En France, l’anthropisation précoce du territoire explique que la forêt soit d’origine humaine. Celle-ci, au moins depuis l’Ancien Régime, a fait l’objet d’un intérêt encore renforcé par notre époque.
I. La forêt française sous l’Ancien Régime
1) L’ordonnance de Colbert sur les Eaux et Forêts (1669)
La forêt, réserve de chasse et de bois – premier matériau et première source d’énergie – intéresse très tôt les rois. Le corps des maîtres des Eaux et Forêts est créé dès 1291.
L’ordonnance de Jean-Baptiste Colbert constitue une étape décisive. Dans un contexte de rivalité avec les Provinces-Unies, elle vise à accroître les ressources en bois d’œuvre pour la marine, en particulier les futaies de chênes.
Colbert étend les mesures de protection et de gestion des forêts du domaine royal (1 million d’hectares) aux forêts seigneuriales.
2) Une difficile application
Même si les « délits de bois » (coupes illégales, pacages non autorisés) sont sévèrement punis, l’État peine à protéger les forêts en raison de l’opposition des propriétaires privés et des communautés villageoises défendant leurs droits d’usage.
Mot-clé
Les droits d’usage désignent l’ensemble des droits attribués à une communauté villageoise sur les forêts seigneuriales ou royales (ramassage du petit‑bois, pacage des troupeaux et des porcs…).
Les difficultés financières de la monarchie poussent les successeurs de Colbert à aliéner une bonne partie des forêts royales.
La Révolution française détruit les juridictions des Eaux et Forêts. Les forêts, tant royales que seigneuriales, sont alors ravagées. Comme l’écrit Jules Michelet, « les arbres furent sacrifiés aux moindres usages ».
II. La lente reconstitution du tissu forestier français
1 ) La forêt française au XIXe siècle
Vers 1800, la forêt française ne couvre plus que 8 millions d’hectares (15 % du territoire). Le Code forestier de 1827 impose des mesures drastiques de protection, non sans provoquer des troubles (« guerre des demoiselles » en Ariège).
Mais il faut attendre 1860, alors que l’exode rural diminue la pression démographique sur les campagnes, pour que soit votée une loi sur le reboisement.
2) La renaissance de la forêt française
Le Fonds forestier national (FFN), créé en 1946, contribue à l’essor des forêts publique (domaniale et communale) et privée.
Le reboisement coûte cher et sa rentabilité est aléatoire. Le FFN appuie donc les propriétaires privés par la délivrance gratuite de plants et des aides financières.
Le tissu forestier (9,9 millions d’hectares en 1900) couvre aujourd’hui 16,9 millions d’hectares, soit 31 % du territoire métropolitain.
III. Un patrimoine à protéger, à gérer et à exploiter
1) La forêt française aujourd’hui
Créé en 1965, l’Office national des forêts (ONF) gère les forêts publiques (25 % de la superficie forestière). Si celles-ci sont plutôt bien entretenues, ce n’est pas le cas de toutes les forêts privées.
La forêt est inégalement répartie. Les Landes sont très boisées (plus de 60 % du département), la Manche l’est très peu (moins de 10 %). Les disparités sont aussi qualitatives. La futaie ne représente qu’environ 50 % de l’espace forestier.
2) Un patrimoine environnemental aux multiples enjeux
Avec l’urbanisation – 85 % des Français vivent en ville – la forêt est désormais vue comme un lieu de liberté et de paix face à la ville, parfois perçue comme aliénante.
Espace de détente, instrument de lutte contre l’érosion et de régulation des ressources en eau, elle est aussi un patrimoine économique utilisé par la sylviculture.
Mot-clé
La sylviculture est l’activité qui exploite et assure le renouvellement des forêts.