I) Les points clés
1) Statut du narrateur : qui raconte ?
Le narrateur, à ne pas confondre avec l'auteur, est celui qui raconte.
S'il s'agit d'un récit à la 1re personne, on parle de narrateur interne.
Dans un récit à la 3e personne, le narrateur est externe. À noter qu'un narrateur externe peut parfois intervenir par de brèves remarques.
2) Différents points de vue : qui voit ?
Le point de vue externe est objectif, c'est celui d'un témoin extérieur à l'histoire. Le narrateur se contente d'une narration neutre, comme dans cette phrase sur l'univers des mines :
Dans la plaine rase, sous la nuit sans étoiles, d'une obscurité et d'une épaisseur d'encre, un homme suivait seul la grande route de Marchiennes à Montsou.
Émile Zola, Germinal, 1885.
Le point de vue interne est celui du narrateur (récit à la 1re personne) ou d'un des personnages. C'est un point de vue subjectif.
Devant lui, il ne voyait même pas le sol noir, et il n'avait la sensation de l'immense horizon plat que par les souffles du vent de mars.
Le point de vue omniscient est celui d'un narrateur qui sait tout et connaît tout des personnages : leur passé, leur futur, leurs pensées intimes...
3) L'ordre du récit
Un récit suit le plus souvent l'ordre chronologique. Mais on peut utiliser des procédés introduisant des mouvements et ruptures temporels.
Dans un retour en arrière, le narrateur revient sur des événements antérieurs à ceux qu'il est en train de rapporter. Exemple : Jeanne venait de passer de longues années au couvent pour parfaire son éducation.
Une anticipation est une allusion à des événements postérieurs à ceux que le narrateur est en train de rapporter. Exemple : La jeune héroïne se rêvait un avenir heureux... Jamais elle n'aurait pu imaginer les tourments qui l'attendaient.
4) Le rythme du récit
Il peut varier au cours du récit. Le temps peut s'accélérer ou ralentir.
Dans une scène, le récit semble se dérouler en temps réel et comprend généralement des dialogues.
Exemple : Une voix, derrière la porte, appela : « Jeannette ! » Jeanne répondit : « Entre, papa. » Et son père parut.
Guy de Maupassant, Une vie, 1883.
Dans les sommaires, le récit semble subir une accélération : l'action est résumée. Une longue période peut être racontée en quelques lignes.
Exemple : Elle était demeurée jusqu'à douze ans dans la maison, puis, [...] fut mise au Sacré-Cœur.
L'ellipse fait subir au récit une accélération plus grande encore : elle passe sous silence des faits et établit des raccourcis.
Les pauses ralentissent le récit. Il s'agit de descriptions ou d'explications.
Exemple : Le baron était un gentilhomme de l'autre siècle, maniaque et bon.
II) Un peu de méthode
1) Identifier un point de vue interne dans un récit à la 3e personne
Il faut repérer les indices de subjectivité :
- Des verbes de perception : voir, apercevoir, sentir...
- Des verbes d'opinion et de jugement et un lexique mélioratif ou péjoratif : croire, penser, estimer, juger, extraordinaire, sublime, atroce...
- Des verbes de sentiment : aimer, craindre, s'étonner, espérer, détester...
- Des figures de style (comparaisons, métaphores, personnifications...) : Cette fosse [...] lui semblait avoir un air mauvais de bête goulue.
- L'expression d'un dialogue intérieur : Il songeait à lui, à son existence de vagabond.
2) Structurer un récit dans le temps
Il faut utiliser des connecteurs temporels (ou chronologiques) qui permettent au lecteur de se repérer : des adverbes (hier, avant, autrefois, maintenant, demain, soudain, puis, enfin...), des compléments circonstanciels.
Les connecteurs mettent en évidence l'ordre chronologique des faits.
Exemple : Jeanne, sortie la veille du couvent, libre enfin pour toujours, prête à saisir tous les bonheurs de la vie dont elle rêvait depuis si longtemps, [...].