Au milieu des années 1970, au Portugal, en Grèce puis en Espagne, des régimes autoritaires sont remplacés de façon pacifique par des démocraties. Cette démocratisation ouvre la voie à l’intégration de ces États à la Communauté économique européenne.
I. Au Portugal : la « révolution des Œillets »
1) La plus ancienne dictature européenne
Arrivé au pouvoir à la suite d’un putsch militaire, Antonio de Oliveira Salazar, président du Conseil des ministres, impose à partir de 1933 un régime autoritaire, nationaliste et anticommuniste : l’« État nouveau » (Estado Novo).
À partir des années 1960, le pays est confronté à des guérillas indépendantistes dans ses colonies africaines (Mozambique, Angola, Guinée-Bissau). Hostiles à toute décolonisation, Salazar puis Marcelo Caetano, son successeur à partir de 1968, mobilisent des forces militaires de plus en plus nombreuses pour les écraser.
2) La transition démocratique
Le 25 avril 1974, un coup d’État organisé par des officiers opposés aux guerres coloniales et favorables à la démocratie renverse la dictature. C’est la « révolution des Œillets », nommée en référence aux fleurs arborées par les soldats au bout de leurs fusils, symboles d’une révolution pacifique.
Une « junte de salut national » rétablit la démocratie et entame des négociations menant à l’indépendance des colonies portugaises. La Constitution de 1976 instaure un régime parlementaire. Dès 1977, le Portugal entame des pourparlers avec la CEE qui aboutissent à son intégration en 1986.
Mot-clé
Une junte est un collectif exerçant le pouvoir en Espagne, au Portugal ou en Amérique latine.
II. En Grèce : la chute du régime des colonels
1) Le régime des colonels
Depuis 1967, la Grèce vit sous la coupe du colonel Papadopoulos, parvenu au pouvoir à la suite d’un coup d’État militaire. Il concentre tous les pouvoirs. Mais à la suite de sanglantes émeutes étudiantes à Athènes en 1973, il est arrêté et remplacé par une autre junte militaire.
Cependant, l’invasion de Chypre par l’armée turque entraîne la chute du régime des colonels en juillet 1974. Constantin Caramanlis, ancien Premier ministre en exil, est rappelé au pouvoir.
2) Le retour de la démocratie
Sous l’impulsion du Premier ministre, Constantin Caramanlis, une nouvelle Constitution instaure une république parlementaire en 1975.
Si le parti de Caramanlis, la Nouvelle Démocratie, remporte les scrutins de 1974 et de 1977, les socialistes menés par Andreas Papandreou l’emportent en 1981.
Ayant demandé son adhésion dès 1975, la Grèce entre dans la CEE en 1981.
III. En Espagne : la fin du franquisme
1) Un régime personnel
Depuis 1936, le général Franco, le Caudillo, dirige l’Espagne d’une main de fer en s’appuyant sur l’armée et le clergé. Il réprime durement tous les opposants.
Info
Caudillo (chef militaire) est le titre porté par le général Franco.
En 1969, en l’absence d’héritier, il désigne comme successeur le prince Juan Carlos. En novembre 1975, à la mort de Franco, ce dernier devient roi d’Espagne.
2) L’instauration de la démocratie
Le roi décide de mener son pays vers la démocratie. Les premières élections libres depuis 1936 sont organisées en 1977. Elles débouchent sur la mise en place d’une Assemblée constituante qui rédige une nouvelle Constitution en 1978.
Approuvée par une large majorité des Espagnols, elle instaure une monarchie parlementaire. Malgré une tentative manquée de coup d’État militaire en 1981, cette transition démocratique se poursuit. Elle aboutit à la victoire électorale des socialistes, menés par Felipe Gonzalez en 1982.
Comme le Portugal, l’Espagne fait son entrée dans la CEE en 1986.