouctou. De nombreuses bibliothèques privées sont victimes d’un attentat en septembre 2013 : plus de 4 200 manuscrits anciens sont brûlés ou volés.

Dans tout le nord du Mali, l’occupation islamique a empêché l’entretien d’un patrimoine fragile (en argile, terre cuite ou sable), ainsi que l’activité touristique, source de revenus. Des pratiques inscrites au patrimoine immatériel (musique, jeux, rassemblements) ont été interdites par les djihadistes.

III. L’Unesco au secours du patrimoine malien

Dès juin 2012, l’Unesco inscrit Tombouctou sur la liste des biens en péril et organise l’exode de 370 000 manuscrits vers Bamako. En février 2013, elle adopte un plan d’action pour la réhabilitation du patrimoine culturel du Mali.

Grâce à des études minutieuses, les connaissances sur les mausolées et les rites qui y ont été associés progressent. Les chantiers permettent aux artisans de transmettre leur savoir-faire aux jeunes générations, la population locale est fortement mobilisée. Mais l’authenticité des sites est mise en cause.

Cette première phase de reconstruction, achevée en 2016, prouve le rôle fédérateur et déterminant que joue le patrimoine culturel dans la cohésion sociale et la paix. Le patrimoine du Mali devrait pouvoir devenir un levier du développement économique du pays à condition que la situation politique s’améliore.