(sur téléphone ne pas oublier d'activer le son multimédia dans les paramètres)
Pour insérer un dialogue dans un récit, il est nécessaire de respecter quelques principes de base.
o Mais commençons par écouter un exemple tiré d'une nouvelle de Maupassant.
Le narrateur aperçoit, dans le café où il est entré, un homme à l'aspect pitoyable et répugnant.
" Dès que je fus assis à son côté, ce personnage me dit d'une voix tranquille : "Tu vas bien ?"
Je me tournai vers lui d'une secousse et je le dévisageai.
Il reprit : "Tu ne me reconnais pas ?
- Non !
- Des Barrets."
Je fus stupéfait. C'était le comte Jean des Barrets, mon ancien camarade de collège. Je lui serrai la main, tellement interdit que je ne trouvai rien à dire.
Enfin je balbutiai : "Et toi, tu vas bien ?"
Il répondit placidement : "Moi, comme je peux."
Il se tut, je voulus être aimable, je cherchai une phrase : "Et… qu'est-ce que tu fais ?
Il répliqua avec résignation : "Tu vois."
Je me sentis rougir. J'insistai : "Mais tous les jours ?"
Il prononça, en soufflant d'épaisses bouffées de fumée : "Tous les jours c'est la même chose." "
o Cet extrait permet de rappeler quelques principes essentiels pour insérer un dialogue dans un récit. Lesquels ?
• 1er principe. Chaque réplique (ou ensemble de répliques) est accompagnée par une phrase narrative qui contient un verbe de parole.
" Dès que je fus assis à son côté, ce personnage me dit d'une voix tranquille : "Tu vas bien ?" "
Ici, on a le verbe " dit ". Mais l'auteur varie les verbes de parole dans la suite du texte : " balbutiai ", " répondit ", " cherchai une phrase ", " répliqua ", " insistai ", " prononça ". Ces verbes de parole sont au temps du récit, ici au passé simple.
Notez que la phrase narrative peut suivre la réplique : "Tu vas bien ?", me dit-il. On parle alors de proposition incise.
• Autre principe. Le dialogue a pour temps de base le présent de l'indicatif :"Tu vas bien ?", "Tu ne me reconnais pas ? ", "Et…qu'est-ce que tu fais ?".
En référence à ce présent d'énonciation, les événements passés sont rapportés, par les locuteurs, au passé composé ou à l'imparfait.
• Troisième principe important. Les répliques doivent paraître naturelles dans la bouche de chacun des personnages. Ici, le dialogue est limité, très oral. Les phrases sont courtes, parfois non verbales, de types variés : " "Et… qu'est-ce que tu fais ? ", " "Tu vois." ", " "Mais tous les jours ?" ". Cela correspond bien à la situation des personnages.
• Ceci nous amène au dernier principe. Le dialogue apporte des informations.
Que nous apprend ici le dialogue ?
Il fait ressortir la difficulté des deux personnages à échanger : la vie a séparé les deux hommes qui ont suivi chacun des chemins bien différents.
De manière plus subtile, il met en évidence le contraste entre la tranquillité de Des Barrets et l'embarras de son ancien condisciple ce qui confère au premier une espèce de supériorité malgré sa déchéance.
o Retenez que pour réussir l'écriture d'un dialogue dans un récit, il faut penser :
- à ancrer les passages dialogués dans des passages narratifs, à l'aide de verbes de parole variés
- à formuler les répliques de la manière la plus vraisemblable possible
- à construire le dialogue de manière qu'il fasse progresser l'action et apporte des informations sur les personnages.