Une figure de style est un procédé littéraire qui s’écarte de la formulation plate et banale pour créer un effet d’expressivité.
I Les figures de sens
1 Les figures d’analogie
Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l’horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;
Charles Baudelaire, « Spleen », LXXVIII, Les Fleurs du Mal (1857)
La comparaison rapproche deux objets différents ayant un point commun, à l’aide d’un outil comparatif (comme, tel).
La métaphore est une sorte de comparaison implicite (sans outil comparatif).
Dans la strophe ci-dessus, le jour est assimilé à un liquide « versé » par le ciel.
La personnification attribue à un animal, un objet ou une abstraction les propriétés d’un être humain.
2 Les figures de substitution
La périphrase remplace un mot simple par une expression plus complexe : le compositeur des Noces de Figaro (= Mozart).
La métonymie désigne un élément par un autre élément ayant une relation logique avec le premier : un Zola (= un roman écrit par Zola). La synecdoque est une forme particulière de la métonymie, fondée sur un rapport d’inclusion : on désigne le tout par la partie.
Depuis plus de six mois éloigné de mon père,
J’ignore le destin d’une tête si chère ;
J’ignore jusqu’aux lieux qui le peuvent cacher.
Jean Racine, Phèdre, I, 1 (1677)
[La tête désigne la personne tout entière (synecdoque).]
3 Les figures d’opposition
L’antithèse consiste à rapprocher deux mots opposés : « Je vous blâmais tantôt, je vous plains à présent » (Corneille). Cas particulier de l’antithèse, l’oxymore relie des termes opposés dans une même expression : « le Soleil noir de la Mélancolie » (Nerval).
L’antiphrase fait comprendre le contraire de ce que l’on dit explicitement ; le plus souvent, elle est utilisée dans la tonalité ironique. Ne vous gênez pas !
4 Les figures d’atténuation ou d’exagération
L’euphémisme nomme une réalité désagréable de manière neutre ou agréable : demandeur d’emploi (= chômeur).
La litote permet de dire le moins pour faire entendre le plus : Cela ne sent pas la rose ! (= Cela sent très mauvais).
L’hyperbole est une exagération : Il est bête à pleurer.
II Les figures de construction
L’anaphore répète un mot ou une expression en début de vers ou de phrase.
Rome, l’unique objet de mon ressentiment !
Rome, à qui vient ton bras d’immoler mon amant !
Pierre Corneille, Horace, IV, 5 (1640)
L’énumération est une sorte de répétition où sont repris des termes proches par le sens : « Adieu, veau, vache, cochon, couvée » (La Fontaine).
Quand les termes sont disposés du plus faible au plus fort, ou du plus fort au plus faible, on parle de gradation : « Va, cours, vole et nous venge. » (Corneille).
Le parallélisme est la répétition d’une même structure syntaxique : « Tu me haïssais plus, je ne t’aimais pas moins… » (Racine).
Le chiasme inverse les termes de deux groupes syntaxiques identiques.
Victor Hugo, Les Châtiments, VI, 3 (1852)
Repère
ConseilIl ne faut pas se contenter de repérer et d’identifier une figure de style : l’enjeu principal est de l’interpréter et d’analyser l’effet qu’elle produit sur le lecteur.