En situation de monopole ou d’oligopole, les entreprises disposent d’un pouvoir de marché : leur poids significatif leur donne la possibilité de fixer un prix plus élevé qu’en situation de concurrence. Ce pouvoir provient de l’imperfection de l’information et de l’existence de différents types de barrières à l’entrée.
I. Des barrières structurelles
Mot clé
Lorsque la production augmente, les coûts fixes n’augmentent pas, ce qui entraîne une diminution du coût unitaire de production. On observe ces économies d’échelle dans des activités qui nécessitent d’importants coûts fixes (transport ferroviaire, aéronautique…).
Les barrières à l’entrée désignent des obstacles à l’arrivée de nouveaux concurrents sur un marché. Les barrières structurelles sont dues aux caractéristiques du marché. Elles sont liées aux conditions de production (existence d’économies d’échelles ou de réglementations).
Lorsqu’il existe des économies d’échelle, les entreprises en place disposent d’un avantage : leur coût unitaire de production diminue lorsque la production augmente. Leur rentabilité est donc plus forte que celle de potentiels concurrents qui ne peuvent d’emblée réaliser un volume de production suffisant. En présence de fortes économies d’échelle, il peut ne subsister qu’une seule entreprise rentable : un monopole dit « naturel ».
Les barrières réglementaires sont des barrières légales s’imposant aux entreprises. Il s’agit parfois de normes techniques coûteuses à mettre en place ou de règles d’implantation (ex. : nombre limité de taxis à Paris). Les monopoles institutionnels ou légaux résultent d’une volonté de l’État d’interdire l’entrée d’un concurrent sur le marché.
II. Des barrières stratégiques
Les barrières stratégiques sont créées par les entreprises elles-mêmes afin de dissuader d’éventuels concurrents.
Les entreprises réalisent des dépenses de recherche et développement afin d’innover. Elles peuvent alors déposer des brevets. Ces barrières juridiques leur confèrent une situation temporaire de quasi-monopole en empêchant la concurrence d’exploiter leurs innovations. On parle de monopole d’innovation.
Les stratégies de prix sont aussi utilisées. En vendant à bas prix, l’entreprise ou les entreprises (dans le cadre d’une entente) peuvent rendre impossible l’accès au marché à de nouveaux concurrents. On parle de « guerre des prix » ou de « prix prédateurs ».
III. Une information imparfaite
L’information est dite imparfaite quand les agents économiques ne disposent pas rapidement et sans coût de toutes les informations sur les prix, les quantités et la qualité des produits vendus sur un marché. Ils ne sont pas non plus capables de prévoir les comportements des autres agents.
Mot clé
Les entreprises doivent prendre leurs décisions en prenant en compte les réactions des autres. La capacité de réaction des entreprises désigne leur capacité à mener une guerre des prix ou à inonder le marché de leurs produits en réponse à l’arrivée d’un nouveau concurrent.
Si les consommateurs ne sont pas suffisamment informés sur la qualité des nouveaux produits sur un marché, ils préféreront se diriger vers les produits connus dans lesquels ils ont confiance. C’est un avantage pour les entreprises déjà implantées sur le marché et une barrière à l’entrée de nouveaux concurrents.
Les entreprises souhaitant entrer sur un marché ne disposent pas de suffisamment d’information sur la capacité de réaction des entreprises déjà en place. Elles peuvent alors renoncer à entrer sur le marché de peur de ne pouvoir y faire face.
ZoomUne barrière stratégique : les brevets
Les brevets sont des droits de propriété qui garantissent l’exclusivité de l’exploitation d’une innovation à son inventeur. Déposer de nombreux brevets est une stratégie qui vise à créer des barrières à l’entrée de nouveaux concurrents.
L’industrie automobile est particulièrement dynamique en matière de demandes de brevet : Valeo, Peugeot-Citroën, Michelin et Renault ont demandé à elles quatre 4 387 brevets en 2018.