Les règles de la versification

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Les règles de la versification concernent les rythmes et les sonorités du poème. Si elles permettent de définir des formes fixes, obéissant à des principes communs, chaque poète se les approprie et les exploite de manière créative.

Je vis, je meurs ; // je me brûl(e) et me noi(e) ;

J’ai chaud extrêm(e) // en endurant froidur(e) :

La vie m’est // et trop moll(e) et trop dur(e).

J’ai grands ennuis // entremêlés de joi(e).

Louise Labé, Œuvres (1555)

I Le vers

1 Les types de vers

On distingue :

• les vers pairs, comme l’alexandrin (douze syllabes), le décasyllabe (dix) ou l’octosyllabe (huit) ;

• les vers impairs, plus rares.

Ici, Louise Labé utilise le décasyllabe, donc un vers pair.

Pour déterminer quel est le type de vers, il faut compter les syllabes qu’il comporte. On doit alors tenir compte de quelques principes.

• Le -e muet (ci-dessus entre parenthèses) s’élide toujours en fin de vers et avant un mot commençant par une voyelle ou un h muet.

En revanche, le -e de « vie » au vers 3 est prononcé, puisqu’il est suivi d’une consonne : « La vi-e m’est… »

• La diérèse permet de compter pour deux syllabes deux voyelles voisines.

• La synérèse permet de compter pour une seule syllabe deux voyelles voisines.

C’est ici le cas d’« ennuis » (qui ne se lit pas « ennu-is »).

2 L’accentuation

La dernière syllabe (prononcée) d’un vers est toujours accentuée : on parle d’accent métrique.

Les vers de plus de huit syllabes comportent un second accent métrique, sur la quatrième syllabe pour le décasyllabe, sur la sixième pour l’alexandrin. Cet accent détermine la place de la césure (notée //) qui se situe immédiatement après lui et qui partage le vers en deux hémistiches (« demi-vers »).

Dans les quatre vers de Louise Labé, on constate que les groupes de mots se répartissent logiquement entre les deux hémistiches inégaux (quatre syllabes pour le premier, six syllabes pour le second).

3 Les effets de discordance

L’enjambement désigne le fait qu’un groupe syntaxique important déborde le cadre du vers et se prolonge dans le vers suivant.

Le rejet consiste à repousser dans le vers suivant un élément court nécessaire à la construction du vers précédent.

Le contre-rejet place un élément verbal court à la fin d’un vers alors qu’il appartient au vers suivant par la construction et le sens.

Ces effets de rythme restent relativement rares en poésie avant le XIXe siècle.

II La rime

Repère
À noter

Une rime se caractérise également par son genre : elle est dite féminine si elle se termine par un -e muet, masculine sinon.

La qualité de la rime dépend du nombre de sons que partagent les mots à la rime (le -e muet ne comptant pas). Elle peut être pauvre (un seul son commun), suffisante (deux sons communs) ou riche (trois sons communs ou plus) : « noie » et « joie » forment une rime pauvre (son [oi]) ; « froidure » et « dure » une rime riche (sons [d], [u] et[r]).

La disposition des rimes dépend de la façon dont elles se combinent. Le plus souvent, elles sont : plates ou suivies (schéma aabb), croisées (schéma abab) ou embrassées (schéma abba, comme dans le quatrain de Louise Labé).

III La strophe

On identifie la strophe traditionnelle par le blanc typographique qui sépare chaque groupement de vers à l’intérieur d’un poème et par l’organisation des rimes. Les principaux modèles de strophes sont le quatrain (quatre vers), comme cette strophe de Louise Labé, et le sizain (six vers).