Le chômage structurel : des causes multiples

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Dans la plupart des pays développés coexistent plusieurs types de chômage. Parmi eux, le chômage dit « structurel » trouve son origine dans des difficultés d’ajustement du marché du travail.

I. Les problèmes d’appariement et d’information ­imparfaite

1)  L’inadéquation entre offre et demande sur le marché du travail 

Sur le marché du travail, certains emplois restent non pourvus alors que le chômage persiste. Il n’y a pas toujours appariement entre offre et demande de travail, contrairement aux analyses néoclassiques du marché du travail.

2)  Les explications

L’information est imparfaite : le chômeur n’a pas connaissance immédiate de la création ou de la vacance d’un emploi. Il doit s’informer et cette recherche a des coûts de prospection (délai de recherche d’emploi, abonnements à des sites d’offres d’emploi…). On parle alors de frictions sur le marché du travail. Le chômage qui en résulte, difficilement compressible, est qualifié de frictionnel.

Les emplois vacants peuvent être concentrés dans une zone géographique et la population au chômage dans une autre et être ainsi à l’origine d’inadéquations spatiales. Or la mobilité induit des surcoûts éventuels (déménagement …) que les moins qualifiés, aux rémunérations plus basses, ont plus de difficultés à assumer.

Des inadéquations de qualifications existent également entre les qualifications des actifs et celles requises pour occuper un emploi. Si la formation des chômeurs peut pallier cette difficulté, elle induit des délais d’ajustement aux emplois proposés.

3)  Asymétrie d’information et salaire d’efficience

Il existe des asymétries d’information : les employeurs ne connaissent pas le niveau de productivité des actifs qu’ils recrutent. Pour attirer les meilleurs candidats et les inciter à être productifs, ils fixent un salaire dit « d’efficience », supérieur à celui qui égalise les quantités de travail offertes et demandées, soit le salaire d’équilibre.

Mot-clé

Lors d’un échange ou d’un contrat, quand l’une des parties dispose d’informations que l’autre ignore, on parle d’asymétries d’information.

La fixation de salaires plus élevés que le salaire d’équilibre augmente le coût du travail pour les entreprises. Celles-ci préfèrent donc moins embaucher, ce qui est source de chômage à l’échelle macroéconomique.

II. Les effets ambivalents des institutions

1)  Les effets négatifs des institutions

Selon les néoclassiques, le chômage peut être la conséquence d’un coût du travail trop élevé par rapport au salaire d’équilibre, celui-ci résultant du libre ajustement entre offre et demande de travail. L’existence d’un salaire minimum élevé, suite à des revendications syndicales, illustre ce mécanisme.

Des règles de protection de l’emploi (procédures et coûts liés aux licenciements) peuvent pousser les entreprises à diminuer leur demande de travail qui devient ainsi inférieure à l’offre de travail. Cette situation est source de chômage.

L’existence d’un faible écart entre les prestations sociales versées aux chômeurs et le salaire engendré par un retour à l’emploi aurait des effets désincitatifs sur l’emploi. Les chômeurs pourraient alors tomber dans des trappes à inactivité et rester plus longtemps au chômage.

2)  Les effets positifs des institutions

Les prestations sociales versées aux chômeurs leur laissent du temps pour rechercher un emploi et se former, augmentant ainsi leur employabilité. Cette hausse de capital humain peut contribuer à baisser le chômage.

Les prestations sociales permettent de maintenir le niveau de consommation des chômeurs. Le salaire minimum protège de la pauvreté. Ces revenus soutiennent la demande globale et limitent le chômage conjoncturel.