Témoignages et lanceurs d’alerte

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Avec l’accroissement des flux d’informations numériques, se développe aussi une forme de vigilance citoyenne, opérée notamment par les lanceurs d’alerte. Témoins privilégiés des délits commis par les États ou les entreprises, ces insiders trouvent dans Internet un média de choix.

I. Les témoignages et les alertes à l’heure du Web

1) Une pratique historique réactivée par Internet

Mot clé

Un lanceur d’alerte est défini par le Conseil de l’Europe comme toute personne qui révèle, dans le cadre de son travail, des informations concernant des menaces ou un préjudice pour l’intérêt général.

Les révélations de scandales par les médias ne sont pas nouvelles, mais elles prennent une dimension particulière avec Internet.

Depuis les années 1990, avec Internet, les lanceurs d’alerte sont plus nombreux et plus actifs. Ils informent les citoyens sur des questions aussi bien sanitaires que politiques ou socio-­économiques.

2) Un canal qui facilite les révélations

Internet décuple les possibilités de témoigner. L’anonymat, la rapidité et ­l’horizontalité de la circulation sur la Toile assurent une protection aux individus, qui craignent alors moins de révéler ce qu’ils savent.

Internet favorise aussi les espaces de collaboration pour les lanceurs d’alerte. Ainsi, sur la plateforme WikiLeaks, créée en 2006 par Julian Assange, des millions de documents ayant trait à des délits commis par des gouvernements et des entreprises ont été publiés grâce à une technologie avancée de cryptage.

II. Une chance ou un risque pour nos démocraties ?

1) Plus de transparence, plus de démocratie

Les lanceurs d’alerte sont des acteurs de la vigilance citoyenne. En surveillant les pouvoirs publics et les grandes multinationales, et en révélant par exemple leurs malversations, ils contribuent à consolider les systèmes démocratiques.

INFO + Edward Snowden

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◗ Employé de la Central Intelligence Agency (CIA) et de la National Security Agency (NSA) américaines.

◗ En 2013, il rend publiques des informations sur la surveillance des citoyens organisée par les États-Unis

◗ Inculpé pour espionnage par le gouvernement américain, il vit en exil en Russie.

Mot clé

Le terme hacktivisme est formé des mots hacker, désignant un individu capable de pénétrer illégalement dans un système informatique, et activisme, qui renvoie à une forme d’action directe.

L’ère du numérique et de l’interactivité intensifie cette participation citoyenne. Celle-ci peut prendre la forme d’un cybermilitantisme, n’hésitant pas à recourir au piratage informatique. C’est le cas des hacktivistes d’Anonymous.

2) Mais des dangers indéniables

Mais témoigner de scandales est risqué et le lanceur d’alerte se met en danger, professionnellement, personnellement, voire physiquement. Julian Assange et Edward Snowden sont ainsi sous le coup d’inculpations de la part du gouvernement américain.

Pour protéger les témoins, de nombreux pays se sont dotés de lois visant à empêcher les poursuites judiciaires ou les représailles (licenciement, rétrogradation, etc.) dont ceux-ci pourraient être victimes.

Mais il existe aussi un risque de dérives dans la multiplication et la facilitation des alertes via Internet. Les frontières sont floues parfois avec la diffamation, la délation ou encore la tentation de se substituer à la justice.