Légende de la leçon
Vert : définitions
Introduction
Il existe de nombreuses définitions et modèles d’autorité : militaire, juridique, sociale, politique... Parmi celles-ci, nous pouvons retenir que l’autorité est un pouvoir justifié par ceux sur lesquels il s’exerce. L’autorité est considérée comme un pouvoir consenti, qui s’exerce idéalement sans contrainte. La force et la violence interviennent quand l’autorité a échoué. L’autorité questionne, d’une certaine manière, le lien social et la liberté de chaque individu en société.
Objectif : Cette leçon aide à comprendre la notion d’autorité d’un point de vue étymologique et philosophique.
I. Origines de l’autorité
1) L’auctoritas romaine
Le mot « autorité » vient du latin auctoritas. L’auctoritas désignait la légitimité du Sénat et des prêtres romains. « Potestas in populo, auctoritas in senatu », « tandis que le pouvoir réside dans le peuple, l’autorité appartient au Sénat », écrit l’homme politique et orateur romain Cicéron (106-43 av. J.-C.), dans un discours prononcé en -55, intitulé In Pisonem.
Ainsi, il existait différents types d’autorité à Rome :
- l’autorité conférée par un statut social, nommée auctoritas ;
- l’autorité légale, traduite par potestas ;
- l’autorité militaire, appelée imperium.
Selon l’historien Yann Berthelet, lors d’un séminaire à retrouver sur le site du Collège de France : « L’auctoritas désignait la capacité d’un individu ou d’un groupe, indissociable d’une position de prestige au sein de la cité, à donner un avis ou un conseil qui avait du poids et que l’on écoutait, à susciter et légitimer l’action d’autrui. » On peut, ainsi, saisir l’autorité comme une manière de donner du poids aux paroles et aux actes.
Définition
Légitime. Qualité de ce qui est reconnu conforme au droit, à la justice, aux lois.
2) L’autorité : confirmer le passé, créer de la nouveauté
De même, la philosophe Hannah Arendt (1906-1975) écrit dans La crise de la culture (1961), dans un chapitre intitulé « Qu’est-ce-que l’autorité ? », que les origines de l’autorité se trouvent dans : « L’approbation ou la désapprobation des dieux quant aux décisions prises par les hommes. Les dieux aussi ont de l’autorité chez les hommes, plus qu’un pouvoir sur eux ; ils "augmentent" et confirment les actions humaines mais ne les commandent pas. »
Exercer l’autorité, c’est encourager des actions. Le verbe latin augeo, dont provient l’auctoritas romaine, signifie « faire naître , augmenter, produire à l’existence ». La personne qui fait usage d’autorité initie quelque chose de nouveau. Elle est détentrice d’une puissance d’ordre symbolique, souvent conférée par un héritage passé, et elle est fondatrice de quelque chose à son tour.
L’autorité de la parole, dite ou écrite, permet de relier passé, présent et futur, puisqu’elle est à la fois détentrice (passé) et fondatrice (présent et futur). L’autorité a un rapport avec la perception du temps mais aussi avec la mortalité des hommes. En effet, les institutions permettent de pallier la disparition des individus, la fragilité de la vie humaine personnelle. L’autorité peut être perçue alors comme institutionnalisée, c’est-à-dire qu’elle reste tandis que les hommes, entendus comme individus mortels, passent. En cela, on peut affirmer que l’autorité a un rapport avec la mortalité des hommes.
II. Autorité et contexte social
1) L’autorité : une notion entre contrainte et liberté
L’autorité s’inscrit toujours dans un contexte social : elle suppose au moins la relation entre deux personnes, comme de maître à élève ou de parent à enfant.
Comme nous le disions plus haut, l’autorité oriente les actions des hommes. Idéalement, elle s’exerce sans contrainte. L’usage de l’autorité suppose de rechercher un équilibre entre obéissance et liberté. Ainsi, le maître donne une consigne à l’élève pour que celui-ci résolve un problème et finisse par s’émanciper. Le parent peut faire usage d’autorité en limitant les actions de son enfant pour le protéger de potentiels dangers, tout en l’aidant à découvrir le monde.
« L’autorité implique une obéissance dans laquelle les hommes gardent leur liberté », écrit la philosophe Hannah Arendt dans La crise de la culture.
De même, dans la sphère politique, les individus restent idéalement libres de leurs pensées et de leurs actes, dans la limite où ils ne nuisent pas à autrui.
2) L’autorité politique et le contrat social
Dans l’article « Autorité politique » du premier volume de l’Encyclopédie paru en 1751, le philosophe Denis Diderot (1713-1784) note : « L'homme ne doit ni ne peut se donner entièrement et sans réserve à un autre homme » Autrement dit, les hommes établissent entre eux des formes d’autorité pour vivre en société, mais ils doivent faire preuve de modération et de raison.
Pour Diderot, seul Dieu a un pouvoir absolu sur les hommes. Lorsque les hommes font usage d’autorité, cela doit être dans les limites d’un contrat social, c’est-à-dire de règles politiques sur lesquelles ils se sont mis d’accord, et qu’ils consentent à respecter. L’autorité politique du contrat social réside en un commun accord des hommes les uns envers les autres. L’autorité qu’un homme peut exercer sur un autre homme est une règle construite, ce n’est pas une faculté innée.
Définition
Contrat social. Accord librement consenti entre les membres d’une même société, entre les gouvernés et les gouvernants, entre l'individu et l'État. Cet accord permet aux hommes de coexister pacifiquement. Des théories du contrat social ont été formulées dès le XVIIe siècle par des philosophes comme Thomas Hobbes (1588-1679), au moment où les guerres de religions déchirent l’Europe. Du contrat social ou Principes du droit politique est aussi le titre d’un ouvrage du philosophe Jean-Jacques Rousseau (1712-1778), publié en 1762.