La poésie est certainement le grand genre de la Renaissance : particulièrement foisonnante, la production poétique du XVIe siècle a légué des œuvres immenses à la littérature, à commencer par celles de Marot, de Labé, de Ronsard, de Du Bellay ou d’Agrippa d’Aubigné.
I Les principaux mouvements poétiques du XVIe siècle
1 Des grands rhétoriqueurs à l’école lyonnaise
Repère
Mot cléLes grands rhétoriqueurs tirent leur nom de la « seconde rhétorique », expression désignant la poésie et l’art de rimer dans les traités littéraires de l’époque.
Le XVIe siècle poétique est né sous l’égide des grands rhétoriqueurs, dont les poèmes se fondent sur un travail très élaboré de la versification. Ces poètes contribuent donc à enrichir la forme poétique, inventant des rimes complexes, développant l’usage de l’alexandrin et imaginant de nouveaux types de strophes.
Leurs successeurs recherchent une poésie plus simple et plus sincère. Ainsi, Clément Marot sait être tout aussi virtuose, mais il donne à ses poèmes des accents personnels et lyriques qui dépassent le simple jeu formel.
La veine de Clément Marot est poursuivie par les auteurs de l’école lyonnaise qui s’inspirent de la poésie italienne, en particulier de Pétrarque et du sonnet. Ses plus illustres représentants sont Maurice Scève et Louise Labé.
2 La Pléiade
L’école poétique la plus importante de la Renaissance est certainement la Pléiade, groupe de poètes formé autour de Pierre de Ronsard et Joachim Du Bellay. Ils veulent enrichir la langue française en la dotant d’œuvres aussi nobles que celles de l’Antiquité. Aussi décident-ils de s’inspirer des grands genres antiques, tels que l’ode.
Ils investissent aussi les nouvelles formes, comme le sonnet, mais s’opposent à la virtuosité parfois gratuite de leurs devanciers.
3 La poésie de la fin du siècle et le baroque
Dans le contexte troublé des guerres de religion, la poésie se fait engagée, donnant de nouveaux accents à la poésie épique française : Ronsard écrit un Discours des misères de ce temps (1562), violemment anti-protestant ; le protestant Agrippa d’Aubigné réplique par de véhéments Tragiques (1616).
Les violences de l’époque donnent aussi naissance à une poésie lyrique plus intime, hantée par une mort omniprésente. L’instabilité du monde et le règne des apparences sont ainsi les thèmes majeurs de la poésie de Jean de Sponde : les premiers âges du baroque sont sombres et pessimistes.
II Les formes fixes du XVIe siècle
Les poètes du XVIe siècle rejettent les formes fixes médiévales : Du Bellay les considère comme de véritables « épiceries » qui « corrompent le goût de notre langue ». Ils exploitent donc de nouvelles formes, telles que le sonnet ou l’ode.
1 Le sonnet
Popularisé par l’italien Pétrarque et importé en France au début du XVIe siècle, le sonnet est toujours constitué de quatorze vers. D’abord composé en décasyllabes, il est ensuite majoritairement écrit en alexandrins.
Il est construit sur deux quatrains de rimes embrassées (abba abba) suivis d’un sizain (souvent présenté sous la forme de deux tercets), dont la disposition des rimes varie (ccdeed pour le sonnet dit « italien », ccdede pour le sonnet dit « français »).
2 L’ode
L’ode n’est pas tout à fait une forme fixe, dans la mesure où sa composition n’obéit pas à des règles de construction très strictes. Néanmoins, on la considère comme telle car elle est généralement constituée de strophes identiques.
Héritée de l’Antiquité et remise à la mode par les poètes de la Pléiade, elle est vouée à la célébration ou à la commémoration.