Modéliser l'évolution temporelle d'une transformation nucléaire : la radioactivité

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I. Le noyau atomique

  • Certaines notions vues dans la présente fiches ont déjà été présentée en classe de seconde.

  • Pour plus de détails, il convient de réviser la fiche suivante :

Les transformations nucléaires

1. Les nucléons

  • Les nucléons sont les particules qui constituent un noyau d'un atome : les protons de charge +e+e et les neutrons de charge nulle ;

  • Le nombre de protons dans un noyau est le nombre de charges (ou le numéro atomique), noté ZZ ;

  • Le nombre de nucléons (protons + neutrons) est le nombre de masse, noté AA ;

  • Ainsi, le noyau d'un élément de symbole XX est noté par convention :

    ZAX\boxed{_{\small Z} ^{\small A} \Large X}

2. Les isotopes

  • Définition :

    Deux noyaux isotopes ont le même nombre de proton(s) (ou le même numéro atomique ou le même nombre de charge) ZZ mais des nombres différents de neutrons, donc des nombres de masse différents :

    ZA1X et ZA2X avec A1A2\boxed{^{A_1}_Z X ~ et ~ ^{A_2}_Z X ~ \text{avec} ~ A_1 \neq A_2}

  • Exemples :

\circ\quad 816O^{16}_{8} O, 817O^{17}_{8} O et 818O^{18} _{8} O ;

\circ\quad 612C^{12}_{6} C, 613C^{13}_{6} C et 614C^{14} _{6} C ;

\circ\quad 13H^{3}_{1} H (tritium), 12H^{2}_{1} H (deutérium) et 11H^{1} _{1} H (hydrogène).

3. Stabilité et instabilité des noyaux

  • La stabilité du noyau est assurée par l'interaction forte qui compense la répulsion électrique entre les protons.

  • Sous l'action de ces deux forces, certains noyaux sont stables (= leurs durées de vie sont considérées comme étant infinies à l'échelle géologique) et d'autres sont instables (= destruction spontanée au bout d'une durée plus ou moins grande). Parmi les isotopes possibles d'un élément, seuls certains sont stables. Les autres se décomposent spontanément : on dit qu'ils sont radioactifs. Parmi les 350 noyaux naturels, 60 sont instables. Environ 1500 noyaux artificiels obtenus en laboratoire sont instables. L'ensemble des noyaux forme une représentation graphique que l'on nomme diagramme (N,Z)(N,Z).

  • Diagramme (N,Z)(N,Z) :

    \circ\quad L'ensemble des noyaux stables (en rouge\textcolor{red}{rouge}) forme sur la représentation graphique la vallée de stabilité.

    \circ\quad Les noyaux légers stables (Z<20Z \lt 20) se répartissent au voisinage de la première bissectrice (N=ZN = Z autant de protons que de neutrons).

    \circ\quad Les noyaux lourds stables (Z>20Z \gt 20) s'écartent de la bissectrice (N=ZN = Z). Ils ont plus de neutrons que de protons.

    \circ\quad Pour les noyaux instables :

    \longrightarrow En bout de la vallée de stabilité (en vert\textcolor{green}{vert}), ils se désintègrent en émettant des particules α\large \alpha : ils sont radioactifs α\large \alpha ;

    \longrightarrow Au-dessus de la vallée de stabilité (en bleu\textcolor{blue}{bleu}), ils sont émetteurs β\large \beta^-.

    \longrightarrow Au-dessous du domaine de stabilité (en jaune\textcolor{Orange}{jaune}), ils sont émetteurs β+\large \beta^+.

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II. Réactions nucléaires spontanée

1. Radioactivité

  • Définition et propriétés :

    \circ\quad La radioactivité est la désintégration spontanée de certains noyaux instables, accompagnée de rayonnements corpusculaires et éventuellement électromagnétiques ;

    \circ\quad Les noyaux radioactifs sont des noyaux instables qui se décomposent suivant une réaction nucléaire spontanée ;

    \circ\quad La désintégration radioactive est un phénomène aléatoire, spontané, inéluctable et indépendant des paramètres extérieurs ;

    \circ\quad Au cours de ces réactions, le noyau radioactif, dit noyau père, donne naissance à un noyau fils et à une particule.

  • Remarque : le noyau fils est souvent émis dans un état excité. Lorsqu'il se désexcite, il y a émission d'une très forte énergie sous forme d'onde lumineuse : c'est la radioactivité γ\large \gamma (le rayonnement γ\large \gamma est non-ionisant).

2. Loi de Soddy

Énoncé de la loi de Soddy :

Au cours d'une réaction nucléaire, on a conservation du nombre de masse et du nombre de charge

3. Émission alpha

  • Dans la radioactivité α\large \alpha, le rayonnement corpusculaire est un noyau d'hélium 24He^{4}_{2}He.

  • Elle a lieu lorsque le nombre de nucléons est important, donc pour des noyaux naturels :

    ZAX Z2A4Y+ 24He\boxed{\large ^A_Z X \longrightarrow ~ ^{A-4}_{Z-2} Y +~ ^4_2He}

  • Les particules sont expulsées avec des vitesses relativement modestes et sont arrêtées par une feuille de papier. Néanmoins elles sont très ionisantes et donc dangereuses.

  • Remarque : elles ne sont pas dangereuses pour la peau mais elles sont dangereuses par absorption interne : inhalation ou ingestion.

4. Émission bêta moins

  • Dans la radioactivité β\large \beta^-, la particule émise est un électron 10e^{0}_{-1}e^{-}.

  • Ce type de radioactivité n'a lieu qu'avec un excès de neutrons, elle ne se produit que pour des noyaux naturels :

ZAX Z+1AY+ 10e\boxed{\large ^A_Z X \longrightarrow ~^{A}_{Z+1} Y + ~^{0}_{-1}e^{-}}

  • Les radionucléides β\large \beta^- possèdent trop de neutrons par rapport aux nucléides stables de même nombre de masse AA. La transformation de ce neutron excédentaire produit un électron suivant ce bilan :

    01n11p+ 10e ^1_0 n \longrightarrow ^1_1 p + ~^{0}_{-1}e^{-}

  • Remarque : le noyau fils peut être excité et fournir un rayonnement gamma lors de son émission. On peut avoir l'émission d'un antineutrino.

  • Les particules β\large \beta^- sont assez peu pénétrantes. Elles sont arrêtées par quelques millimètres d'aluminium.

5. Émission bêta plus

  • Dans la radioactivité β+\large \beta^+, la particule émise est un positon +10e+^{0}_{+1}e^{+}.

  • Cette émission a uniquement lieu avec un excès de protons, donc pour les noyaux artificiels (au-delà de Z=92Z = 92 qui est l'uranium) :

ZAX Z1AY+ +10e+\boxed{\large ^A_Z X \longrightarrow ~^{A}_{Z-1} Y + ~ ^{0}_{+1}e^{+}}

  • La transformation d'un proton excédentaire produit un positon suivant le bilan :

    11p01n+ +10e+^1_1 p \longrightarrow ^1_0 n + ~^{0}_{+1}e^{+}

  • En même temps que l'émission β+\large \beta^+ se forme un neutrino ν\nu. De la même façon le noyau fils peut être excité.

III. La loi de décroissance radioactive

1.Caractère aléatoire

  • Propriété :

    La désintégration des noyaux radioactifs est un phénomène totalement aléatoire. Elle ne dépend que du type de noyau.

2. Activité d'un échantillon radioactif

  • Définition :

    On appelle l'activité AA d'un échantillon radioactif le nombre de désintégrations effectuées par unité de temps :

    A=ΔNΔt\boxed{A = - \dfrac{\Delta N}{\Delta t}} (1)\textcolor{purple}{\text{(1)}}

    avec :

    \circ\quad AA est l'activité en becquerels (BqBq) ;

    \circ\quad ΔN\Delta N représente la variation du nombre de noyaux (sans unité) ;

    \circ\quad Δt\Delta t est la durée (en ss).

  • Remarques :

    \circ\quad AA est positif. ΔN\Delta N est négatif car le nombre de noyaux diminue au cours du temps.

    \circ\quad ΔN- \Delta N est le nombre de noyaux désintégrés pendant la durée Δt\Delta t.

    \circ\quad 1 Bq1~Bq correspond à une désintégration par seconde.

    \circ\quad L'activité dépend du nucléide choisi.

3. Loi de décroissance radioactive

  • Énoncé :

    A tout instant tt, l'activité AA est proportionnelle au nombre de noyaux radioactifs NN :

    A=λ×N\boxed{A = \lambda \times N} (2)\textcolor{purple}{\text{(2)}}

    avec :

    \circ\quad AA l'activité,

    \circ\quad λ\lambda la constante radioactive,

    \circ\quad NN le nombre de noyaux radioactifs.

  • Remarque :

    \circ\quad A(t)=λ×N(t)A(t) = \lambda \times N(t). On considère le cas particulier de très petits intervalles de temps avec (1)\textcolor{purple}{\text{(1)}} :

    A=limΔt0 ΔNΔt=dNdtA = \lim_{\Delta t \to 0} ~- \dfrac{\Delta N}{\Delta t} = - \dfrac{dN}{dt} (3)\textcolor{purple}{\text{(3)}}

    \circ\quad Donc par analogie des deux formules (2)\textcolor{purple}{\text{(2)}} et (3)\textcolor{purple}{\text{(3)}}, on obtient

    dNdt=λNdNdt+λN=0- \dfrac{dN}{dt} = \lambda \cdot N \Longleftrightarrow \boxed{\dfrac{dN}{dt} + \lambda \cdot N = 0}

    \circ\quad Il s'agit d'une équation différentielle du premier ordre.

    \circ\quad La solution de cette équation différentielle est :

    N(t)=N0eλt\boxed{N(t) = N_0 \cdot e^{- \lambda \cdot t}}

    (NN nombre de noyaux restant à l'instant tt considéré, N0N_0 nombre de noyaux à t=0t = 0 et λ\lambda constante radioactive du noyau considéré)

    \circ\quad On en déduit que A=A0eλt\boxed{A = A_0 \cdot e^{- \lambda \cdot t}}A0A_0 est l'activité à t=0t = 0.

4. Constante radioactive lambda

  • Propriété :

    La constante radioactive λ\lambda dépend de l'isotope utilisé.

  • Son unité est l'inverse d'un temps : s1^{-1}, min1^{-1}, h1^{-1}, an1^{-1}.

5. Temps de demi-vie t1/2t_{1/2}

  • Définition :

    \circ\quad La demi-vie, notée t1/2t_{1/2}, d'un corps radioactif est le temps au bout duquel la moitié des noyaux présents au départ s'est désintégrée.

    \circ\quad Elle s'exprime en secondes dans le système international.

  • On a donc : N(t1/2)=N02N(t_{1/2}) = \dfrac{N_0}{2} (car, si la moitié s'est désintégrée, il en reste la moitié) et

    t1/2=ln(2)λ\boxed{t_{1/2} = \dfrac{\ln (2)}{\lambda}}

  • Démonstration :

    N0eλt1/2=N02N_0 \cdot e^{- \lambda \cdot t_{1/2}} = \dfrac{N_0}{2},

    soit eλt1/2=12e^{- \lambda \cdot t_{1/2}} = \dfrac{1}{2},

    λ.t1/2=ln(12)\Rightarrow - \lambda . t_{1/2} = \ln \left(\dfrac{1}{2} \right),

    ou λt1/2=ln(2)- \lambda \cdot t_{1/2} = - \ln(2),

    c'est-à-dire t1/2=ln(2)λ\boxed{t_{1/2} = \dfrac{\ln(2)}{\lambda}}.

  • Chaque fois qu'il s'écoule un temps t1/2t_{1/2}, le nombre de noyau restant est divisé par 2. Ainsi, au bout de nn demi-vies, le nombre de noyaux restant est :

    N=N02n\boxed{N = \dfrac{N_0}{2^n}}

  • Cette relation permet de tracer la courbe N=f(t)N = f(t) ci-dessous :

    picture-in-text

  • Si, au départ, on a N0N_0 noyaux, à t1/2t_{1/2} on en a N02\dfrac{N_0}{2} ; à 2t1/22t_{1/2}, on en a N022=N04\dfrac{N_0}{2^2} = \dfrac{N_0}{4}.

    Sur cette courbe, la constante de temps tau est l'abscisse du point d'intersection de la tangente à la courbe à t=0t = 0 avec l'axe des abscisses ; on a τ=1λ\tau = \dfrac{1}{\lambda}.

  • La connaissance du nombre de noyaux restant à l'instant N(t)N(t), de N0N_{0} et lambda permet de déduire t :

    \circ\quad On a N=N0eλtN = N_0 \cdot e^{- \lambda \cdot t}, d'où NN0=eλt\dfrac{N}{N_0} = e^{- \lambda \cdot t},

    \circ\quad soit ln(NN0)=ln(eλt)\ln \left(\dfrac{N}{N_0} \right) = ln \left(e^{- \lambda \cdot t} \right) c'est-à-dire ln(NN0)=λt\ln \left(\dfrac{N}{N_0} \right) = - \lambda \cdot t,

    \circ\quad donc t=ln(NN0)λ\boxed{t = - \dfrac{\ln \left(\dfrac{N}{N_0} \right)}{\lambda}}.

IV. Dangerosité et détection

1. Effets biologiques

  • Plus l'activité d'une source est grande, plus elle est dangereuse.

  • Des formules qui précèdent, on déduit par analogie que A=N×ln(2)t1/2\boxed{A = \dfrac{N \times ln(2)}{t_{1/2}}}.

  • On déduit de cette expression qu'une source radioactive est d'autant plus active, donc dangereuse, qu'elle comporte un grand nombre de noyaux radioactifs et que sa demi-vie est courte.

  • L'action sur les tissus vivants dépend :

    \circ\quad Du nombre de particules reçues par seconde (ce nombre dépend de l'activité de la source et de sa proximité) ;

    \circ\quad De l'énergie et de la nature des particules émises et donc reçues ;

    \circ\quad Du fractionnement de la dose reçue ;

    \circ\quad De la nature des tissus touchés.

  • Les particules alpha ionisantes et le rayonnement gamma sont capables de provoquer des réactions chimiques ainsi que des modifications dans la structure des molécules constitutives la matière vivante. En particulier, ils peuvent induire des mutations du génome de l'individu lorsque l'ADN se trouve modifié.

2. Détection

  • Les rayonnements issus de la radioactivité ne sont pas directement perceptibles car la radioactivité est invisible, inaudible et inodore.

  • Elle ne peut être mise en évidence que par des outils d'observation indirecte :

    \circ\quad Les plaques photographiques ;

    \circ\quad Les chambres d'ionisation ;

    \circ\quad Les détecteurs les plus couramment utilisés ;

    \circ\quad Les compteurs à ionisation de gaz (compteur Geiger par exemple), les scintillateurs et les semi-conducteurs.

  • Le principe est le même pour les différents détecteurs : un signal électrique est produit lorsque des électrons ou des rayons γ\large \gamma\large émis par le corps radioactif traversent le détecteur.

= Merci à shadowmiko pour avoir contribué à l'élaboration de cette fiche =