Qu’est-ce que le beau ?

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Nous avons tendance à attendre de l’art qu’il produise de beaux objets. Mais cette beauté est-elle objective ou subjective ? dans la chose même ou dans notre façon de nous la représenter ? Peut-on définir des critères de beauté ? Enfin, le beau est-il véritablement le but de l’art ?

I. Le beau est objectif et utile

Dans l’Antiquité et à l’âge classique, le beau se définit objectivement par des règles de proportion et d’harmonie : par exemple, un temple ou un visage sont beaux s’ils présentent une belle symétrie. Pour les Grecs, le beau est, par ailleurs, associé au vrai et au bien : un homme laid ne peut avoir une âme noble.

Dans la conception aristotélicienne, une chose est belle si elle remplit parfaitement son but : un beau cheval de course est fait pour courir vite, une belle femme est proportionnée pour faire des enfants. La beauté est une forme adaptée à sa fin.

Mais cette conception d’une beauté finalisée met sur le même plan éléments naturels et objets fabriqués. Or, si les objets fabriqués servent à quelque chose, il est moins évident d’assigner une fin objective à un élément naturel : quelle est la fin d’un arbre ou d’un ruisseau ? La beauté objective confond le beau et l’utile.

II. Le beau est subjectif et formel

1 ) « Des goûts et des couleurs… »

Chacun a fait l’expérience de la relativité du beau et a constaté qu’il diffère selon les individus et les cultures. Une chose n’est pas belle ou laide en soi ; sa beauté ou sa laideur dépend de notre sensibilité.

La beauté n’est plus une vérité, mais un sentiment subjectif et relatif. Elle n’est plus l’objet de la science classique, mais de l’esthétique.

Mot-clé

L’esthétique s’intéresse à la nature et surtout aux fonctions de l’art. Le mot « esthétique » est dérivé du mot grec aisthèsis qui indique que c’est la sensation éprouvée par l’amateur d’art qui est le critère majeur de l’art.

2)  C’est la forme de l’œuvre d’art qui me plaît

Kant remarque que, lorsque nous jugeons un objet beau, nous nous intéressons à sa forme pure, indépendamment de son contenu matériel, voire de son existence. Le beau n’est pas dans ce qui est représenté (l’objet, le contenu), mais dans la façon de représenter.

Le jugement esthétique est formel, non matériel : il exprime une harmonie entre notre esprit et la forme de l’objet qui nous plaît. C’est pourquoi nous pouvons trouver belles des formes abstraites, qui ne représentent rien, telle une arabesque.

III. Le beau est relatif et se veut universel

1)  Une exigence d’accord universel

Le plaisir pris à la forme pure est une affaire de goût, non de connaissance. Le goût est relatif à chacun ; nous en sommes plus ou moins dotés à la naissance, mais il se cultive et s’éduque par la pratique artistique ou la fréquentation des œuvres.

Néanmoins, le goût porte en lui une exigence d’accord universel : quand on trouve une chose belle, on exige que les autres la trouvent belle aussi, et ce sans preuves ni arguments, puisque le beau n’est pas une vérité.

D’où des discussions interminables qui font de l’art le prétexte, selon Kant, de la recherche d’un accord subjectif universel des esprits humains.

2)  Le beau est-il la seule finalité de l’art ?

Cette relativité du beau subjectif conduit à le remettre en cause comme finalité de l’art. Aujourd’hui, on dira plus souvent d’une œuvre d’art qu’elle est « intéressante » ou « originale ». Le caractère innovant semble remplacer le beau comme critère de l’art et fournir ainsi un nouveau critère objectif.