S’engager repose sur des motivations individuelles et un contexte particulier, mais aussi sur des déterminants sociodémographiques qui favorisent ou non la probabilité de participer politiquement.
I. Pourquoi s’engager ?
1 ) L’individu rationnel n’a pas intérêt à s’engager…
Mancur Olson (1932‑1998) indique que l’individu considéré comme doté d’une rationalité parfaite, effectue un calcul coût-avantage qui l’incite à ne pas s’engager dans une action collective et à se comporter en passager clandestin. Il peut en effet bénéficier des gains d’une action collective sans avoir à s’y engager personnellement et à en supporter les coûts.
Mais si tous les individus agissent de la sorte, l’action collective n’a pas lieu et il n’y a alors aucun espoir de gain. Pourtant, les actions collectives existent bien et des individus les mettent en œuvre : c’est le paradoxe de l’action collective.
2 ) … mais il peut être incité à s’engager
Selon Olson si les individus s’engagent rationnellement dans des actions collectives, c’est parce que des incitations sélectives les encouragent à le faire, en réservant aux participants de l’action collective les avantages obtenus.
Mot-clé
Les incitations sélectives sont des avantages réservés aux participants d’une action collective : par exemple, la réservation de certains services (emploi, assurance, crèche…) aux seuls adhérents.
Les individus sont aussi guidés par des rétributions symboliques les poussant à s’engager quel qu’en soit le coût : la défense d’une cause, le sentiment de solidarité et de partage… qui apportent des satisfactions non matérielles.
La structure des opportunités politiques crée un contexte plus ou moins propice au succès des mobilisations qui influencent l’engagement. La proximité d’élections, le poids de l’opinion… agissent comme des facteurs ou des freins à l’émergence et au développement de mobilisations.
II. Les déterminants sociologiques de l’engagement
1) Le rôle de l’âge, de la génération et du sexe
L’engagement sous ses formes les plus conventionnelles est moins fort chez les jeunes et augmente avec l’âge, tout comme le taux d’adhésion à une association, un syndicat ou un parti politique. À l’inverse, le potentiel protestataire est plus fort chez les jeunes, décroît avec l’âge mais augmente pour l’ensemble de la population. Certaines études montrent des effets de générations, la participation à des événements importants comme mai 1968 créant des générations plus politisées.
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L’indice de potentiel protestataire est construit à partir de plusieurs indicateurs de participation politique : signer une pétition, prendre part à un boycott ou une manifestation.
L’engagement politique des femmes au travers du vote est proche de celui des hommes. Les enquêtes montrent en revanche un moindre intérêt des femmes pour la politique et un sentiment d’incompétence plus grand. Si l’indice de potentiel protestataire des femmes est plus faible, il augmente pour les hommes et les femmes et les écarts se réduisent.
Chiffres-clés
Taux d’adhésion aux associations en 2016 : 34 % des 16‑24 ans, 46 % des 65 et plus. Il est supérieur chez les hommes (42,6 % d’hommes contre 39,1 % de femmes) et en baisse depuis 2013.
2 ) Le poids de la catégorie socioprofessionnelle et des diplômes
L’appartenance à des CSP + et à des niveaux de diplômes élevés augmente la probabilité de s’engager. Les ressources symboliques et culturelles, liées au milieu social, à la socialisation politique familiale, aux compétences politiques différenciées que cela génère chez les individus, jouent donc un rôle important.
Dans certains contextes, des « mobilisations improbables » peuvent s’organiser au sein de groupes sociaux qui n’ont pas les compétences et les ressources appropriées (mouvement des Gilets jaunes).
Zoom
Taux d’adhésion à des associations en 2013 (en %)
Source : Insee Première n° 1580, 30 ans de vie associative, 2016.
Le taux d’adhésion diffère selon plusieurs critères (sexe, âge, CSP…).
Le diplôme et le niveau de vie apparaissent les plus déterminants.