L’informatique est réputée être une discipline plutôt masculine, et les geeks, de jeunes hommes adolescents boutonneux plutôt que des jeunes filles en fleur ! Malgré ces clichés, plusieurs figures féminines ont joué des rôles clefs dans l’histoire de l’informatique.
I. Ada Lovelace
Au premier rang des « informaticiennes », on trouve Augusta Ada King, comtesse de Lovelace (1815-1852) fille du poète maudit Lord Byron et d’Anne Isabella Milbanke, aristocrate férue de mathématiques.
Après son mariage, elle reprend des études de mathématiques à l’âge de 25 ans, alors qu’elle a déjà trois enfants, sous la direction du logicien Auguste De Morgan. Elle collabore ensuite avec Charles Babbage pour développer son idée de machine à calculer programmable qu’il appelle la machine analytique.
Elle inspire de nombreuses idées à Babbage et imagine déjà les développements futurs de l’informatique. À l’âge de 27 ans, elle traduit un article de Luigi Menabrea sur la machine de Babbage et y ajoute de très longues notes dont la Note A dans laquelle elle déclare que la machine « tisse des motifs algébriques comme le métier de Jacquard tisse des fleurs et des feuilles » et y esquisse des usages beaucoup plus généraux de l’informatique, et des intuitions sur la nature du calcul.
À noter
La Note G qui décrit comment calculer la suite des nombres de Bernoulli de manière programmatique est souvent considérée comme le premier programme informatique jamais écrit ! Ada y déclare aussi son scepticisme sur l’avènement éventuel d’une véritable IA.
II. Grace Hopper
Grace Murray Hopper (1906-1992) est une informaticienne américaine. Elle s’engage dans l’armée durant la Seconde Guerre mondiale où elle intègre l’équipe de développement du Mark I qui fut le premier grand calculateur de l’histoire (15 m de haut, 2,5 m de large) et collabore à la conception de ses successeurs le Mark II et le Mark III.
L’équipe du Mark II popularisa le terme de bug informatique en référence à un insecte qui s’était glissé entre les connexions et avait perturbé les calculs. Grace Hopper travaille ensuite dans le privé où elle met au point le premier éditeur de liens A0-System et l’un des premiers compilateurs FLOW-MATIC.
Le langage COBOL est développé sur cette base afin de pouvoir communiquer plus aisément avec la machine. COBOL est toujours utilisé et beaucoup d’entreprises recherchent encore cette compétence pour entretenir de vieux logiciels encore indispensables. Grace Hopper collabore aussi à l’établissement des normes du langage scientifique FORTRAN. Un destroyer de l’U.S. Navy est baptisé en son nom en 1996.
À noter
Grace Murray Hopper a tellement l’habitude de calculer en base 8 pour ses logiciels qu’elle effectue la plupart de ses calculs, y compris dans la vie quotidienne, dans cette base, ce qui ne manque pas de lui causer quelques tracas ! Depuis, la base 8 et la base 16 sont devenus des connaissances de base en informatique.
III. Margaret Hamilton
Margaret Hamilton est née en 1936 aux États-Unis. Elle suit des études de mathématiques qui la conduisent à travailler pour Edward Lorenz au département météorologie du MIT. Elle contribue à l’élaboration de la théorie du chaos et de l’« effet papillon » par Lorenz en développant les premiers logiciels de prévision météo.
Elle travaille ensuite pour l’U.S. Air Force avant de rejoindre un autre laboratoire du MIT, celui de Charles Draper qui travaille sur la mission Apollo. Margaret Hamilton y dirige l’équipe chargée de développer les logiciels de vols des vaisseaux spatiaux. Elle met alors en place un système élaboré de gestion des priorités où le programme se reconfigure pour gérer au mieux les tâches essentielles en cas de situation d’urgence, comme cela arriva lors de l’atterrissage d’Apollo 11 sur la Lune.
À noter
Le code source de la mission Apollo 11 a été retrouvé et publié en ligne sur Github : https://github.com/chrislgarry/Apollo-11.
Margaret Hamilton est également créditée de l’invention du terme software engineering ou ingénierie logicielle.