À l'heure où des régimes autoritaires apparaissent dans l'Europe des années 1930, la France connaît au contraire, avec le Front populaire, son premier gouvernement socialiste.
Ce phénomène exceptionnel pose trois questions : Comment le Front populaire est-il arrivé au pouvoir ? Quelle a été son action ? Qu'est-ce qui a provoqué sa chute ?
Vous devez d'abord vous demander comment il a été possible de voir arriver, dans un continent en proie au fascisme, un gouvernement de gauche.
• Les années 30 voient en effet l'avènement de régimes autoritaires de droite en Europe, comme dans l'Allemagne hitlérienne de 1933. En France, les ligues d'extrême droite, qui manifestent à Paris le 6 février 1934, font craindre aux partis de gauche la victoire du fascisme. Le Parti radical-socialiste, le parti socialiste SFIO et le parti communiste décident alors de constituer un front commun contre le fascisme : le Front populaire.
• Aux élections de mai 1936, les trois partis du Front populaire obtiennent la majorité absolue à l'Assemblée Nationale. Le socialiste Léon Blum devient chef d'un gouvernement composé de socialistes et de radicaux et simplement soutenu par les communistes.
• Cette victoire électorale fait naître d'immenses espoirs chez les ouvriers. Une vague de grèves spontanées se déclenche et paralyse le pays. Chez les grévistes, l'ambiance est joyeuse, mais la bourgeoisie craint une révolution.
Dans ce climat très tendu, quelle est l'action du gouvernement du Front populaire ?
• Léon Blum réunit patronat et syndicats. Ils signent, le 7 juin 1936, les accords Matignon qui accordent d'importantes hausses de salaires et la création de délégués du personnel. Puis sont votées les deux semaines de congés payés et la semaine de travail de 40 heures. Ces accords permettent une reprise progressive du travail.
• Le gouvernement introduit ensuite d'autres réformes, comme la nationalisation des industries d'armement et des chemins de fer, avec la création de la SNCF en 1937. La scolarité obligatoire est portée à 14 ans. Les loisirs et la culture sont encouragés.
• Le Front populaire marque une avancée sociale considérable. Beaucoup d'ouvriers partent en vacances pour la première fois de leur vie. Nombre d'équipements sportifs ou de loisirs sont alors construits et baptisés du nom du premier sous-secrétaire d'État à la jeunesse et aux loisirs, Léo Lagrange.
Toutes ces réformes auraient dû assurer une popularité exceptionnelle au gouvernement Blum. Comment alors expliquer sa chute dès 1938 ?
• Soulignons d'abord que, sans discontinuer de 1936 à 1938, la presse d'extrême droite a mené une campagne d'une exceptionnelle violence contre les hommes du Front populaire : Léon Blum est victime d'attaques antisémites, le ministre Roger Salengro est poussé au suicide. À aucun moment non plus le patronat n'a désarmé contre le Front populaire.
• Si utiles soient-elles socialement, les réformes ne permettent pas au pays de sortir de la crise économique des années 1930. Les hausses de salaires sont ainsi rapidement annulées par la hausse des prix qu'elles ont entraînée. Le chômage persiste, la consommation ne repart pas…
• Sur le plan extérieur, enfin, la guerre d'Espagne entre les Républicains espagnols et les Franquistes provoque, dès 1936, un profond désaccord : les communistes et une partie des socialistes sont partisans de l'intervention aux côtés des Républicains les Radicaux et le reste de la SFIO ne souhaitent pas intervenir, mais c'est finalement ce que décide de faire Léon Blum.
• En 1938, les Radicaux passent une alliance avec la droite modérée, mettant ainsi un terme à l'expérience du Front populaire.
Conclusion
Ainsi, à la faveur d'une coalition antifasciste, le gouvernement de Front populaire a permis d'incontestables et historiques avancées sociales. Sa cohésion n'a cependant pas résisté aux épreuves économiques et internationales.