« Sécularisme » et dimension politique de la religion

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Ancienne colonie britannique, l’Inde devient indépendante en 1947. Sa Constitution, entrée en vigueur en 1950, met en place un régime démocratique dans lequel toutes les religions sont censées être égales.

I. L’Union indienne : un État sécularisé ?

1) La Constitution et la question religieuse

En 1947, après la partition de l’Inde, l’hindouisme est la religion de plus de 85 % des Indiens. La minorité musulmane, la première du pays, ne représente que 10 % de la population.

Conformément aux vœux de Mohandas Karamchand Gandhi et de Jawaharlal Nehru, tous deux pourtant hindous, le parti du Congrès, principal artisan de l’indépendance, refuse le principe d’une religion d’État. La Constitution reconnaît ainsi aux minorités religieuses les mêmes droits qu’à l’hindouisme.

2) La lutte contre les discriminations religieuses

Mot clé

Le système de castes divise la société en quatre varna (prêtres, guerriers, artisans et commerçants, serviteurs), répartis dans une multitude de jati (catégories professionnelles).

Dans l’hindouisme traditionnel, les castes assignent à chacun une place prédéfinie dans l’ordre social et cosmique (dharma). Les hors-castes, ou intouchables, sont considérés comme impurs.

La Constitution supprime l’intouchabilité et interdit toute discrimination fondée sur la caste. Un système de places réservées dans le système éducatif et l’administration est mis en place en faveur, notamment, des intouchables.

3) Les limites de la sécularisation

Malgré la loi, les intouchables ou dalits (les opprimés), qui représentent 15 % de la population, subissent de nombreuses discriminations.

Le code civil ne s’applique pas uniformément à chaque communauté. Ainsi, en matière de mariage, les musulmans ne sont pas soumis au droit commun mais à la charia.

INFO + L’hindouisme

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◗ On distingue trois périodes : le védisme (1500-600 av. J.-C.), le brahmanisme (600 av. J.-C.-500 ap. J.-C.), et l’hindouisme proprement dit à partir du VIe siècle.

◗ Parmi les innombrables dieux, les trois plus importants sont (de gauche à droite), Shiva, Vishnou et Brahma.

II. L’hindouisme politique : une menace ?

1) La montée en puissance de l’hindouisme politique

Dans les années 1920, Vinayak Damodar Savarkar théorise le concept d’hindutva (hindouité) : est indien celui qui habite l’Inde et qui est de culture hindoue.

Le Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS, Organisation des volontaires nationaux), fondé en 1925, s’emploie à diffuser ces idées. C’est l’un de ses anciens membres qui, en 1948, assassine Gandhi, accusé d’être trop favorable aux musulmans.

Le RSS crée en 1964 la Vishva Hindu ­Parishad (VHP, Association hindoue universelle), mouvement censé structurer l’hindouisme dans sa dimension nationaliste.

2) Le BJP au pouvoir : remise en cause du sécularisme ?

En 1980, les nationalistes hindous créent le Bharatiya Janata Party (BJP, Parti du peuple indien). Celui-ci utilise la religion à des fins politiques comme à ­Ayodhya, en 1992 : la mosquée de Babri située dans cette ville, sise sur le site d’un ancien temple hindou, est détruite par des nationalistes hindous, entraînant des affrontements intercommunautaires qui font 2 000 morts.

En 2014, le BJP gagne les élections générales et son leader, Narendra Modi, devient Premier ministre.