Cette œuvre s'inscrit dans le parcours « Théâtre et stratagème ».
Dans ce cas précis, le parcours renvoie au genre de l’œuvre (le théâtre) ce qui signifie qu’il ne faut pas oublier, lors de l’épreuve orale notamment, de rattacher le texte expliqué aux caractéristiques mêmes du genre. Pour ce faire, on peut utiliser les mots-clés suivants : didascalie, rebondissement, coup de théâtre, quiproquo, surprise, double entente, double énonciation, répartition de la parole, lazzi, gestes, ton, acte ou scène d’exposition/dénouement.
Il s’agit, ici, d’une comédie : on peut donc parler de dénouement heureux, d'intrigue sentimentale, de registre comique.
Le terme « stratagème » désigne les ruses employées par les personnages (depuis le théâtre antique) pour parvenir à leurs fins et rendre l’intrigue intéressante pour le spectateur qui a besoin d’être diverti mais aussi instruit et éclairé sur des sujets de société.
I. L’auteur et les contextes historique et culturel
Marivaux est un auteur de la 1re moitié du XVIIIe siècle qui a écrit de nombreuses pièces de théâtre, (39 exactement) dont Les Fausses Confidences écrite en 1737.
1) Repères historiques
- 1715 : mort de Louis XIV
- 1716 : les comédiens italiens chassés par Louis XIV sont rappelés à Paris par le Régent Philippe d’Orléans.
- 1715-1793 : règne de Louis XV puis règne de Louis XVI jusqu’en 1793 où il est décapité.
2) Éléments de biographie
Marivaux fait des études de droit à Paris mais les abandonne rapidement pour se consacrer au théâtre.
À noter
Certains personnages créés par Marivaux possèdent des métiers dans le domaine du droit, comme M. Rémy qui est procureur ; et est notamment très présent dans ses pièces le vocabulaire de l’héritage, de la légalité, des contrats, du mariage, etc.
Il sera ruiné en 1720 suite à de mauvais investissements et continuera à écrire des pièces (certaines avec du succès, d’autres sans) et sera élu à l’Académie française en 1742 (vingt ans avant sa mort).
3) Contextes historique et culturel
Cette pièce s’inscrit au début du mouvement des Lumières : ce mot désigne, par métaphore, les connaissances et le savoir, par opposition à l’obscurantisme. Il s’agit d’un mouvement européen (présent en Allemagne et en Angleterre, notamment) qui proclame le règne de la raison et critique l’organisation politique de la société d'Ancien Régime.
Les idées des Lumières ont eu une conséquence historique : la Révolution française de 1789.
Marivaux n’est pas un philosophe des Lumières mais il est imprégné de certaines de leurs idées comme, par exemple, la critique des inégalités sociales incarnée par le valet Dubois, socialement pauvre mais intellectuellement dominant par rapport aux autres bourgeois de la pièce. Dans cette pièce, il va élaborer des stratagèmes pour provoquer un mariage entre une femme fortunée et un jeune homme ruiné. Marivaux livre donc ici une satire d’une société dans laquelle l’argent et le rang social sont rois au mépris des véritables sentiments.
On retrouve cette même critique des inégalités faite par un valet dans Le mariage de Figaro de Beaumarchais (œuvre écrite cinq ans avant la Révolution) mais le valet va beaucoup plus loin dans la critique, annonçant ainsi l’abolition des privilèges de 1789.
II) Le titre
Le titre repose sur un oxymore : en effet, « les confidences » est un terme qui désigne des paroles spontanées et sincères alors que l’adjectif « fausses » souligne que ces confidences sont manipulatrices et trompeuses.
À noter
Les fausses confidences sont le fait de presque tous les personnages de la pièce. Dubois, bien-sûr, mais aussi M. Rémy, Dorante et Araminte, elle-même, qui se prend au jeu de la manipulation pour forcer Dorante à lui avouer son amour.
III. Structure et résumé de l'œuvre
1) Acte I
Dubois, le valet intrigant de la pièce, est au centre des actions de ce premier acte : son objectif est de rendre Araminte amoureuse de Dorante.
Sa première manigance est de faire entrer Dorante au service d'Araminte. Cette dernière le trouve agréable et lui donne sa confiance. Elle lui apprend qu’elle risque un procès avec le comte Dorimont mais que celui-ci désire l'épouser afin d’éviter ledit procès.
Araminte charge Dorante de se renseigner sur ce noble pédant qu'elle ne veut pas épouser et de trouver des arguments pour espérer gagner le procès. Madame Argante (mère d’Araminte) s'interpose et demande à Dorante de convaincre Araminte de perdre son procès pour qu’elle puisse, ainsi, épouser le comte. Dorante refuse. Il reçoit le conseil de son oncle, M. Rémy, d'épouser Marton (servante d’Araminte) qui devrait recevoir 1 000 livres comme cadeau de mariage de la part d'Araminte.
Dubois, valet d'Araminte, persuade cette dernière que Dorante est amoureux d'elle et qu'il refuse les plus beaux partis de la région, pour elle. Araminte est touchée par cet amoureux transi et elle le garde à son service par compassion.
2) Acte II
Dorante a réussi à convaincre Araminte de plaider son procès afin d’éviter le mariage avec Dorimont. M. Rémy (le procureur), arrive pour convaincre Dorante d'épouser un riche parti mais Dorante croit que l'intéressée est Marton et refuse avec dédain.
Un garçon apporte alors un portrait dans une boîte, pour Dorante. Marton (manipulée par le mensonge de Dubois à l’acte I), pense que c’est un portrait d’elle que Dorante a fait réaliser : mais Araminte ouvre la boîte et découvre qu’il s’agit de son portrait. Dubois veut faire comprendre à celle-ci que Dorante est l'auteur de cette preuve d'amour.
Pour confondre le comte Dorimont, ils décident d'organiser un faux rendez-vous galant où Araminte acceptera de l'épouser. Le comte se méfie du piège et annonce qu'il ne peut plus épouser Araminte parce qu'il doit épouser une autre personne dont il ne peut dévoiler le nom. En fait, il ne s'agit que de Marton.
3) Acte III
Marton, qui vient de comprendre que Dorante ne l'aime pas et qu’elle est victime d’une manipulation, dérobe une lettre, écrite par Dorante à la demande de Dubois. Cette lettre révèle la passion de Dorante pour Araminte à un destinataire imaginaire. Elle se termine par un aveu sur la volonté de Dorante de quitter la France à tout jamais, par honte d'avoir trompé Araminte.
Madame Argante prend possession de la lettre et la fait lire par le comte devant tout le monde. L'oncle de Dorante est furieux de voir la façon dont on traite son neveu comme un séducteur aventurier et chasseur de dote. Dorante ne renie pas être le créateur de la lettre mais il n'avoue aucune passion pour Araminte.
Araminte parle durement à Dubois pour avoir trahi son ancien maître. Elle reprend son amitié à Marton pour sa conduite. Elle accepte finalement de rencontrer Dorante seule à seul et lui avoue son amour. Dorante lui avoue les manigances de Dubois en précisant que la seule chose vraie était son amour pour elle. Araminte, conquise, pardonne à Dorante. Dubois savoure sa victoire.
Madame Argante maudit Dorante en lui disant qu'il ne sera jamais son gendre.
Le comte se retire avec une révérence et l’on comprend que l’union des deux amoureux est annoncée sans être néanmoins montrée sur scène.
IV. Les thèmes et mots-clés
- Le marivaudage (notion à connaître) : il désigne cet art du dialogue inventé par Marivaux et qui consiste à parler des sentiments avec esprit. Il s’agit aussi d’une forme d’investigation morale et psychologique : le dialogue permet aux personnages de se connaître et de comprendre ce qu’ils éprouvent.
- La commedia dell’arte : cette troupe de théâtre italienne qui a cohabité avec Molière au siècle précédent, a considérablement influencé Marivaux et se caractérise par son art de la gestuelle, des mimes (les lazzi), le peu de parole sur scène et la présence des mêmes personnages incarnant des types précis (Arlequin).
- La naissance de l’amour : il s’agit du sujet de prédilection de Marivaux dans toutes ses pièces. La prise de conscience du sentiment est, ainsi, le moteur de l’action (idem chez les comédiens du théâtre italien).
- Les obstacles à l’amour : ils peuvent être intérieurs (orgueil ou froideur du personnage, par exemple) ou extérieurs (dans le cas précis, différence sociale entre Dorante et Araminte).