Guerres européennes, mondiales, totales (1914-1945)

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Deux guerres d'anéantissement (1914-1945)

A) La Première Guerre mondiale (1914-1918)

Les États européens rivalisent économiquement, politiquement et territorialement. Les nationalismes exacerbent les tensions. À Sarajevo (28 juin 1914), l’héritier impérial austro-hongrois est assassiné par un nationaliste serbe. La Triple Alliance (Allemagne, Autriche-Hongrie, Italie) déclare la guerre à la Triple Entente (France, Royaume-Uni, Russie) alliée à la Serbie. La guerre devient mondiale avec la mobilisation des colonies.

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Nationalisme : attachement profond à sa nation, volonté de créer un État indépendant.

Après une brève guerre de mouvement à la fin de 1914, dont l’objectif est de se déplacer vite pour conquérir du territoire, la guerre de position est privilégiée. Les soldats creusent des tranchées, grands fossés qui servent d’abri et de site de départ des attaques. Les souffrances physiques (froid, faim, manque d’hygiène, bruit…) et morales (peur de la mort, découragement…) marquent cette longue guerre d’usure (1915-1917). L’objectif majeur est dès lors d’épuiser l’adversaire physiquement, moralement et économiquement, sans reculer. Commencent alors de longues batailles meurtrières, terrestres (ex. : Verdun en 1916, 700 000 victimes) et maritimes, avec peu de résultats.

En 1917, l’absence de résultats provoque des révoltes chez les soldats (mutineries) dans les tranchées. La Russie en révolution quitte le conflit prématurément. L’Allemagne coule un navire américain. Les États-Unis entrent dans le conflit et soutiennent militairement et économiquement la France, le Royaume-Uni et leurs alliés en 1917.

Les empires disparaissent : la Russie (révolution communiste, oct. 1917), l’Autriche-Hongrie et l’Empire ottoman se disloquent ; l’empire allemand négocie l’armistice le 11 novembre 1918, il est remplacé par la République de Weimar en 1919. Les traités de paix (1919-1920) reconstruisent l’Europe, ruinée économiquement et démographiquement.

B) Vers la Seconde Guerre mondiale (1930-1945)

Un mouvement pacifiste accompagne la reconstruction en Europe. La crise des années 1930, économique et politique, détourne de nombreux Européens des régimes parlementaires, jugés incompétents. Les régimes totalitaires et les partis anti-démocratiques s’imposent (fascistes, nazis…). En Asie, le Japon engage une politique de conquêtes (ex. : en Chine dès 1932). L’Axe (Allemagne, Italie, Japon) se forme en 1936.

De 1939 à 1942, l’Allemagne et l’Italie conquièrent l’Europe tandis que le Japon s’agrandit dans le Pacifique. L’Allemagne s’étend en Pologne, en Europe du Nord en 1939-1940 puis envahit la France en mai-juin 1940. Elle échoue contre le Royaume-Uni en 1940-1941 mais l’isole. Puis elle conquiert l’Europe du Sud-Est avant d’agresser l’URSS (1941). Le 7 décembre 1941, les Japonais attaquent les Américains (Pearl Harbor). Les États-Unis, la France libre, le Royaume-Uni, l’URSS et la Chine, forment alors les Alliés contre l’Axe.

Mots-clés

Régime totalitaire : dictature fondée sur une idéologie et un projet de société.

France libre : gouvernement de résistance contre les nazis, dirigé par De Gaulle.

Dès 1942, les Alliés libèrent les territoires par des débarquements successifs : Afrique du Nord (1942), Sicile et Italie (1943-1944), Normandie (6 juin 1944), Provence (août 1944). À l’Est, les Soviétiques arrêtent les nazis à Stalingrad en 1943. L’Allemagne, encerclée, capitule le 8 mai 1945. Dans le Pacifique, les États-Unis reconquièrent les territoires japonais, archipel par archipel ; deux bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki (6 et 9 août 1945) entraînent la capitulation du Japon le 2 septembre 1945.

C) Les Français en guerre (1939-1945)

La France, vaincue en mai 1940, est séparée par l’armistice du 22 juin entre une « zone occupée » par les Nazis et une « zone libre », la France de Vichy. Le régime du maréchal Pétain met un terme à la IIIe République, s’affirme antidémocratique, antisémite et autoritaire. Après la rencontre de Montoire avec Hitler (24 octobre 1940), le Maréchal engage une politique de collaboration administrative (application des lois nazies), policière et économique (envoi de ressources en Allemagne). Certains Français collaborent pour des raisons matérielles, par adhésion aux idées nazies ou par crainte de l’occupant.

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Antisémitisme : haine contre le peuple juif (discrimination).

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La France pendant la Seconde Guerre mondiale

De nombreux Français refusent l’Occupation. La majorité défend les droits de l’homme et la démocratie mais les résistants sont multiples (communistes, jeunes fuyant le travail en Allemagne, démocrates, nationalistes…). L’appel à la Résistance du général De Gaulle (18 juin 1940) initie le mouvement. Individuellement ou organisés en réseaux, des Résistants agissent contre l’Occupation : transmission d’informations, journaux, ravitaillement, soin et refuge, attentats, destruction de dépôts nazis… Ils sont menacés, en cas d’arrestation, de torture et de la peine de mort. En 1942-1943 commence l’unification de la résistance, avec De Gaulle et Jean Moulin, au-delà des divergences politiques. Le Conseil national de la Résistance (1944) unit les résistants pour agir dans la Libération.

La majorité des Français cependant est attentiste, par crainte des représailles.

Deux guerres totales (1914-1945)

À savoir

Une guerre mondiale est un conflit qui implique un grand nombre d’États du monde.

Une guerre totale est un conflit qui mobilise toutes les ressources pour la victoire.

A) Mobiliser les populations à l’échelle mondiale

Les États mobilisent par millions les hommes en âge de combattre sur toute la planète. Dès 1914, les femmes remplacent les hommes partis au front dans toutes les professions. Des efforts considérables sont exigés en termes de temps de travail, de revenus, pour atteindre la victoire, dans les deux guerres mondiales (ex. : « Victory program » américain).

Les victimes civiles sont nombreuses, particulièrement en 1939-1945 (bombardements, génocides, violences de l’occupation). La mobilisation est aussi psychologique et se prolonge au-delà des guerres par le deuil (monuments aux morts) et par la réintégration difficile des blessés et traumatisés de guerre dans la société civile en 1918 et en 1945.

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Génocide : politique planifiée et déterminée d’extermination de toute une population.

B) Anéantir des populations

En 1915, l’empire ottoman engage le génocide des Arméniens, minorité chrétienne (déportations, camps…). Dès 1942, par la « Solution finale », les nazis emploient des moyens inhumains (camps de concentration, d’extermination) pour réaliser le génocide des Juifs et des Tziganes. Les régimes en guerre menacent les peuples occupés.

Les civils en 1914-1918 et en 1939-1945 sont exposés aux armes de destruction massive (bombardements), brutalisés, opprimés et utilisés par l’agresseur pour financer son expansion (ex. : les Français prisonniers des Allemands dans le Nord en 1914 ou les populations occupées par les Nazis sont utilisés comme main-d’œuvre).

C) Utiliser toutes les ressources

Les populations sont sollicitées et rationnées pour fournir aux États les moyens financiers de mener la guerre à son terme (impôts, emprunts…). Les gouvernements réquisitionnent les entreprises et les ressources nécessaires pour les troupes.

Les guerres mondiales deviennent, par la recherche scientifique, des guerres terrestres, maritimes et aériennes. Les États investissent pour mieux s’armer (gaz, bombe atomique), mieux communiquer, mieux s’informer (radars), mieux soigner (antibiotiques dès 1943…).

La propagande est massivement utilisée afin de modeler les esprits : un large appel est fait au patriotisme des populations en guerre pour entretenir le moral et l’effort de guerre. Les supports sont multiples (presse, affiches, école…) et s’améliorent (radio en 1930). La censure interdit les nouvelles démoralisantes.

Mot-clé

Propagande : moyens déployés pour imposer une idée dans l’esprit d’une population.

Le monde bouleversé par les guerres (1914-1945)

A) La France et l’empire colonial (1914-1945)

Les colonies sont massivement mobilisées pour fournir des troupes et des ressources matérielles à l’effort de guerre. Brazzaville (Congo) devient capitale de la France libre en 1940. Certaines colonies contribuent aux débarquements et à la Libération.

Des revendications indépendantistes et anticolonialistes, souvent antérieures à 1914, s’affirment. Les colonisés réclament la reconnaissance des services rendus, jusqu’à l’indépendance (ex. : Manifeste du peuple algérien de 1943).

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Anticolonialisme : opposition à la politique coloniale de certains États européens, qui débouche sur des revendications d’indépendance.

B) Vers une paix durable (1919-1945) ?

L’emploi d’armes effrayantes (gaz, bombes atomiques), les bilans humains (10 millions de morts en 1918, 60 millions en 1945) incitent à utiliser la diplomatie pour gérer les conflits. Les traités de paix de 1919-1920 ne stabilisent pas l’Europe. Le traité de Versailles (28 juin 1919) est vécu comme une paix humiliante par l’Allemagne.

La Société des nations (SDN), fondée en 1919 sur la volonté et l’entente des États membres, ne survit pas aux années 1930. Dénuée de force militaire commune, incapable de contraindre, elle n’empêche pas les Nazis de casser le traité de Versailles dès 1935.

L’ONU succède à la SDN par la charte de San Francisco (26 juin 1945). Elle jette les bases d’un droit international respectueux des droits de l’homme (Déclaration universelle des droits de l’homme, 1948). Elle se dote d’une armée commune (les casques bleus). Elle s’efforce de maintenir la paix dans le monde, d’aider au développement et d’appliquer une justice internationale. En 1945, les États-Unis et l’URSS sont les deux grandes puissances victorieuses et influentes.

Mots-clés

ONU : Organisation des Nations unies, défenseur de la paix dans le monde (1945).

SDN : Société des Nations, organisation internationale de défense de la paix (1919).