Les règles du théâtre classique

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Le théâtre classique cherche à donner au spectateur l’impression qu’il assiste à une action véritable, et non pas à une simple représentation. Il s’est établi progressivement sur un certain nombre de règles visant à créer cette illusion et à fonder cette vraisemblance.

I La vraisemblance

Les règles élaborées à partir des années 1630 reposent sur le principe fondamental de la vraisemblance. L’abbé d’Aubignac la définit même, dans La Pratique du théâtre (1657), comme « l’essence du poème dramatique, et sans laquelle on ne peut rien faire ni rien dire de raisonnable sur la scène ».

Repère
À NOTER

Classique ou non, le théâtre repose sur des conventions que le spectateur accepte : il feint de croire, le temps de la représentation, à l’illusion représentée sous ses yeux.

La vraisemblance conduit le spectateur à considérer comme vraie l’action qu’il voit représentée, même s’il sait qu’elle n’est pas réelle.

Elle implique que l’action soit rationnelle, et que l’intrigue ait une cohérence générale.

II Les bienséances

Au XVIIe siècle, on désigne par le terme de bienséance le fait que la pièce représentée respecte certains principes de cohérence.

Ce devoir de cohérence concerne d’abord le personnage dramatique (on parle alors de bienséance interne). Celui-ci doit :

ne pas changer de caractère au cours de la pièce : Rodrigue est héroïque dès le début du Cid de Corneille et jusqu’au dénouement ;

agir conformément à son rang : ainsi un roi ne peut recourir à la ruse ou au mensonge comme le ferait un valet de comédie ;

respecter ce que le spectateur sait déjà de lui : sur scène comme dans l’histoire ou la mythologie, Néron est tyrannique et Achille impétueux.

Une forme de cohérence doit aussi régner entre la scène et la salle (on parle alors de bienséance externe). Ce qui choquerait dans la vie réelle risque aussi, une fois porté à la scène, de choquer le public du théâtre.

Pour cette raison, un certain nombre de réalités sont censées ne pas être représentées directement :

– la violence, et notamment la mort (ainsi, la mort d’Hippolyte est racontée par Théramène au dernier acte de Phèdre) ;

– les réalités corporelles, et notamment sexuelles.

III La règle des trois unités

Pour assurer la vraisemblance de la pièce, les dramaturges classiques tentent de rapprocher ce qui se passe sur scène de ce qui se passe dans la salle. C’est ce que vise la règle des trois unités.

L’unité de lieu tient au fait que le spectateur de théâtre reste au même endroit pendant le spectacle. Puisqu’il ne change pas de lieu, la scène doit elle aussi demeurer dans un endroit unique, ce qui conduit à privilégier des lieux intermédiaires (le cabinet d’un roi, l’antichambre d’un palais).

L’unité de temps tient au fait que le temps de la représentation est limité ; celui de l’action représentée doit s’en approcher le plus possible. Mais le temps étant une réalité subjective, on considère qu’aux quelques heures de la représentation peuvent correspondre jusqu’à vingt-quatre heures.

L’unité d’action est la conséquence des deux unités précédentes ; en un seul lieu, en un jour au plus, seule une action principale peut avoir lieu ; les intrigues secondaires doivent donc s’y rattacher. Comme le dit Mairet, « il y doit avoir une maîtresse et principale action à laquelle toutes les autres se rapportent comme les lignes de la circonférence au centre » (Préface de La Silvanire, 1631).