Les principaux outils de mesure des inégalités

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L’étude des inégalités nécessite des outils pour les mesurer. On distingue les outils statiques des outils dynamiques, ces derniers ­permettant de savoir si les inégalités sont héréditaires.

I. La mesure statique des inégalités

1)  Les rapports inter-quantiles

Pour mesurer les inégalités de revenu, on classe la population en tranches, les quantiles, en fonction de leur revenu. Chaque tranche correspond au revenu maximum de la population de cette tranche. On mesure les inégalités de revenu en fonction du rapport de revenu entre ces tranches.

Le rapport inter-quantile le plus utilisé est le rapport inter-décile. Le premier décile est le niveau de salaire qui sépare les 10 % des salariés les moins bien payés des 90 % les mieux rémunérés. Le décile D5 correspond au revenu partageant la population en deux (la médiane). Le rapport du dernier décile D9 et du premier décile D1 (donc D9 / D1) évalue l’inégalité des revenus.

Mot-clé

La population est divisée en tranches de 10 % selon le revenu ou le patrimoine, le décile est ainsi la valeur qui sépare chaque tranche, de 10 % en 10 %.

On peut mesurer d’autres rapports inter-quantiles. Si on divise la population en groupes de 25 % en fonction des revenus, on obtient le rapport inter-quartile. Le rapport inter-centile mesure les écarts de revenu entre les 1 % les plus riches et les 1 % les plus pauvres.

2)  La courbe de Lorenz et le coefficient de Gini

La courbe de Lorenz est une représentation graphique permettant de visualiser la distribution d’une variable (patrimoine, revenu) au sein d’une population. Le plus souvent, pour construire la courbe, la population est divisée en déciles.

Le coefficient de Gini est un indicateur synthétique d’inégalités de revenu. Il varie entre 0 et 1. Il est égal à 0 s’il y a égalité parfaite dans la distribution des revenus (tous les revenus sont égaux). Il est égal à 1 si un seul agent économique concentre l’ensemble des revenus. Entre 0 et 1, l’inégalité est d’autant plus forte que le coefficient de Gini est élevé.

3) Le top 1 %

Le top 1 % ou centile supérieur rassemble le 1 % de la population la plus riche. Cette population regroupe 500 000 personnes environ en France. La part du revenu (ou du patrimoine) détenue par le top 1 % est un instrument pour mesurer la concentration de richesses et les inégalités.

II. La mesure dynamique des inégalités

1)  Les limites de la mesure statique des inégalités

Rapports inter-quantiles, courbe de Lorenz ou coefficient de Gini sont des outils qui mesurent les inégalités à un moment donné. Ils offrent un instantané des inéga­lités en rassemblant les revenus de populations dont le niveau de revenu est ­transitoire.

Le niveau des inégalités peut être lié à des facteurs transitoires comme la composition de la population. Si celle-ci comporte de nombreux étudiants, le revenu de ces derniers a une grande probabilité d’augmenter dans les années qui suivent, réduisant ainsi les inégalités de revenu.

2)  La corrélation des revenus parents-enfants

Une mesure dynamique des inégalités consiste à comparer les revenus des parents et des enfants. L’économiste Alan Krueger a construit une courbe, dite courbe de Gatsby, qui met en relation sur l’axe horizontal l’inégalité des revenus sur une génération et sur l’axe vertical la différence de revenu entre générations différentes.

La courbe de Gatsby montre que les pays ayant les plus grandes inégalités de revenu sont ceux où les enfants ont des revenus comparables à ceux de leurs parents, les inégalités devenant ainsi héréditaires.

Zoom

Courbe de Lorenz du patrimoine et du revenu disponible

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 Sur l’axe horizontal, figure le pourcentage cumulé de la population divisée en déciles et sur l’axe vertical, le pourcentage cumulé des revenus ou du patrimoine. La droite rouge représente une répartition égalitaire des revenus et du patrimoine : 50 % des ménages perçoivent 50 % des revenus.

 La courbe en pointillés bleus mesure les inégalités de revenu. La courbe rouge indique que les 20 % des ménages les plus pauvres détiennent une part infime du patrimoine financier total, les 50 % les plus pauvres seulement 5 %.