Les sciences et la technique

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I. Les apports de la science et de la technique

1) La révolution industrielle

L’homme pose un regard singulier sur le monde qui l’entoure, agit sur la nature et la transforme. Il ne s’adapte pas uniquement à son milieu ; il interagit avec lui pour l’adapter à ses besoins. Dans son Discours de la Méthode (1641), Descartes montrait déjà que l’homme se rend « maître et possesseur de la nature » grâce à la technique.

La révolution industrielle qui agite tout le XIXe siècle suggère l’idée que la machine devient l’outil des temps modernes. Elle cherche à libérer l’homme des tâches pénibles : par exemple, c’est l’apparition dans l’agriculture des premières moissonneuses. Mais cette foi dans le progrès trouve cependant très vite ses limites : la machine commence déjà à asservir l’homme ; elle est souvent représentée comme une broyeuse d’hommes. Ainsi Victor Hugo, dans son poème « Melancholia » (Les Contemplations, 1856), dénonce tout à la fois le travail des enfants et ces machines qui transforment le travail en enfer tant sur le plan physique qu’intellectuel.

 

Le XXe siècle garde cette foi dans le progrès jusqu’à la Première Guerre mondiale. Les ravages de celle-ci, l’apparition de nouvelles armes et les monstruosités qu’elle engendre (mort, destructions…) laisse l’homme effrayé et méfiant face à la machine. Pourtant, il est fasciné par la technologie, cette science qui introduit un savoir nouveau et qui se différencie de la technique. Certaines formes de travail aliénant sont dénoncées, telles que le travail à la chaîne (voir Les Temps modernes de Charlie Chaplin) ainsi que la division des tâches qui abrutissent l’individu, les nuisances sonores, visuelles… Cela conduit à certaines grandes réformes sociales entre les deux guerres et à la création de métiers nouveaux tels que l’ergonomie qui analyse le confort des postes de travail ou encore la reconnaissance à la fin du XXe siècle des maladies professionnelles.

2) La robotisation du travail

Aujourd’hui, un nouveau questionnement a surgi : la machine remplacera-elle l’homme dans la plupart des postes de travail ? La robotisation dans les entreprises s’accélère et modifie considérablement les rapports de l’homme à la machine ; désormais, celle-ci est autonome dans son travail mais les nouvelles technologies lui permettent aussi d’apprendre par elle-même. Les robots deviennent intelligents, même si cette intelligence est différente de celle de l’être humain. Ainsi, si vous demandez à un homme enfermé dans une chambre s’il fait beau, il regardera par la fenêtre pour le savoir ; la machine s’intéressera quant à elle au couvre-lit et analysera les reflets de la lumière sur le tissu.

Par ailleurs, la machine offre certains avantages ; elle ne s’occupe pas des conditions de travail ; elle exécute les ordres, ne prend pas de vacances, ne demande pas d’augmentation de salaire… Certains économistes pensent que des métiers pourraient disparaître dans les années à venir (une étude menée en 2018 par des chercheurs de l’Université d’Oxford tend à le montrer) ; sont peut-être concernés les traducteurs dès 2024, les chauffeurs en 2027… On estime qu’en 2061, grâce à l’intelligence artificielle, un travail sur deux pourrait être amené à disparaître. L’OCDE est moins pessimiste : en 2016, elle estimait que moins de 10 % des emplois pourraient ainsi disparaître en France. Dans ce cas, la notion de perte d’emploi prend du sens : il n’est plus tant question de chômage que de remise en question de l’utilité sociale de l’individu car le travail peut être envisagé sous deux aspects : il représente une aliénation, une contrainte ou bien il est un facteur d’épanouissement personnel.

La question qui se pose désormais est la suivante : faut-il avoir peur de cette robotisation ? Les avis sont assez partagés : certains estiment que la machine, même autonome, reste programmée par l’homme et que, de ce fait, elle ne sera jamais qu’une exécutante ; d’autres au contraire pensent qu’elle aura acquis suffisamment de savoir pour se gouverner seule et, à terme, gouverner les hommes.

II. La science et la technique sont-elles encore au service de l'homme ?

La recherche scientifique, la connaissance, la technologie et les techniques ont toujours été au service de l’homme. Améliorer ses conditions de vie dans tous les domaines, tels que le travail, la vie quotidienne ou la santé et le confort, a été un objectif qui s’est souvent réalisé.

Zoom sur…

La médecine

La médecine a d’abord cherché à soigner le corps. L’augmentation de la durée de vie, notamment dans les pays riches, est due à l’amélioration de l’hygiène, à la découverte des antibiotiques, à l’introduction de la vaccination obligatoire et à un meilleur suivi des grossesses et des accouchements. Elle a aussi cherché à soigner les maladies, les blessures et à vaincre la douleur. De nos jours, elle cherche à anticiper sur la maladie avec la prévention

La médecine a aussi cherché à réparer l’homme, notamment à l’aide de la chirurgie qui, grâce à l’anesthésie, permet de réaliser des interventions de plus en plus audacieuses. On peut citer les prothèses qui permettent de retrouver un aspect visuel (chirurgie réparatrice) ou de redonner au corps une partie de son intégrité et de son autonomie (pace-maker, prothèses auditives de plus en plus performantes et de plus en plus discrètes…). On envisage aujourd’hui un cœur ou un pancréas artificiel. Mais il faut rester prudent : tous ces ajouts doivent rendre le corps acceptable à l’individu car ils le modifient au plus profond de lui-même ; « Suis-je toujours moi ou suis-je un autre ? » est une question que beaucoup se posent après de telles interventions. Ces modifications rendent le sujet dépendant d’un suivi médical contraignant, interdisent les projets à long terme et privent de perspectives d’avenir.

Aujourd’hui, la recherche progresse dans le corps augmenté, c’est-à-dire un corps sain dont les capacités physiques et intellectuelles seraient largement augmentées par les nanotechnologies et les biotechnologies, au point qu’il pourrait affronter sans dommages toutes les maladies. Grâce au corps augmenté, l’homme semble « réparable » à l’infini.

III. La course vers l'immortalité

Cette idée n’est pas nouvelle ; elle taraude l’homme depuis toujours. Aujourd’hui, cette idée semble approchable et certains hommes y investissent beaucoup d’argent. La question du comment semble alors résolue ; il y a certes peu de chances pour que cette perspective se réalise dans un délai court. L’homme commencera-t-il par vivre de plus en plus longtemps : cent vingt, deux cents ans… ?

Si la question du « comment ? » finira par être résolue, la question du « pourquoi ? » reste en suspens. Pourquoi l’homme ne veut-il pas mourir ? Que fera-t-il de tout ce temps ? Pourra-t-il encore vivre sur la Terre alors que les hommes y seront si nombreux ? Pourra-t-il choisir de mourir ou sera-t-il obligé de vivre ? Quel régime politique sera le meilleur pour préserver l’harmonie, puisque les guerres seront de toute évidence devenues inutiles ? Autant de questions auxquelles aucune réponse ne peut aujourd’hui être apportée.