Le progrès technique est au cœur du débat public. En effet, pour de nombreux économistes et gouvernants, il est la condition de la croissance économique, et de l’augmentation de notre bien-être. Il n’échappe pourtant pas à certaines interrogations.
I Qu’est-ce que le progrès technique ?
Repère
Mot cléLe progrès technique, ou les innovations, désigne l’ensemble des idées nouvelles qui contribuent à l’augmentation de la productivité.
Le progrès technique peut concerner de nouveaux produits, ou bien de nouveaux procédés de production.
1 De nouveaux produits
Il peut s’agir de nouveaux biens et services de consommation ou de production.
Depuis Joseph Schumpeter (1883-1950), on parle d’innovation majeure lorsque le produit change en profondeur la façon dont sont produits et commercialisés les biens et services dans l’ensemble de l’économie. C’est le cas de l’ordinateur. Schumpeter a popularisé l’idée que l’innovation est le moteur des grandes transformations économiques de nos sociétés.
Mais le plus souvent, ces innovations sont mineures : elles améliorent les biens et services déjà existants (ex. : le clavier sans fil).
2 De nouveaux procédés de production
Les innovations de procédé désignent les nouvelles manières de produire ou de vendre. Par exemple, à la fin du XIXe siècle, le taylorisme divise le travail en tâches simples et répétitives. Plus tard, le fordisme introduit le convoyeur, ou chaîne de montage, de façon à ce que les consommations intermédiaires se déplacent de travailleur en travailleur, plutôt que l’inverse.
L’e-commerce, lui, est une nouvelle manière de vendre. Les clients font leurs courses sur Internet puis se font livrer chez eux, au lieu de se déplacer dans les magasins.
II Les effets du progrès technique
1 Le progrès technique augmente la compétitivité et l’emploi
Le progrès technique permet, pour une même dépense de travail, d’augmenter la quantité de biens et services produits. En d’autres termes, chaque bien et service coûte moins cher à produire. L’entreprise peut donc baisser ses prix, sans craindre de réduire ses profits.
Au niveau microéconomique, l’entreprise innovante augmente sa compétitivité et peut alors espérer accéder à une position de monopole avantageuse pour ses profits. De leur côté, les travailleurs, plus productifs, peuvent obtenir des hausses de rémunération.
Repère
Mot cléLa compétitivité désigne la capacité d’une entreprise à gagner des parts de marché sur ses concurrentes, grâce à des produits nouveaux ou des prix plus faibles.
Au niveau macroéconomique, la baisse des prix et la hausse des rémunérations augmentent le pouvoir d’achat, donc les achats de biens et services, incitant les entreprises à créer des emplois pour les produire.
2 Le progrès technique peut inquiéter
Des biens de production nouveaux, comme les robots dans l’industrie, prennent la place des travailleurs les moins qualifiés, provoquant leur mise au chômage. À l’inverse, pour attirer les travailleurs les plus qualifiés et innovants, les entreprises leur offrent de meilleures conditions d’emploi (rémunération, stabilité).
La course au progrès technique peut favoriser le gaspillage : pensons aux téléphones portables en parfait état de marche, remplacés par de nouveaux modèles.
Le progrès technique répond à l’objectif de croissance. Celui-ci peut être poursuivi sans égards envers les sources de bien-être non matérielles : le lien social, la santé au travail, etc.
Zoom
Nombre de brevets déposés en Europe
Source : Office européen des brevets, données 2016.
Les brevets permettent aux entreprises de protéger leurs innovations. Le nombre de brevets déposés indique donc l’effort d’innovation d’un pays.
Parmi les pays innovants, l’Allemagne se distingue avec 2,5 fois plus de brevets déposés que la France, qui se situe pourtant en 2e position. Ceci peut expliquer son surcroît de compétitivité par rapport aux autres pays.