Lorsqu’on étudie un texte narratif, on doit être particulièrement attentif à son traitement de la chronologie (le temps de la narration) et au point de vue qu’il adopte pour raconter l’histoire (la focalisation).
I Le temps de la narration
Repère
À noterLe temps de l’histoire quant à lui, se rapporte aux événements eux-mêmes (époque, ordre, durée) et non au récit qui en est fait.
Le temps de la narration désigne le moment où le narrateur raconte les événements, l’ordre dans lequel il les rapporte et le rythme qu’il adopte pour les raconter.
1 Le moment de la narration
Dans la narration ultérieure, le narrateur se situe après les événements ; le récit emploie donc les temps du passé (en particulier le passé simple et l’imparfait).
Dans la narration simultanée, il se situe au moment même où les événements se déroulent ; le récit emploie alors le présent.
Dans la narration antérieure, il se situe avant que les événements ne se produisent. Ce procédé, rare et généralement circonscrit à un bref passage d’un récit, relève d’une forme d’anticipation (rêve, prophétie) ; le récit emploie alors le futur.
2 L’ordre de la narration
Il arrive que le narrateur rompe l’ordre chronologique dans lequel les événements qu’il rapporte se sont déroulés : on parle alors d’anachronie. Deux types de rupture sont possibles.
L’analepse opère un retour en arrière (rétrospection) en évoquant un événement antérieur à ce qu’on est en train de raconter. C’est le cas lorsqu’un personnage se souvient de son passé.
La prolepse opère une anticipation en évoquant un événement postérieur à ce qu’on est en train de raconter. C’est le cas lorsque le narrateur annonce une péripétie qu’il rapportera ultérieurement.
3 Le rythme de la narration
Le narrateur ne peut jamais tout raconter. Il rapporte en détail des événements précis, en résume brièvement d’autres, passe certains sous silence.
Dans la pause, le narrateur interrompt l’écoulement du temps de l’histoire pour décrire un lieu, un personnage, ou pour faire un commentaire.
Dans la scène, le narrateur développe un temps fort de l’histoire ; la durée de la narration correspond à peu près à la durée des événements narrés.
Dans le sommaire, le narrateur résume une période sans véritable importance ; le sommaire sert souvent de transition entre deux scènes.
Dans l’ellipse, le narrateur passe sous silence une partie des événements.
Étudier le temps de la narration permet donc d’apprécier la façon dont le romancier transforme le temps linéaire de l’histoire en un récit dynamique, à l’ordre et au rythme variés.
II La focalisation
La focalisation désigne le point de vue à partir duquel les éléments du récit sont décrits et racontés par le narrateur.
Dans la focalisation externe, le narrateur adopte le point de vue d’un observateur extérieur, qui se limite à ce qu’il voit ou entend. Il s’en tient aux apparences et n’a donc pas accès aux pensées ou aux sentiments des personnages.
Dans la focalisation interne, le narrateur adopte le point de vue d’un personnage : le lecteur découvre alors l’univers du récit, les lieux, les objets, les autres personnages ainsi que les événements, à travers la conscience, les pensées et les sensations du personnage choisi comme foyer de perception.
Dans la focalisation zéro, le narrateur est omniscient : il voit tout, sait tout, et connaît les pensées de tous les personnages, au même moment et à différents endroits du monde. C’est le point de vue le moins limité, car il permet au lecteur de tout connaître. La focalisation zéro est ainsi rapprochée, par métaphore, du regard de Dieu.