La littérature d'idées aux XXe et XXIe siècles

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Les soubresauts de l’histoire du XXe siècle, guerres mondiales, décolonisation, révolutions communistes et totalitarismes, poussent les écrivains à s’engager. La littérature d’idées est ainsi d’une grande vitalité tout au long de cette période.

I L’émergence de l’écrivain engagé

La figure de l’écrivain engagé apparaît au cours de la Première Guerre mondiale, notamment dans l’œuvre d’écrivains pacifistes tels que Henri Barbusse (Le Feu, 1916) ou Romain Rolland (Au-dessus de la mêlée, 1914).

Par la suite, d’autres événements politiques poussent les écrivains à s’engager : la guerre d’Espagne est ainsi le sujet des Grands cimetières sous la lune (Georges Bernanos, 1938), comme de L’Espoir (André Malraux, 1937).

L’engagement communiste, à la suite de la révolution russe, séduit un grand nombre d’écrivains de l’entre-deux-guerres, notamment les surréalistes, et surtout Louis Aragon.

Dans cette période, la presse et les revues jouent toujours un rôle de premier plan, comme en témoignent la naissance de La Nouvelle Revue française, créée en 1908, ou celle des Cahiers du Sud, fondés en 1925.

II La littérature engagée après 1939

La Seconde Guerre mondiale et l’Occupation de la France par l’Allemagne nazie déterminent d’une manière nouvelle l’engagement des écrivains : d’un côté, certains collaborent par leur plume avec l’occupant allemand (comme Céline ou Drieu la Rochelle), d’autres font de leurs œuvres le lieu d’une véritable résistance (comme les poètes Louis Aragon, Paul Éluard et René Char).

La Libération est marquée par la publication de témoignages relatifs aux camps d’extermination nazis : avec L’Espèce humaine de Robert Antelme (1947) ou Si c’est un homme de Primo Levi (1947), des écrivains témoignent contre la barbarie nazie. D’autres s’interrogent sur les limites de l’écriture, au point que certains se demandent si l’on peut encore faire de la littérature après Auschwitz.

L’après-guerre est marquée par un foisonnement de la littérature d’idées. Jean-Paul Sartre théorise l’engagement littéraire dans Situations II (1948) : il affirme que toutes les œuvres littéraires (même celles qui ne sont pas explicitement politiques) expriment une prise de position morale, politique, philosophique…

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CITATION

« La Négritude est la simple reconnaissance du fait d’être noir, et l’acceptation de ce fait, de notre destin de noir, de notre histoire et de notre culture. » (Aimé Césaire, Liberté 3)

Les causes au nom desquelles s’engager ne manquent pas : l’écriture de Léopold Sédar Senghor et d’Aimé Césaire se développe dans les combats de la décolonisation et la défense de la « Négritude », autour de la revue Présence africaine (fondée en 1947) ; le féminisme trouve dans Le deuxième sexe de Simone de Beauvoir (1949) l’un de ses monuments.

III L’écrivain et les sciences sociales

La seconde moitié du XXe siècle est marquée par l’influence des sciences sociales sur la littérature d’idées. Ainsi, dans Mythologies (1957), Roland Barthes ausculte la société de son époque à travers les mythes qu’elle produit. Le structuralisme, mouvement intellectuel auquel il appartient, concerne de nombreux champs de connaissance : critique littéraire, anthropologie, philosophie ou encore psychanalyse.

Au tournant du XXIe siècle, l’attrait de la littérature pour la sociologie reste prégnant, comme en témoignent le roman de François Bon, Sortie d’usine (1982) ou les écrits autobiographiques d’Annie Ernaux (Les Années, 2008).