Faire la paix par la sécurité collective : l'ONU sous Kofi Annan

Signaler

Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies de 1997 à 2006, Kofi Annan est confronté à un monde multipolaire où les sources de conflits sont nombreuses. Dans ce contexte, il œuvre en faveur de la sécurité collective pour faire la paix.

I. Un contexte nouveau

Pendant la guerre froide (1947-1991), le fonctionnement de l’Organisation des Nations unies (ONU) est paralysé par l’opposition entre les États-Unis et l’Union soviétique, qui usent de leur droit de véto comme une arme géopolitique.

À partir des années 1990, avec la disparition du bloc soviétique, 30 nouveaux États intègrent l’ONU, dirigée par l’Égyptien Boutros Boutros-Ghali. Le Ghanéen Kofi Annan lui succède en 1997. En poste jusqu’en 2006, il s’efforce de développer les instruments de la sécurité collective.

Mot-clé

La sécurité collective est le principe selon lequel les États doivent répondre collectivement aux atteintes à la paix.

II. Les avancées de la sécurité collective

1)  La création de la Cour pénale internationale (1998)

Au début des années 1990, l’ONU crée des tribunaux pénaux internationaux pour l’ex-Yougoslavie (1993) et le Rwanda (1994). Mais ils restent provisoires et la procédure est très lente.

En 1998, la majorité des États membres de l’ONU signe le statut de Rome pour fonder une cour internationale de justice chargée de juger les auteurs de génocide, de crime de guerre et de crime contre l’humanité. La Cour pénale ­internationale (CPI) se met en place en 2002.

2)  Les Objectifs du Millénaire pour le développement (2000)

Considérant que le mal-développement menace la paix, les membres de l’ONU adoptent une déclaration commune fixant huit objectifs à atteindre en 2015.

Il s’agit notamment de réduire l’extrême pauvreté, d’assurer l’éducation primaire pour tous et d’instaurer un partenariat mondial pour le développement.

3)  La responsabilité de protéger (2005)

Lors du Sommet mondial de 2005, les États membres adoptent le principe de responsabilité de protéger : il s’agit de la responsabilité juridique des États souverains à protéger leur population contre les génocides, les crimes de guerre, les nettoyages ethniques et les crimes contre l’humanité.

En cas de défaillance d’un État au regard de cette responsabilité, la communauté internationale doit intervenir par des moyens pacifiques. Il s’agit ici d’un contournement de la souveraineté nationale.

III. La sécurité collective à l’œuvre : l’intervention au Kosovo (1999)

1)  Une étape du démembrement de l’ex-Yougoslavie

Depuis 1992, la Fédération yougoslave est en pleine décomposition. En 1995, l’OTAN intervient en ­Bosnie-Herzégovine contre la Serbie pour protéger les ­civils . Les accords de Dayton scellent le partage de la ­Bosnie‑­Herzégovine en deux.

En 1997, le Kosovo, province serbe autonome peuplée d’une majorité d’Albanais musulmans, se soulève. Le président serbe réprime ce mouvement.

2)  Une intervention militaire et diplomatique

Après l’intervention militaire de l’OTAN contre l’armée serbe au printemps 1999, le Kosovo passe sous tutelle des Nations unies.

Info

La Mission d’administration intérimaire des Nations unies au Kosovo (MINUK) est confiée au Français Bernard Kouchner.

Les Nations unies ambitionnent de rétablir la paix, instaurer la démocratie et reconstruire l’économie sur un territoire peu développé et dévasté par la guerre.

Mais de nombreuses exactions sont commises à l’encontre des minorités ethniques. Lorsque le Kosovo proclame son indépendance en 2008, celle-ci n’est même pas reconnue par la Russie ni la Chine, membres permanents du Conseil de sécurité.