Des enjeux économiques et géopolitiques considérables

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Les projets chinois en matière de conquête des océans et de ­l’espace constituent des enjeux qui se situent à l’échelle planétaire.

I. Des enjeux géoéconomiques planétaires

1)  Une économie chinoise au cœur de la mondialisation

Aujourd’hui, 90 % des produits manufacturés sont acheminés dans le monde par voie maritime, de même que la quasi-totalité des matières premières énergétiques et minières dont la Chine a besoin. Le pays consomme en effet autant de métaux que le reste du monde et est le premier importateur mondial de pétrole.

Il est donc essentiel de contrôler les routes maritimes et les passages stratégiques, dont le blocage entraînerait l’asphyxie de la machine économique chinoise.

2)  La Chine, future clé de voûte du commerce en Eurasie

Les nouvelles routes de la soie (plus de 1 000 milliards de dollars d’investissements) prévoient de développer les infrastructures de transport. Elles comprennent un volet maritime (création d’infrastructures portuaires).

Info

Les « nouvelles routes de la soie » ont porté plusieurs noms : « One Belt, One Road » (OBOR) et plus récemment la « Belt and Road Initiative » (BRI).

Les objectifs de la BRI sont de sécuriser l’accès aux hydrocarbures et matières premières, d’intégrer à l’économie chinoise les économies du Sud-Est asiatique, mais aussi d’Afrique orientale, et de connecter le marché européen. Significativement les États-Unis – le grand rival – sont peu concernés par cette initiative.

3)  L’espace, un enjeu économique

Les projets spatiaux doivent stimuler l’innovation scientifique et industrielle chinoise au moment où le projet de puissance chinois conduit à un rattrapage effréné en matière technologique. La moitié environ des lancements spatiaux sont destinés à des usages civils commerciaux ou mixtes, tel le système chinois de positionnement par satellite Beidou-2.

II. Des enjeux géopolitiques vitaux

1)  Contrôler les mers de Chine orientale et méridionale

L’espace de la mer de Chine orientale et méridionale constitue aujourd’hui le lieu de déploiement de la puissance chinoise. Unique façade maritime de la Chine, elle est fermée par la première chaîne d’îles .

Cet espace est l’objet de contestations avec tous les pays riverains, et le détroit de Malacca, verrou fondamental de la sécurité chinoise, est hors de portée. ­D’autant que la dissuasion nucléaire chinoise par SNLE, lesquels sont basés à ­Hainan, est hypothéquée par le confinement auquel l’astreint la marine américaine.

La Chine a donc pour objectif de faire de cet espace sa « mare nostrum » (bétonisation d’îlots et installation de bases aéronavales), dans une politique du fait accompli au mépris du droit de la mer et des jugements de la Cour permanente d’arbitrage de La Haye.

2)  Développer un programme spatial ambitieux

La militarisation de l’espace se traduit par le lancement de satellites de surveillance et de renseignement, notamment électromagnétiques, mais aussi d’armes antisatellites.

Info

Les satellites ELINT (electronic intelligence) surveillent les communications électroniques, pour prévoir les actions de l’ennemi.

La Chine pousse également ses projets de conquête spatiale : le lanceur lourd Longue Marche 7 doit servir à l’assemblage en orbite de la future station spatiale chinoise, Tiangong-3 ; la mission Chang’e-5 prévoit de déployer un alunisseur en vue d’un établissement chinois permanent sur la Lune ; la mission Tianwen-1 doit déployer sur Mars un orbiteur et un rover d’exploration.

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Les nouvelles routes de la soie : trois objectifs pour une domination

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