Fiche révisions en philosophie : la vérité

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Introduction

La vérité est une notion située aux confins de la philosophie, de la pensée cognitive qui étudie les modes de connaissance et leur fonctionnement, et de l’épistémologie qui s’intéresse aux tenants et aux aboutissants de la science. Au sein du programme de philosophie des terminales générales comme technologiques, elle est une notion fondamentale liée au grand domaine de réflexion intitulé « La connaissance ».

I. Définition de la notion

Par définition, la vérité est ce qui a trait au vrai. Le vrai, c’est l’adéquation d’un jugement au réel, c’est-à-dire que ce que je pense ou que je formule (exemple, « il fait beau aujourd’hui ») équivaut à ce qui est (s’il pleut, mon jugement « il fait beau aujourd’hui » sera faux). La vérité en ce sens est d’ordre théorique, elle est censée être le reflet de la réalité. De là provient son exigence d’objectivité : si la vérité est une correspondance exacte avec le réel, elle ne peut être qu’une et ne peut souffrir de variantes et devenir ainsi arbitraire ou subjecive. Elle a par principe une exigence d’absoluité, de généralité, d’exactitude et donc d’objectivité. Toutefois, cette exigence se heurte au fait que l’humain est limité par sa perception des chose et sa finitude : nous ne sommes par omniscients et n’appréhendons les choses qu’au travers de la double dimension de l’espace et du temps. Pouvons-nous alors encore prétendre au vrai ?

La vérité a également une dimension pratique à double niveau :

  • établir des vérités générales permet de se mettre d’accord et de pouvoir évoluer dans le monde, sur une base consensuelle ;
  • le discours entre les hommes leur permettant de se comprendre, discourir en se disant les chose et en étant franc permet d’asseoir des relations de confiance. La vérité est alors le socle même de l’intersubjectivité, du vivre ensemble et de la collectivité.

Enfin, évidemment, la vérité a une dimension morale. Être dans la vérité c’est être franc, honnête, juste, au contraire du menteur qui fourbe et fourvoie sans cesse. La vérité serait presque une vertu parce qu’il est parfois bien difficile de la dire ou d’en assumer les conséquences. Mais est-ce pour autant un devoir à tout prix, un idéal en soi à toujours respecter ?

II. Références

  • Platon, qui est un philosophe idéaliste, fait de la vérité un but en soi, l’horizon à atteindre. Pour être dans le vrai, il faut s’éloigner du corps et de ses perceptions trompeuses (les images ne sont que des reflets des choses, nos opinions que des points de vue non fondés), et s’élever vers les idées, qui sont l’essence même de la réalité. (La République).
  • Kant explique, par le concept de « transcendantal », que la perception humaine des choses est toujours biaisée par les deux dimensions à travers lesquelles elle se fait : l’espace et le temps. Il y a pour les choses telles qu’elles sont, dans la simplicité de leur réalité, qu’il nomme « choses en soi », et les choses telles qu’elles sont perçues à travers ce double filtre qui donc n’en donne qu’un point de vue particulier, qu’il qualifie de « phénomènes ». L’humain qui pense détenir la vérité d’après Kant se trompe : il n’a accès qu’aux phénomènes et non aux choses elles-mêmes (Critique de la raison pure).
  • Wittgenstein, philosophie cognitiviste, explique que les vérités générales ne sont pas des vérités absolues mais des consensus admis par tous, soubassements d’une vie possible ensemble dans ce monde. Parmis ces consensus il y a également le choix de tel mot pour désigner telle chose. Et en effet, à y penser, pourquoi appeler un chat un « chat » et non pas une « fraise » ? Pourquoi se mettre d’accord sur le sens des mots ? Pourquoi, lorsque quelqu’un voit vert qu’un autre voit ce vert plutôt bleu, nous sentons une crispation et un potentiel conflit advenir ? (Tractatus logico-philosophicus)

III. Sujets courants

« La vérité est-elle toujours bonne à dire ? »

« Le vrai est-il une illusion ? »

« L’humain peut-il prétendre détenir la vérité ? »

« La science est-elle gage de vérité ? »

« Être dans le vrai signifie-t-il être sage ? »

IV. Exemples

  • Le débat Kant/Constant. Pour Kant, la vérité est un devoir absolu, il faut la dire coûte que coûte, ce sans quoi on mettrait en péril l’humanité même. Constant lui rétorque qu’il y a un devoir supérieur à celui de vérité, le devoir d’humanité : si dire la vérité en vient à mettre la vie d’un homme en danger, le devoir est de ne pas la dire et soit de se taire, soit de mentir.
  • Le film La vie est belle de Roberto Benigni met en œuvre l’ambivalence même de la vérité, qui n’est sans doute pas toujours bonne en soi. C’est l’histoire d’un père, sous le régime mussolinien, dont la famille est juive et déportée. Il choisit de ne pas dire la vérité à son fils afin de lui épargner l’horreur des faits et de lui faire croire à un vaste jeu de rôle en plein milieu d’un camp de concentration.