Légende de la leçon
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Introduction
L’État est une notion qui se trouve à strictement parler dans le programme de philosophie des terminales générales mais elle concerne tout de même les terminales technologiques puisqu’elle appartient au domaine « Morale et politique », dans lequel on la croise forcément. Elle est fortement liée aux notions de société, bonheur, justice et culture.
I. Définition de la notion
L’État, c’est tout d’abord la dénomination liée à l’organisation politique d’un pays (l’État français, c’est le chef du pays, ses institutions et son gouvernement, par exemple). Différents types d’État existent : de la chefferie à la république, en passant par la monarchie, la tyrannie, le totalitarisme.
En philosophie, l’État prend aussi un sens conceptuel et s’inscrit en continuité de l’état de nature originel des humains. En effet, pour se protéger de leur nature velléitaire et égoïste où le « chacun pour soi » règne, les hommes vivent en société pour échanger ce que chacun produit et défendre leurs intérêts. On parle d'un état dit social. L’État s’inscrit donc en rupture avec l’état de nature. Il s’agit pour les individus de décider de s’associer et d’établir un contrat social, avec des lois bien précises, donc renoncer à se faire justice soi-même. L’État devient alors l’unique détenteur de la violence légitime.
II. Références
- Rousseau, explique que l’état social par opposition à l’état de nature est celui qui permet de dépasser les passions, les intérêts individuels, les égoïsmes pour se soumettre à une volonté générale et à des lois garantissant la sécurité de tous et la vie en collectivité (Du contrat social).
- Spinoza, au contraire, explique que les êtres humains sont libres d’agir comme ils l’entendent indépendamment des diktats de l’État. Ce dernier n’a qu’un rôle factice dans l’organisation de nos vies en commun (Traité théologico-politique).
- Tocqueville estime que la démocratie n’est pas la figure la plus idéale de l’État et met en garde contre deux dangers : la dictature de la majorité oubliant les minorités dont les avis sont étouffés, la dictature de la médiocrité (De la démocratie en Amérique).
III. Sujets courants
« Est-ce l’individu qui a le pouvoir ? »
« L’État doit-il tout contrôler ? »
« Notre bonheur dépend-il de l’État ? »
« La politique sert-elle toujours les intérêts des citoyens ? »
« L’État nous rend-il vraiment libres ? »
IV. Exemples
- Hobbes, « L’homme est un loup pour l’homme » (Léviathan), illustre la vie des humains, sans règle ni loi, à l’état de nature, où les passions et les intérêts vils de tout le monde contribue au chaos d’ensemble.
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Le film Equilibrium, de Kurt Wimmer, met en scène une dictature fictive, où les individus sont obligés de prendre du Prozac pour n’avoir aucune émotion ni sentiment de rébellion, dans l’idée d’avoir une vie collective la plus harmonieuse possible. L'intérêt de ce film est double :
- l’État ne peut faire seul le bonheur de ses concitoyens ;
- la visée idéale d’un bien-être collectif total est impossible et illusoire.
En effet, à moins de tomber dans les dérives du totalitarisme, lui-même totalement contradictoire : on ne peut faire le bonheur des gens à leur insu et en les privant de liberté.