Fiche révisions en philosophie : le temps

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Introduction

Le temps, voici une notion existentielle et qui évoque bien des choses chez chacun d’entre nous. Forcément, l’être humain est aux premières loges pour expérimenter le temps : l’ennui c’est trouver le temps long, le regret c’est être amer quant au passé, l’envie c’est ne pas être satisfait de son instant présent, rêver c’est expérer pour le futur… Naître c’est avoir une date d’entrée dans le monde, mourir c’est voir la parenthèse se fermer avec une autre date.

Nous sommes des êtres temporels et le temps est ce qui définit notre existence matérielle sur Terre. Il fait ainsi partie du grand thème au programme de philosophie des deux terminales : l’existence humaine et la culture.

I. Définition de la notion

Le temps est, tout comme l’espace, une des dimensions de notre réalité. L’être humain perçoit les choses dans le temps et dans l’espace. Est-ce qu’il existe vraiment ou n’est qu’une dimension de la réalité ? Telle est la question, qui soulève toutefois une problématique essentielle quant au temps : sa réalité.

Alors que ce qui est a une certaine stabilité et que ce qui n’est pas n’a pas d’existence, le temps semble se situer entre les deux : le passé étant passé n’existe plus, le future n’existe pas encore, et le présent sitôt advenu se transforme en passé et n’est donc déjà plus, et s’il perdurait il serait l’éternité, donc hors temps. Le temps réside-t-il alors dans l’instant plutôt que dans la durée ?

Un autre enjeu du temps est son objectivité. Le temps social ou humain, celui que les secondes, les minutes et les heures décomptent, n’est pas le temps de la nature et des cycles circadiens. Déjà entre le social et le naturel, l’objectivité n’y est plus. Mais pour l’individu lui-même non plus, car selon ce qu’il fait et son appétence à le faire ou non, le temps ne lui paraîtra pas le même ! Si je peux trouver le temps bien long à une conférence qui ne m’intéresse pas, je le trouve bien court lors d’une rencontre de rugby. Le moment vécu diffère donc du moment mesuré, le temps intérieur du temps des horloges. Ainsi, le temps se fait-il aussi donnée intime et subjective d’une conscience. Il y a une différence entre le temps de la science, quantitatif, spatial, divisible, neutre (une minute est une minute) et le temps vécu, qualitatif et à chaque fois nouveau.

II. Références

  • Saint Augustin écrit : « Qu’est-ce donc que le temps ? Quand personne ne me le demande, je le sais, dès qu’il s’agit de l’expliquer, je ne le sais plus » (Confessions). Par là, il met en évidence le paradoxe interne au temps : alors même qu’il est omniprésent et nous enferme dans des existences mortelles, il n’y a rien de plus fugace ou virtuel que le temps, tantôt passé, rarement présent, tantôt futur.
  • Pour Pascal, le temps est ce qui nous plonge dans une misère existentielle parce que nous savons, à peine nés, que nous n’allons pas persister mais mourir. Nous vivons notre existence avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête et n’y trouvons guère de sens. D’où le pari que fait Pascal : si l’on doute de l’existence de Dieu, il est plus porteur de croire en l’existence de ce dernier que de ne croire en rien, au moins, nous avons l’espoir d’une vie après la mort et que rien ne s’arrête du jour au lendemain (Pensées).
  • La notion de « durée » chez Bergson cristallise le fossé existant entre le temps objectif de l’horloge et le temps très subjectif de chaque conscience. D’ailleurs, le temps n’existe pas en tant que tel pour nos consciences, pas de successions d’instants ponctuels et séparables, mais au contraire un véritable continuum qui contient l’ensemble de mes états passés et s’enrichit de nouvelles perceptions qui lui permettent de s’élancer, avec une histoire singulière, vers l’avenir… (La Pensée et le Mouvant)

III. Sujets courants

« L’être humain est-il prisonnier du temps ? »

« Le temps qui passe voue-t-il l’homme à la finitude ? »

« Le temps, est-ce vraiment de l’argent ? »

« Peut-on comparer le temps qui passe à un fleuve qui coule ? »

« Le temps est-il un luxe ? »

IV. Exemples

  • À la recherche du temps perdu, de Marcel Proust, où l'auteur tente, par des jeux de mémoire et de souvenirs, de trouver l’essence même du temps qui passe. À ce sujet, la madeleine de Proust est très évocatrice : un goût, celui d’une madeleine trempée dans du thé, transplante Marcel des dizaines d’années auparavant.
  • Sur la route de Madison, de Clint Eastwood, met en évidence la fulgurance de la passion par opposition à la longueur d’un amour sage de couple aguerri. L’idée de ce film est que l’intensité se trouve dans l’instant et non dans la durée. Une très belle réflexion sur le temps.