Les mutations de la structure socioprofessionnelle et du système de formation jouent un rôle essentiel dans la mobilité sociale. La famille exerce également une action déterminante.
I. La structure socioprofessionnelle et les niveaux de formation
1) La mobilité structurelle
La comparaison entre la répartition socioprofessionnelle des individus et celle de leur père permet d’observer les CSP en déclin et les CSP en expansion entre les deux générations. Ainsi 7,9 % des enquêtés sont fils d’agriculteurs en 2017, mais seulement 2,5 % sont agriculteurs eux-mêmes.
Cette comparaison reflète une transformation de la structure socioprofessionnelle française, marquée par la baisse séculaire du poids du secteur de l’agriculture, une désindustrialisation depuis les années 1970 et un triple processus de salarisation, de tertiarisation et de féminisation de l’emploi.
Les CSP en déclin (agriculteurs, ouvriers, artisans-commerçants-chefs d’entreprise) ont généré une mobilité structurelle vers les CSP en expansion (cadres, professions intermédiaires), celle-ci expliquant l’essentiel de la mobilité et de son augmentation ces dernières décennies.
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La mobilité structurelle désigne les déplacements intergénérationnels, ascendants ou non, liés aux transformations de la structure socioprofessionnelle.
2) L’élévation du niveau de diplôme et de formation
L’accès à un niveau de formation plus élevé est une condition essentielle d’une mobilité sociale ascendante.
L’élévation globale du niveau de formation accompagne les transformations de la structure socioprofessionnelle et permet une mobilité sociale ascendante pour nombre d’enfants de catégories populaires et moyennes.
Cependant un niveau de formation qui s’élève plus rapidement que la structure des emplois a des effets pervers. Il explique une moindre rentabilité des diplômes.
II. Le rôle de la famille et de ses transformations
1) Ressources familiales et reproduction sociale
La famille au travers de son rôle de socialisation crée des aspirations, différentes selon le milieu social, qui influencent la trajectoire sociale des individus, au travers des choix d’études notamment.
La famille met également en œuvre des stratégies qui influencent les choix d’études et les positions sociales futures. Selon le sociologue Raymond Boudon, ces stratégies scolaires rationnelles sont le fruit de décisions qui reposent sur un calcul coût/avantages encourageant l’inégalité des chances, les familles des catégories supérieures anticipant plus d’avantages aux choix de poursuite d’études que les familles de catégories inférieures.
Le sociologue Pierre Bourdieu a montré que la reproduction sociale était liée, selon les groupes sociaux, à la possession différente en quantité et en qualité de capitaux économiques, culturels et sociaux qui ont une rentabilité scolaire plus ou moins forte. Le capital social joue en particulier un rôle majeur pour l’accession à certains types d’études ou à certains types d’emplois qui nécessitent la constitution d’un réseau.
2) Le rôle des configurations familiales
La configuration familiale a des effets sur la socialisation des individus, sur leurs aspirations et leurs projets, leurs choix d’études et leurs réussites et donc sur leurs trajectoires futures.
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La configuration familiale désigne la composition et les modes de constitution de la famille, le nombre et l’âge des frères et sœurs, la position dans la fratrie, la place des grands-parents…
Les transformations de l’institution familiale, marquée par le développement des familles monoparentales et recomposées, peuvent avoir des effets sur les destins individuels.
Zoom
CSP des personnes en emploi de 1982 à 2018
Source : Insee Références, édition 2019.
L’évolution des CSP depuis 1982 reflète les transformations sectorielles de la production et de la population active.
La CSP cadres connaît une forte progression tandis que celles des agriculteurs et des ouvriers connaissent la plus forte baisse.